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L’Afrique du 21ième siècle. Quel avenir ?

 “L’Avenir de l’humanité est dans la main de Dieu” disait un Cardinal africain (Archidiocèse d’une capitale du continent). Il ne s’agit point ici de l’affirmation d’un souhait mais du vrai divin (éternelle vérité). Ceci admis, notre tentative d’exposer et d’analyser les perspectives qui s’ouvrent à l’Afrique en ce début du 21ième siècle devient provocateur et/ou présomptueux eu égard à notre condition humaine. Et pourtant, nous ne devons point perdre de vue, que la qualité et la capacité de l’homme à ouvrir et/ ou initier tout débat susceptible de conduire à la paix et à la liberté, est et demeure un don du Créateur.
Ceci dit, nous sommes les premiers à admettre que parler de l’avenir, ou plus simplement, évoquer les perspectives d’avenir des peuples africains et partant du continent africain est une entreprise qui nous impose une grande humilité. En fait, pour bon nombre d’experts et de chercheurs avertis ayant eu à se pencher sur l’évolution de l’Afrique sur tous les plans au cours des cinq ou quatre dernières décennies, le verdict est clair et limpide : échec. Cet échec ne peut laisser présager, nous dira-t-on, que des drames humains à nul autre pareil dans les années à venir. A priori, il n’est pas aisé, humainement parlant, de ne point souscrire à une telle analyse, tant le tableau est désespérant et les perspectives des plus ternes s’agissant du “berceau de l’humanité”. Et bien, nous allons ici présenter des faits qui peuvent démontrer et/ou pointer vers le contraire en nous référant à l’histoire récente du 20ième siècle. Oui, en dépit de tout ce que nous sommes en droit de penser de la régression sans précédent de l’Afrique depuis les indépendances, objectivité et honnêteté intellectuelle obligent, nous n’avons jamais désespérer de l’Afrique. Les faits que nous allons évoquer dans les passages qui suivront, nous avaient toujours renforcés dans notre foi, notre vision et notre espérance sur l’avenir de l’Afrique et des peuples africains. Nous en espérons autant pour tous ceux qui liront ces quelques passages.

L’Afrique en ce début du 21ième siècle

“ Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts” disait le Général de Gaulle. Et oui, le grand homme d’Etat français avait raison alors et aura toujours raison devant l’histoire. C’est fort d’une telle réalité qu’il a défendu et préservé envers et contre tout l’indépendance de la France. En tant qu’Africains, nous pouvons dénoncer et rejeter la politique africaine de la France quant à son soutien et sa complicité pour ce qui est du mal dictatorial dont les peuples africains sont les victimes, mais nous ne devons que faire nôtre cette phrase, cette pensée du grand homme d’Etat français. Et pour cause, seuls les peuples et les nations qui savent reconnaître leurs intérêts sont capables d’être maîtres de leurs destins et par voie de conséquence de leur avenir. Nous allons donc brièvement présenter le diagnostic eu égard aux symptômes d’un continent dont les Etats sont qualifiés de “républiquettes sous perfusion”. En fait, il ne s’agit ici de rien de nouveau car les Africains sont conscients des maux dont souffre leur continent.

- Au plan politique

Les Etats africains sont des dictatures dans leur vaste majorité et les Chefs d’Etat, lorsqu’il n’est pas mis fin à leur règne par un coup d’Etat militaire, sont des Présidents à vie, que disons-nous, des monarques. La stérilité et l’inévitable régression qui sous-tend une telle réalité vient du fait que nous ne sommes pas en présence d’une idéologie scientifique telle “la dictature du prolétariat” découlant du marxisme. Il va s’en dire qu’on peut s’opposer à une telle idéologie et y dénoncer la violation des droits de l’homme mais nul ne peut nier que sous la houlette du parti communiste, la Russie hier l’Union Soviétique est devenue une superpuissance. Il en va autant pour la Chine qui est la troisième puissance économique du monde (virtuellement la seconde). Il faut, pour se faire une idée du pas de géant fait par les deux pays, retourner à leur niveau de développement avant la révolution léniniste d’Octobre en 1917 et la révolution maoïste de 1949. Nous y reviendrons plus loin dans l’un des passages de cette présentation et/ou réflexion.
L’Afrique est un continent où la démocratie telle que nous l’admettons dans sa définition et l’Etat de droit dans sa lecture juridique font défaut. Certes, l’exception confirmant la règle, il est heureux de savoir qu’une poignée d’Etats africains, avec beaucoup de courage, aient décidé de prendre la route de la maîtrise de leur destin. Nous entendons par là que liberté, paix et peuple font un et constituent le moteur de tout progrès et par voie de conséquence l’idéal poursuivi par l’espèce humaine.

- Au plan économique

La “case” Afrique, pour employer un terme propre à l’habitat africain, s’écroule, mais de Camara Laye en passant par Wole Soyinka, Mongo Beti, Birago Diop à Samir Amin, pour ne citer que quelques uns de ces illustres écrivains et/ou penseurs du continent, nous avons la preuve d’une “case” qui n’a pas perdu son âme. Et oui, de “ L’enfant Noir” de Camara Laye à Samir Amin qui situera le continent au plan économique “à la périphérie par rapport au centre” il est aisé de se faire une idée sur le cheminement de l’Afrique postcoloniale.
En fait, l’Afrique est un continent bien riche, si l’on s’en tient à tout ce que la terre africaine renferme comme ressource minière, minérale et agricole au point qu’un de ces pays était qualifié de “scandale de la nature” par cet européen averti. A ce don du Créateur, l’Afrique dispose, à l’instar des autres continents, du moteur de tout développement : des hommes et des femmes laborieux, de grandes compétences et capables de soutenir la compétition à l’échelle internationale, et pourtant.
La situation économique du continent est désastreuse, en fait les fruits de l’exploitation des immenses ressources du continent sont confisqués par une minorité au détriment d’investissements et/ou des projets productifs pour le bien des peuples africains. Il en va de même des fonds provenant des prêts bilatéraux que multilatéraux. Ces détournements de fonds publics sont placés dans des banques occidentales pour leur grande part au vu et au su de la Banque Mondiale (La BIRD), la plus grande Institution de financement du développement. De tels actes sont tolérés sinon encouragés par l’Occident démocratique par ce qu’il y va de ses intérêts, comme quoi les “Etats n’ont pas d’amis mais ils n’ont que des intérêts” comme le disait le grand homme d’Etat français.

Au plan social : éducation et santé

L’éducation et la santé, nul ne l’ignore sont des indicateurs très importants dans toute analyse sur l’avenir des nations et par voie de conséquence dans toute planification ou projection économique. La qualité de l’éducation et les soins de santé dont bénéficie un peuple seront déterminant pour ce qui est de leur progrès social et économique “ une âme saine dans un corps sain”. Et bien, même en l’absence de statistiques récentes, pour soutenir nos analyses, il va s’en dire que dans ce secteur crucial et vital pour l’évolution du continent, le constat est clair. En fait, nous pouvons sans risque de nous tromper établir une corrélation entre la régression économique et ce secteur précis eu égard à tout ce qui précède et du fait de l’instabilité politique qui s’y ajoute.
Le plus inconcevable est qu’en dépit de la situation économique catastrophique du continent, le remède prescrit par le Fonds Monétaire International (FMI) à travers ses programmes de stabilisation financière peut étonner plus d’un. Loin de nous toute idée qui fera croire à la mise en cause de la haute expertise des fonctionnaires de l’Institution chargée de la régulation de l’économie mondiale. Il est question de la politique de l’Institution. En fait, sous prétexte d’être des organisations apolitiques tout comme sa sœur la BIRD, les programmes épargnent les dépenses dites de souveraineté : les dépenses d’achat d’armement qui n’ont d’autre objectif que la répression des libertés individuelles et publiques. Par contre, des coupes “sombres ” sont effectuées au niveau du secteur social, en fait les lignes budgétaires de la santé et de l’éducation au titre des critères de réalisation. Et pour cause les achats d’armements se font auprès d’usines situées en Occident, ce qui est d’un intérêt indéniable. L’éducation des enfants d’Afrique et la santé des peuples africains passent au second voire au dernier plan. Comme quoi, une fois encore, les “Etats n’ont pas d’amis mais ils n’ont que des intérêts”.

Il nous rappelle, pour conclure ce chapitre, les propos du doyen du Conseil d’Administration dans les années 90 de la plus grande Organisation du financement du développement du continent. En fait, à sa création, l’Organisation fut purement africaine parce que n’étaient Membres que les Etats africains. Et le doyen du Conseil, ce fils du continent qui connut les débuts de l’Institution nous disait que l’Occident (dont les anciennes puissances coloniales) ne voulait point y adhérer parce que, ce fut pour eux, une opération vouée à priori à l’échec. A leur grande surprise, l’Institution, se révéla en ces débuts, de par sa gestion positive, capable de bénéficier des fonds provenant du marché (par le jeu des cotations boursières). Et bien, sous prétexte d’apporter plus de fonds pour le développement du continent, ils exigèrent l’ouverture du capital.
L’opposition à l’ouverture fut féroce et avec à sa tête deux pays, un ouest-africain et un maghrébin. Sans aller plus loin dans ce cadre, ce n’est pas l’objet de notre présentation, disons que l’Organisation multilatérale de développement continentale n’a pas démérité en dépit des soubresauts. Comme le doyen du Conseil aimait à le dire, l’Occident n’a pas pris la décision de nous rejoindre pour les beaux yeux des Africains, loin s’en faut.

Afrique : De la maîtrise du destin d’un continent d’espérance

“L’expérience exalte comme l’homme le plus heureux, celui qui a donné le bonheur au plus grand nombre d’hommes” écrivait Karl Marx. Dans les années 60 et 70, tout nationaliste africain fut taxé de marxiste, en fait de “communiste”. Voici l’anathème. Tout ceci procède soit de la méconnaissance de l’idéologie en question ou soit de la manipulation politique (guerre froide oblige). Les Africains sont des peuples très spirituels et ceci nous amène à la pièce de David Ananou “Le fils du fétiche” où dans l’un des passages, il est écrit : “Prosterné devant le fétiche, Dansou implore les faveurs du Ciel”. C’est dire que l’adepte du vaudou, des croyances traditionnelles africaines, demeure spirituellement tourné vers le Créateur. Pour l’Africain, “la religion n’est pas l’opium des peuples” comme l’écrivait Karl Marx, et ceci, que nous nous adressons à la foi monothéiste ou traditionnelle. Certes, Marx, face à l’exploitation forcenée du prolétariat et à son avis, le silence de l’église, imputa au Créateur (divine miséricorde), le comportement des humains. Comme quoi les génies peuvent se tromper.
Par ailleurs, lorsque les pays socialistes d’alors affirmaient que les pays africains étaient leurs alliés naturels, ils étaient conscients que l’Afrique n’était point le théâtre d’une quelconque lutte de classe. Ils évoquaient la lutte anti-impérialiste dans le cadre du pillage des immenses ressources africaines et il en était autant des nationalistes africains. Rappelons à ce stade que lorsque le Général De Gaulle créa, fait exceptionnel pour un dirigeant occidental, le ministère de la planification, il fut critiqué pour cet acte dont la coloration idéologique n’est pas propre au capitalisme. Il leur répondit qu’il faut prendre ce qu’il y a de bon dans l’autre camp.

-Afrique : Enjeux d’un développement autocentré et soutenable

La littérature sur le développement de l’Afrique est abondante et les prescriptions et/ou remèdes pour sortir le continent de cet état de léthargie économique n’y manquent point non plus. Il y va d’économistes indépendants à ceux des institutions internationales. Mais, peut-on un jour imaginer des pays africains porter le titre réservé aux pays européens “Pays développés”. Et bien, une telle question a tourmenté également d’éminents économistes, chercheurs et autres penseurs sur l’Asie. Citons par exemple Gunnar Myrdal, lauréat de prix Nobel d’économie qui dans ses études dans les années 60 sur l’impact du social sur l’économique évoqua l’ascétisme asiatique comme un frein au développement économique des pays asiatiques. Il ne fut d’ailleurs pas le seul dans ce cadre. L’Asie des années 80 et 90, l’Asie des “dragons” des pays dits émergents, le Japon, le Chine, enfin l’Inde de nos jours apportent un démenti clair et simple à de telles théories.
L’Afrique est un continent morcelé en des Etats de dimensions fort variables du fait du partage du “gâteau” colonial. C’est dire, selon d’aucuns que le développement des pays africains ne peut se concevoir en dehors de leur constitution en grands ensembles économiques. Dont acte et nous sommes d’avis que l’intégration économique est un impératif indéniable pour le devenir du continent. Ajoutons toutefois que si l’homme est le moteur de tout développement, aucun pays, aucun continent, n’est à priori exclu mais encore faudrait-il créer l’environnement adéquat.

Mise en place d’un environnement sociopolitique propice

L’Afrique se devra de forger et/ou créer un environnement susceptible de faire éclore le bourgeon d’un processus de développement soutenable et de bien être populaire. Il ne s’agit pas pour l’Afrique de s’imposer la copie d’aucune forme ou formule ayant réussi ailleurs mais de s’en inspirer en l’adaptant aux réalités du terrain. Dans ce cadre, nous allons présenter dans les grandes lignes et de façon succincte, le cas de la Russie (ex Union Soviétique) et la Chine, comme nous l’avons évoqué précédemment. Ces deux pays ont embrassé la même idéologie à des périodes différentes et ont connu une avancée fulgurante. La Russie de 1917 est un pays essentiellement à caractère féodal avec un capitalisme embryonnaire. Ceci est vrai également de la Chine avec le capitalisme embryonnaire en moins. C’est dire que contrairement à la théorie marxiste, la révolution dans les deux pays ne fut pas le fait de la classe ouvrière mais d’une paysannerie vivant dans la pauvreté. Nous voudrions bien passer sur une description exhaustive de cette paysannerie dans les deux pays à l’époque pour dire que l’Afrique d’aujourd’hui présente des caractéristiques différentes.
L’Afrique de nos jours porte toujours en son sein des survivances de la communauté primitive comme société (définition d’économie politique) qu’on peut retrouver en Asie et d’un féodalisme ne répondant point totalement à la définition classique. L’Afrique contemporaine, pour reprendre Samir Amin, jouit d’un “capitalisme périphérique” survivance de l’économie coloniale et nous ajoutons d’une “classe d’intellectuels” vivant dans des agglomérations citadines/urbaines, ce qui n’était pas le cas de la Russie et de la Chine d’alors. Mais, l’Afrique au cours de ce 21ième est-elle capable d’asseoir les bases d’une solide expansion économique et de bien-être mesurable de ses peuples en usant des indicateurs connus. L’Afrique, peut-elle se placer d’ici la fin de ce siècle au même niveau que l’Occident dans certains secteurs de développement économique, voire en avance dans d’autres ? Nous répondons sans aucune hésitation par l’affirmative et nous le réaffirmons. Il ne s’agit point d’utopie mais d’objectif totalement réalisable et démontrable. Certes, pour y arriver, il faut des préalables qui hélas constituent des conditions sine qua non et sont de deux ordres. D’un, la mise en place d’Etat de droit qui crée une démocratie plus avancée que celle de l’Occident et libère le génie africain. De deux, la reconnaissance par les Africains de leurs intérêts et sa défense au sein de zones d’intégration régionale et continentale.
Aux sceptiques et à tous ceux qui font du développement africain une fiction, nous les renvoyons à cette célèbre phrase : “Quelque grand que soit un espace, on peut concevoir un plus grand” écrivait Blaise Pascal.

L’Afrique des Francophones et des Anglophones

L’Afrique est essentiellement anglophone et francophone et dans une bonne mesure lusophone et enfin castillane pour l’un de ces Etats. Il nous souvient de nos années d’étudiant que nos frères anglophones aimaient à nous traiter d’assimilés et de béni oui, oui, de la puissance coloniale : la France. Ils n’ont pas entièrement tort même si une telle caricature ignore certaines réalités. Francophones que nous sommes, nous tirons une fierté naturelle d’être partie prenante d’une telle grande culture marquée du sceau de célèbres dramaturges, des encyclopédistes et bien évidemment du cartésianisme. Pour reprendre cette idée chère au feu Président Léopold S. Senghor, écrivain et académicien français, il s’agit d’une Afrique, actrice de cette civilisation de l’universel. Nos frères anglophones, il faut l’admettre, font montre de plus d’indépendance et partant de moins de “diplomatie” dans leur attitude (Il y va des nuances philosophiques de deux systèmes coloniaux). En dépit de l’apparence, la désillusion du francophone d’Afrique ne peut s’exprimer mieux à notre sens qu’en nous référant au fameux livre de Cheick Amidou Kane “ L’aventure ambiguë” où l’auteur écrit, parlant du sentiment qui anime le colonisé d’hier, le francophone d’aujourd’hui envers la France : “ Ma haine est une rédhibition d’amour”. Et bien hélas, de l’avis des francophones d’Afrique, la France demeure, en ce début 21ième, ce pays de l’Occident qui s’oppose et/ou se refuse de faciliter la transition de l’Afrique vers la démocratie et la mise en place d’Etat de droit. C’est dire qu’en dépit de cette querelle fraternelle entre anglophones et francophones, fait typique au folklore africain, le constat est établi : la régression sur tous les plans de nos pays respectifs n’est plus à démontrer. Ce qui nous ramène au titre de cette présentation et/ou réflexion. L’Afrique du 21ième siècle : Quel avenir ?

L’Afrique du 21ième siècle: du siècle des nations et des peuples africains

Les nations et les peuples africains débutent ce siècle avec un choix simple et clair : laisser à la fin de ce siècle, une Afrique dialoguant d’égale à égale avec l’Occident et compétitrice de l’Asie montante ou condamner les générations futures aux lendemains difficilement imaginables. Nous nous devons d’éliminer la seconde hypothèse pour nous pencher sur l’objectif honorable des peuples, celui qui tient compte des intérêts supérieurs des nations, à savoir, de ceux qui viendront après nous, ces fils et filles de cette Afrique de nos rêves et de nos réalités. La voie pour y parvenir est tout autant simple que complexe et peut défier l’imaginaire humain. Nous avons évoqué plus haut la mise en place d’un environnement sociopolitique propice au développement en mettant en exergue les deux conditions préalables incontournables. Une fois ce cadre mis en place nous assisterons à un déclenchement automatique de la seconde phase qui à notre avis exigera des pays africains une intégration économique régionale très active. A ce niveau, nous voulons, avec votre permission et en toute humilité, évoquer une expérience personnelle. Ce fut, il y a une trentaine d’années, nous venions de débuter la première année de notre vie professionnelle comme jeune fonctionnaire. La Direction où nous venions de débuter notre vie de jeune fonctionnaire de la Fonction Publique se voit confier la coordination de l’organisation d’un Colloque nationale sur la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Des panels de hauts fonctionnaires, des aînés dont la qualité professionnelle, l’expertise et l’abnégation au service de la nation continuent à ce jour de nous imposer respect et admiration. Ils étaient de tous les Ministères impliqués dans la gestion de la jeune entité d’intégration régionale. Nous avions été sélectionné pour traiter l’un des thèmes et le présenter lors du colloque, ce qui pour le jeune fonctionnaire que nous étions ne manqua pas de nous donner des frissons. Il est vrai que durant nos années d’étudiant, il nous était donné de nous intéresser à la question de l’intégration économique, mais dans ce cadre précis, nous avions bénéficié de l’encadrement et de l’expérience éprouvée des aînés. Certes, nous étions maîtres de la rédaction du thème qui nous était confié et nos vues et/ou idées ne souffraient d’aucune restriction. Et, nous avions proposé la création d’une monnaie unique pour la CEDEAO et la presse officielle, la seule autorisée en son temps, s’en fit l’écho. A notre grande surprise, nous avons observé dans le petit cercle que nous connaissions un enthousiasme de la part “des petites gens” si nous pouvons nous exprimer ainsi. Ils n’étaient pas au nombre des cadres supérieurs ayant participé au Colloque mais adhéraient à l’idée d’une “monnaie africaine” ce qui pour nous, veut dire que les peuples sont bien en avance sur leurs gouvernants. Du reste, la monnaie est par excellence cet outil de souveraineté qui participe avec le budget à la gestion de l’économie. La Chine sait utiliser sa monnaie pour tenir l’Occident en respect. Comme quoi, la souveraineté peut s’exprimer autrement que par l’achat des armes pour réprimer les libertés individuelles et collectives comme c’est le cas, hélas, tristement dans la grande majorité des pays africains. En fait, notons que les pays francophones du continent continuent de remettre dans les mains de l’ex métropole coloniale, Paris, une bonne partie de leur souveraineté.
Par ailleurs, nous allons poursuivre notre réflexion en partageant avec vous ces commentaires d’analystes financiers sur l’une des chaînes américaines. Il y a quelques mois de cela, nous suivons une discussion sur l’évolution du marché boursier aux USA et l’un des quatre analystes d’évoquer l’évolution de l’Asie (économie asiatique). Ce dernier laissa entendre que pour pouvoir tenir la compétition dans les années à venir, seul le pays de l’Occident qui aura l’Afrique se sera bien positionné, car selon lui ce continent recèle de grandes richesses. Les autres analystes, partie prenante de la discussion n’y firent aucune objection. C’est dire que les Africains sont les seuls à ne pas réaliser une si flagrante réalité. Et bien, l’Afrique est un continent riche, riche de la qualité des ces fils et de ces filles, riche des immenses ressources naturelles, don du Créateur. Le seul frein à son développement : la dictature qui engendre corruption, embrigadement en bloquant l’explosion du génie africain. Voici pourquoi, à l’instar d’honorables fils et filles, nous avions humblement décidé de rester inflexible dans notre lutte pour l’Etat de droit, la démocratie sans compromis d’avec le mal dictatorial. Certes, nous ne sommes pas un saint, nous traînons avec nous des fautes, des erreurs et des péchés mais nous refusons d’y ajouter le péché social comme l’écrivait ce prêtre africain. Péché par lequel des hommes se laissent réduire ou se réduisent au silence par peur des souffrances humaines et de la destruction dictatoriale ou pire pour des biens matériels et des postes d’enrichissement facile et de détournements. Les Africains doivent se rendre à l’évidence que défendre la liberté, se battre pour la démocratie, l’Etat de droit ne requiert pas d’eux d’être des saints car si tel était le critère ce monde sera vidé de grands hommes et de libérateurs. Oui, ces hommes hors du commun que nous vénérons l’avouent avec humilité et modestie et c’est tout à leur honneur qu’ils ne sont ni des saints et/ ou des messies. Il y va de l’avenir des ceux qui viendront après nous et le prix à payer sera cher, bien cher. Pour ce qui nous concerne, nous continuerons de croire en cette vérité divine : “A brebis tondu, Dieu mesure le vent”.
L’Afrique est à la croisée des chemins et les Africains indépendamment de leurs âges et conditions sociales sont appelés à consentir d’immenses sacrifices pour un continent qui ne s’exprime point par la voix de représentants d’autres continents mais de par ses propres fils et filles. Un continent avec des pays qui retrouvent leurs places dans le concert des nations. Un continent avec des pays représentés proportionnellement au Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Un continent qui ne reçoit point d’ordre mais n’en donne point aux enfants des autres continents mais participe dans le cadre de la coopération internationale sur une base égalitaire à la gestion des affaires du monde, de notre village. Voici l’Afrique de la fin de ce siècle, l’Afrique de nos rêves et de nos réalités.
Il y a un peu moins d’un siècle de cela, qui aurait prédit que la Chine serait le bailleur de fonds du monde occidental et leur marché de choix où les investisseurs se bousculent au rythme de la délocalisation. Qui peut toujours rester sceptique à l’idée qu’à la fin de ce siècle l’Afrique devienne le bailleur de fonds de l'Europe ? Il appartient aux Africains de relever ce défi qui est bien à leur portée.

Les artisans de telles grandes transformations ne seront pas au rendez-vous et c’est ce qui donne ce sens profond de devoir à toute lutte pour la postérité mais dans cette Afrique de la communion des saints et de l’éternité selon nos traditions, ils vivront ces moments de joie et de fierté légitime. Et, leur descendance verra jaillir de l’au-delà, la voix mélodieuse des deux éternelles divas africaines, fredonnant cette chanson célébrant l’Afrique des nations et des peuples ; nous citons : Umm Kulthum et Miriam Makéba.



Nous vous remercions de léguer aux générations futures cette Afrique de nos rêves et de nos réalités


Mamavi Sylvain ATTIGLAH
E-mail : [email protected]


Ce que nous pensons et croyons

Nous sommes à l’instar de la vaste majorité des enfants d’Afrique issus de milieu pauvre. Nous avons eu la chance de bénéficier de l’éducation classique française que nous apprécions grandement. Dans le cadre de nos études supérieures, nous avons passé une partie de notre vie de jeune adulte dans l’un de ces pays européens qualifiés en ces temps-là de “ Pays de l’Est ou Pays situés derrière le rideau de fer”. La synthèse de notre petite expérience d’enfant d’Afrique au terme d’une dizaine d’années dans le pays plus avancé de la planète au plan économique nous a amené à une conclusion très simple. L’Afrique dispose de tout ce qu’il faut pour accélerer son developpement économique, devenir compétitive et s’autosuffire et pourquoi pas envoyer ses enfants dans la lune. Le seul frein: la dictature. La seule et simple voie qui y conduit est la démocratie et la mise en place d’Etat de droit. Pour ce qui nous concerne le choix est clair et limpide comme l’eau de roche. Aucune haine ne nous amine contre le dictateur africain, notre propre frère parce que nous ne voudrions point tomber dans le piège du “diviser pour régner” du colonisateur d’hier. Toutefois, dans notre lutte pour l’éradication de la dictature sous toutes ses formes sur le continent, nous n’observerons jamais de compromis ou de compromission. Nous ne faisons point d’illusions sur le prix: les souffrances humaines pouvant conduire à la fin d’une vie terrestre. Et bien, aucun prix n’est cher payé lorsqu’il s’agit d’un continent: l’Afrique, et des générations futures: les enfants de cette Afrique de nos rêves et de nos réalités. Il y va de nos convictions et du sens que nous donnons à toute lutte dont l’objectif est la liberté des peuples, la paix, l’Etat de droit et la démocratie. Nous élaborerons cette idée et/ou idéal dans notre prochain document – Les intérêts des nations et des peuples africains – Conscience et Défense. Aussi longtemps que le Créateur de cet univers nous gardera le souffle de vie, nous continuerons notre lutte avec foi, foi dans les grandes capacités des peuples africains pour générer le progrès et foi dans la miséricorde divine pour ce qui est du génie humain équitablement réparti dans notre village planétaire.

Nos fraternelles pensées