Vous etes sur la version ARCHIVES. Cliquez ici pour afficher la nouvelle version de iciLome.com
 1:22:13 PM Jeudi, 25 Avril 2024 | 
Actualité  |  Immobilier  |  Annonces classées  |  Forums  |  Annuaire  |  Videos  |  Photos 


LES ETATS-UNIS D’AFRIQUE : ENJEUX, OBSTACLES, ESPOIRS

 iciLome |5/8/2008 
Par Jean Yaovi DEGLI

Fin Juin début Juillet 2007, les chefs d’Etat et de gouvernement Africains se sont réunis à Accra au Ghana en sommet de l’Union africaine. Les yeux du monde entier étaient tournés vers la capitale du Ghana où l’on espérait voir le continent noir faire un miracle. Comme la « Geste » de Soundjata Keita il y a des siècles et pendant la période des grands empires africains, les naïfs du monde entier semblaient attendre de ce continent longtemps à terre qu’il se relève d’un seul coup et se mette à courir pour faire ainsi oublier des décennies de retard, de divisions, de sous développement. Qu’attendait-on des Africains à cette occasion ? Réaliser en l’espace d’une réunion de 3 jours et à la faveur d’un certain nombre de bonnes volontés quelquefois mégalomaniaques, une union que l’Europe a commencé depuis plus de 60 ans déjà et qu’elle n’a pas encore réussi à parfaire sur le plan économique tandis que l’union politique du vieux continent est encore très loin de sa réalisation. Une union que les Etats-Unis d’Amérique ont mis des siècles à réaliser. On attend donc de l’enfant perclus ou mieux le paralytique de la famille des continents qui n’a encore jamais rien réussi de bon qu’il se lève en un jour et commence à courir, alors même qu’il n’a ni encore appris à se tenir sur ses jambes, ni appris à marcher. Le miracle n’arrivera pas. Que s’est-il exactement passé à Accra en 2007 ? Pourquoi l’Union Africaine n’a pas réussi à se transformer en Etats-Unis d’Afrique ? L’Afrique pourra t-elle réaliser son union et devenir un grand ensemble ? Si oui, à quelles conditions ? Telles sont les questions auxquelles il nous faut essayer de répondre. Cela ne va pas être facile et les approches faites ici sont loin d’être exhaustives ou de prétendre épuiser la matière. Mais pour essayer une ébauche de réponse aussi infime soi-t-elle, il nous faut comprendre un certain nombre d’autres choses pour ne pas sembler parachuter le problème et les tentatives solutions.

Dans la mesure où les Etats-Unis d’Afrique constitue la traduction pure et simple dans la réalité de la philosophie du panafricanisme, nous essayerons d’aborder le problème en analysant tour à tour les origines (I) du processus, les enjeux qu’ils recèle (II), les obstacles (III) à ce panafricanisme avant de voir comment l’Afrique pourra éventuellement surmonter l’obstacle et aboutir un jour aux Etats-Unis d’Afrique (IV), ce grand ensemble continental utile pour son développement.

I- LES ORIGINES
A l’origine, le panafricanisme était une simple manifestation de solidarité fraternelle entre les Noirs d’ascendance africaine des Antilles britanniques et des Etats-Unis d’Amérique. C’était, comme l’a si bien noté Lansiné Kaba, un mouvement d’émancipation américaine. C’est en ce sens que le mouvement fut conçu et énoncé au départ par l’écrivain Noir américain Dubois en reconnaissance de la souffrance des Noirs et en hommage au sang versé par les Africains et Américains. Le Panafricanisme avait donc à ses débuts une définition légèrement éloignée de ce qu’elle est de nos jours. A l’origine, le mouvement ambitionnait donc la renaissance, la libération et l’émancipation du monde noir.
C’est l’encyclopédie multimédia qui donne la définition correspondant à l’idée véritablement originelle du panafricanisme. D’après ce dictionnaire, le panafricanisme est un mouvement visant à l’accomplissement des Noirs par l’égalité des Droits avec les Blancs, l’indépendance économique et politique. Cette idée se concrétisa lors du premier congrès panafricain avec la revendication par les Noirs du droit à disposer d’eux-mêmes.
Mais le mouvement va connaître par la suite une nouvelle orientation. En effet, l’évolution de la marginalisation des Noirs de même que celle de leur vassalisation à travers l’esclavage et la colonisation puis le néocolonialisme des Etats africains vont se combiner pour faire évoluer cette idée de solidarité fraternelle entre Noirs de départ vers une idée de solidarité et d’unité des peuples noirs dans leur ensemble. Il semble que c’est cette évolution que l’on retrouve à l’origine du mouvement tel qu’il est connu aujourd’hui avec des noms aussi divers que William Dubois, Marcus Garvey, Georges Pandore, Cheik Anta Diop, et Sylvester Williams. Ce dernier va même être à l’origine de la première grande réunion fondée sur cette idée de solidarité fraternelle entre Noirs à Londres en 1900 et c’est à cette réunion que sera évoquée pour la première fois la notion de « Panafricanisme ». C’est à cette évolution du concept d’une solidarité entre des individus de couleur noire vers un éveil et une érection de l’Afrique en une vaste communauté politique, culturelle et économique que s’est adaptée la définition que l’on a désormais du terme dans d’autres dictionnaires. Le chanteur Bob Marley a chanté cette nécessaire unité de l’Afrique en tant que continent que les enfants du continent désirent tant dans sa fameuse chanson des années 80 intitulée « Africa Unite ».

D’après le dictionnaire Larousse, le panafricanisme s’entend de l’idéologie qui vise la solidarité et l’unité des peuples africains. Il s’agit d’une doctrine politique et socioculturelle qui prône l’unité des Etats africains comme étant l’unique voie de leur libération effective, de leur émancipation et de leur développement. Considéré comme une doctrine philosophique, le panafricanisme propose l’Afrique dans sa globalité comme devant être le commencement et l’aboutissement de toute action politique, économique et culturelle relative au continent considéré encore à ce jour comme étant le continent « berceau de l’humanité ».

Au cours du premier Congrès du panafricanisme, Dubois parvient à sensibiliser les intellectuels Noirs du monde, particulièrement antillais et surtout africains à s’unir. Il faut signaler que Kwame Nkrumah, le chantre du panafricanisme, fut profondément influencé aux Etats-Unis par Dubois et son idée panafricaniste dont il deviendra plus tard le véritable promoteur politique.
Le sixième (6ème) Congrès du mouvement tenu à Manchester en 1945 avait connu la participation des jeunes leaders africains comme Nnamzi Azikiwe, Jomo Kenyata, Kwame Nkrumah. Le mouvement est aussi devenu à partir de là l’élément moteur de la lutte pour l’indépendance des Etats africains.

Si Dubois surtout et dans une certaine mesure Marcus Garvey peuvent être considérés comme les pères philosophiques du panafricanisme, Cheik Anta Diop, Senghor et Aimé Césaire (qui vient de mourir à 94 ans) peuvent être vus comme ses parrains littéraires tandis que Kwame Nkrumah va en être le principal promoteur politique.

L’idée panafricaniste va être à l’origine d’une profusion d’union politique entre les Etats africains au lendemain des indépendances. Dès le 17 septembre 1958 déjà, les Etats de l’Afrique de l’Est, des partis nationalistes et des syndicats vont se réunir dans la Pan African Freedom Movement of East, Central and Southern Africa, le PAFME CSA où on pouvait noter la présence des pays ou territoires comme le Kenya, l’Ouganda, le Tanganyka, le Nyassaland et le Zanzibar. En novembre 1958, la Guinée Conakry et le Ghana décident une union qui va rapidement prendre fin. Le 17 janvier 1959 se crée la fédération du Mali comprenant, le Dahomey, le Sénégal et le Soudan (le Mali et la Haute Volta). Cette fédération sera vite dissoute et remplacée le 30 mai 1959 par le Conseil de l’Entente comprenant la Côte d’Ivoire, le Dahomey, la Haute Volta, le Niger et le Togo. Le 19 juillet 1959, le Ghana, la Guinée Conakry et le Libéria s’unissent à Sanniquellé. Du 15 au 19 décembre, le Conseil de l’Entente s’unit aux pays de l’ex Afrique Equatoriale Française (A.E.F) pour former l’Union Africaine et Malgache (U.A.M). En mars 1961, l’U.A.M. s’élargit pour créer l’Organisation Africaine et Malgache de Coopération Economique (O.A.M.C.E).
Il y avait deux tendances au niveau des pays en ce qui concerne l’idée de l’unité africaine. Il y avait la tendance dite supra nationaliste qui voulait une Afrique unie dirigée par un seul et même gouvernement, avec une carte du continent tel qu’il se présentait avant la Conférence de Berlin en 1884. Cette tendance qui militait pour une véritable union pluridimensionnelle (politique, économique et culturelle) réunissait dès janvier 1961 dans ce qu’on appelait alors le « Groupe de Casablanca », les pays comme le Ghana (de Kwame Nkrumah), la Guinée Conakry (de Sékou Touré), l’Egypte (RAU) (de Nasser), le Mali (de Modibo Kéita) et le Maroc (de Mohammed V). Comme on peut le noter, cette tendance était composée d’Etats dits progressistes « anti-impérialistes » dont le porte étendard est Kwame Nkrumah, l’homme qui aura tout fait pour voir naître une Afrique unie.

A côté de celle-ci, il y avait la tendance dite modérée qui avait réunie la même année dans ce qui sera connu comme le « Groupe de Monrovia » 19 pays dont les pays de l’Union Africaine Malgache (UAM) auxquels se sont ajoutés l’Ethiopie, le Libéria, la Libye, le Nigeria, la Sierra Leone, la Somalie, le Togo, la Tunisie, etc. Cette tendance était opposée à la première qu’elle considérait comme utopiste pour trois (3) raisons. Premièrement, pour ce groupe, la tendance supra nationaliste entraînera l’autarcie de l’Afrique par rapport au reste du monde dont elle avait besoin. Ensuite, elle soutient que les disparités d’ordre culturel considérables séparant les pays africains de même que les caractères fort hétérogènes et dissemblables de ces Etats ne leur permettent pas de se fondre comme le souhaite la tendance maximaliste. Cette tendance militait donc pour une union souple de l’Afrique qui irait progressivement vers une union économique et culturelle. L’approche ici est minimaliste mais semble aujourd’hui et à certains égards la plus réaliste, vu l’évolution de la situation générale.
Entre les deux, il y avait une tendance intermédiaire qui était favorable à la mise en place de regroupement sous régionaux locaux devant déboucher progressivement sur la réalisation de l’unité du continent.

C’est cette conception dont le chef de file était Léopold S. Senghor qui semble avoir reçu l’assentiment des fondateurs de l’O.U.A. qui, en optant pour un compromis entre la position maximaliste défendue par Nkrumah et celle minimaliste défendue par Houphouët Boigny, ont préféré une organisation inter étatique conçue dans le cadre d’une coopération entre Etats indépendants à une O.U.A. conçue comme une organisation supranationale. La Charte de l’O.U.A. n’avait donc pas clairement tranché la question des Etats Unis d’Afrique. L’O.U.A. a cependant retenu une approche progressive et à travers l’intégration sous régionale comme préalable puisque dès août 1963, la résolution CM/5/I du Conseil des Ministres a invité les Etats membres à envisager une politique de regroupement entre voisins dans le cadre des mêmes zones géographiques.

Cette politique de sous régionalisation qui sera rappelée dans plusieurs des actes de l’OUA avait essentiellement pour but ultime l’intégration du continent dans une vaste communauté africaine à travers un processus progressif. Cette intégration qui est multisectorielle était divisée en quatre (4) secteurs : intégration économique, intégration politique, intégration sociale et intégration culturelle.

Dans cet ordre d’idée, par sa résolution CM/464 (XXVI) l’OUA divise l’Afrique en cinq (5) grandes sous régions : Afrique du Nord, de l’Ouest, du Centre, de l’Est et du Sud et chacune de ces régions doit s’intégrer dans une seule organisation sous régionale.

II- LES ENJEUX
L’enjeu fondamental du panafricanisme ou des Etats-Unis d’Afrique est d’intégrer économiquement, culturellement, socialement et enfin politiquement l’Afrique.
A l’heure de la mondialisation, au moment où le monde parle en terme de grands ensembles et même de « grand village planétaire », et où la notion d’Etat est complètement précarisée par rapport aux grands ensembles, l’Afrique ne peut plus s’offrir le luxe de prétendre au développement dans les micro entités, exiguës que sont nos Etats. L’Afrique doit penser à un grand ensemble qui, comme l’a dit l’ancien Secrétaire Général de l’OUA Edem Kodjo, pèsera véritablement sur le plan international.
Le but ultime du panafricanisme ou des Etats-Unis d’Afrique est de lutter contre la balkanisation de l’Afrique avec une suppression des frontières issues de la colonisation afin d’arriver à une unité du continent berceau de l’humanité.

Dans la perspective d’aboutir à une union économique à la dimension de l’Afrique toute entière, l’OUA avait mis un accent particulier sur l’intégration économique dans sa stratégie d’intégration multisectorielle. Dans cette perspective, le plan d’action de Lagos qui est en partie ce que nous avons aujourd’hui dans le NEPAD, avait, dans les années 80, imposé aux diverses sous régions des obligations dans divers secteurs, notamment le secteur financier, celui du commerce intra africain, le secteur de la réduction puis l’élimination des barrières commerciales.
Si cet ensemble de mesures ou de conditions adoptées au sommet économique de Lagos en 1980 avait connu une véritable mise en œuvre, l’Afrique aurait pu faire une avancée très significative en direction d’une Communauté économique africaine en prélude à une intégration politique marquée par des institutions fortes, auto intégrées et légitimées par les peuples africains satisfaits par les réponses socio-économiques concrètes de l’Afrique dans leur quotidien. Effectivement, si les Etats ou responsables politiques africains avaient, par le biais de l’intégration économique, permis aux populations de bénéficier des bienfaits de l’intégration, celles-ci auraient été plus que favorables à l’union entre les Etats africains et donc permis à l’intégration de se faire à partir du bas. En effet, il n’y a rien de plus intéressant dans ce processus que d’avoir des peuples désireux de se rapprocher pour faire en sorte que l’intégration et l’union ne soient pas perçues comme imposées mais comme voulue par les populations et par elles seules. C’est en ce sens que l’on peut parler d’une intégration et d’une union africaines réalisées par les populations ou les peuples africains. Cela veut dire que les populations se sont entièrement appropriées un processus qu’elles ont trouvé intéressant pour elles.

Ce processus d’intégration économique en prélude à l’intégration politique et culturelle est le chemin adopté par l’Union Européenne dont l’intégration a commencé depuis les années 1950 sur une base économique avant d’arriver aujourd’hui à une intégration politique qui est encore imparfaite et évolutive. Si l’Afrique doit copier certaines choses auprès de l’Occident, cette procédure d’intégration est l’une des choses à prendre.

Hélas, au niveau de l’OUA, rien n’a été fait depuis 1980 et 20 ans après, le Plan d’Action de Lagos est aujourd’hui pratiquement intégré point par point dans le NEPAD qui est lui-même sur le plan d’être une fois encore jeté aux orties par des Etats africains qui n’ont pas encore commencé à prendre leur nécessaire intégration régionale à bras le corps.

III- LES OBSTACLES
Ce que l’on constate ostensiblement est que les principaux obstacles à la réalisation de l’Union Africaine agissante qui sont brandis semblent s’être orientés autour de la personne du guide libyen Mouammar Kadhafi. Il y a là sans nul doute un problème de leadership dû au fait que depuis 2000, c’est le président Kadhafi qui a pris sur lui de rallumer le flambeau éteint des Etats-Unis d’Afrique dont l’idée semblait être mis sous le boisseau pendant des années. Et il l’a fait de la façon qu’on lui connaît en mettant en place une diplomatie de l’argent. C’est justement cette manière de convaincre à coup d’argent pour essayer d’imposer les idées qui a conduit un certain nombre d’autres responsables politiques africains à prendre ombrage du leadership de Kadhafi et à s’irriter contre lui parce qu’il est considéré comme essayant de contourner tout le monde. En tenant compte en plus de la mauvaise image qu’avait le leader libyen en Occident, les critiques n’ont donc pas manqué de fuser de partout. Il est par exemple soutenu que son pays baigne dans une dictature stalinienne ; que la Libye est l’exemple le plus accompli du racisme ou de la discrimination, de la xénophobie contre les Noirs. Il est également reproché à la Libye de se sentir à l’étroit et d’avoir accumulé beaucoup d’unions mort-nées (avec l’Algérie, l’Egypte, le Soudan, la Tunisie, le Tchad, les Etats-Unis du Maghreb Arabe, la Communauté des Etats Sahélo saharien, etc). Mais il semble que là n’est pas la question. En effet, quelle que soit la personne qui la propose, l’Union Africaine ou l’intégration africaine en un vaste ensemble est une idée noble et ne doit pas se voir dresser des obstacles devant elle parce que c’est une personne mal vue ou peu appréciée qui l’a proposée. Il ne faut plus tomber dans l’écueil d’hier qui a fait que le panafricanisme a été rejeté parce que c’est Nkrumah, la bête noire des occidentaux qui en était le chantre. De plus, il convient de rappeler à ceux qui se limitent à ses questions totalement subjectives que le panafricanisme n’est pas une idée de Mouammar Kadhafi. Elle existait avant que le leader libyen n’accède au pouvoir et elle résistera au passage au pouvoir et même à la disparition du guide libyen. Il faut donc éviter de commettre la même erreur que par le passé et d’aboutir à la même situation que celle qui a suivi le départ du pouvoir de Nkrumah et où plusieurs leaders africains se sont finalement rendus compte qu’en réalité, ce que cet homme exigeait pour l’Afrique, était la meilleure et la seule façon de réaliser le bonheur de notre continent.

La seule chose qui a été faite par le leader libyen, c’est de récupérer l’idée qui est née et qui existe depuis bien longtemps et comme d’habitude de faire une forte diplomatie de l’argent pour que ses collègues acceptent l’idée des Etats-Unis d’Afrique ou du moins ne s’y opposent pas. On se rappellera encore de comment tout a commencé avec la tenue du sommet de l’OUA en 2000 au Togo. A coup de dollars, le Colonel Kadhafi a essayé de ressusciter et d’imposer une idée qui avait des origines lointaines et qui est fondée sur les desseins les plus nobles. Depuis le sommet de l’OUA de 2000 à Lomé où l’Union Africaine a enterré l’OUA et pris sa place, Mouammar Kadhafi a fait feu de tout bois pour voir naître les Etats-Unis d’Afrique en brûlant toute les étapes d’une intégration progressive. Il ne semble pas que l’initiative du Colonel Kadhafi soit fondée sur de mauvaises idées. Elle est fondée sur des desseins nobles qui méritent d’être soutenus quel que soit l’idée que l’on veut se faire de l’homme. Il faut donc dépasser le contenant et aller au contenu.

Lors du sommet d’Accra, deux tendances se sont opposées comme ce fut le cas par le passé. Il y avait d’un côté ceux qui voulaient aller vite et tout de suite à une union et à la mise en place d’un organe politique supranational dont l’objectif serait de diriger la mise en place définitive de l’Union. Il sont dirigés par le leader libyen Mouammar Kadhafi et comprennent le président Sénégalais Abdoulaye Wade ainsi que le Président de la Commission Africaine l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré. Dans l’autre camp qui voulait une intégration progressive et s’opposait à toute idée de vouloir précipiter les choses, on avait à la tête le Président sud Africain Thabo Mbeki et le Président gabonais Omar Bongo Ondimba suivis de l’Ougandais Yoweri Museveni, et de l’Ethiopien Meles Zanaoui.

En dehors de l’aspect folklorique et visible des choses qui consistent à accuser Mouammar Kadhafi de toues les plaies du monde, quels sont donc les véritables obstacles à la réalisation d’une vraie union entre les Etats africains ?

A- Obstacles stratégiques
Lors du sommet d’Accra, (fin juin début juillet 2007) l’Afrique semblait avoir opté pour une stratégie contraire à celle de l’Union Européenne. Les instances dirigeantes et plus particulièrement le président de la Commission Africaine Alpha Oumar Konaré semblaient avoir accepté ou pris partie pour la stratégie de Kadhafi. Il s’agit de faire directement l’union politique ou d’imposer directement une intégration politique avant même d’avoir réalisé l’intégration économique. C’est ce qui émane de l’idée de mettre en place un super gouvernement africain. Cette idée provient de ce que pendant longtemps, les diverses tentatives de mettre les leaders politique d’accord pour unir le continent se sont heurtées à des insuccès. Il s’agit donc de créer de toute pièce une locomotive pouvant drainer les autres pays et chefs d’Etat vers une intégration continentale. En fait, il s’agit d’une marche à pas forcés. Mais en voulant réaliser une « Afrique politique » qui n’est pas fondée sur une « Afrique économique », sociale ou culturelle et qui n’avait une base concrète nulle part que dans la volonté d’un certain nombre de leaders charismatiques, l’Union Africaine semble avoir pris le chemin contraire de la normalité et de la logique ; un chemin tendant à mettre la charrue devant les bœufs. C’est pourquoi, pour une des rares fois, même le SYDA (Syndicats des Dictateurs Africains) ne va pas être d’accord et il y aura énormément de divergence entre les chefs d’Etats et de gouvernement.

B- Obstacles politiques
Dans les textes de l’Union Africaine, on note une référence claire au Panafricanisme tel que cela existait déjà avant la création de l’OUA en 1963. C’est ainsi que, parlant du Panafricanisme, le Préambule de l’Union Africaine indique clairement que c’est « inspiré par les nobles idéaux qui ont guidé les pères fondateurs de notre organisation continentale et de génération de panafricanistes dans leur détermination à promouvoir l’unité, la solidarité, la cohésion et la coopération des peuples d’Afrique et entre les Etats africains » que les Chefs d’Etats et de gouvernement ont accepté de donner un coup d’accélérateur au vieux projet d’union du continent noir. Malgré cette référence claire à l’héritage des pères de l’indépendance et à la volonté de continuité de leurs idéaux d’union, rien n’a été fait de concret pour ce faire. Deux problèmes sont à évoquer ici. L’absence de volonté politique réelle de voir l’Afrique s’unir en un vaste ensemble (1) et le refus de concéder partie de la souveraineté des Etats que nous avons en Afrique (2).

1- En ce qui concerne la volonté politique, il convient de noter que beaucoup des chefs d’Etats africains parlent de panafricanisme et d’union africaine ou d’unité sans que la plupart d’entre eux n’aient une quelconque volonté de s’orienter véritablement vers une unité réelle du continent. En effet, aux lendemains des indépendances, l’idée de panafricanisme ou d’unité africaine n’a pas reçu l’écho qu’il faut parce que chacun de ces nouveaux chefs d’Etat ou de pères de l’indépendance voulait jouir effectivement de son rôle de chef d’Etat ou simplement de roi. Aucun d’entre eux ne voulait donc réellement accepter d’abdiquer son rôle de chef d’Etat, jouissant des prérogatives immenses au profit de quelque entité qui serait véritablement au dessus de lui. Mêmes ceux qui, comme Kwame Nkrumah, défendait corps et âme l’idée, ne voulaient la voir mettre en œuvre qu’à condition que ce soit eux qui jouent le rôle de premier dirigeant.
Puis vint l’époque où le pillage des richesses nationales, la jouissance absolue des prérogatives de chefs de l’Etat avec son cortège de violations des droits de l’homme ont fait qu’il était devenu encore plus difficile aux différents chefs Etats africains d’accepter une quelconque véritable Union du continent. Le SYDA (Syndicats des Dictateurs Africains) était d’accord et pouvait s’entendre sur tout sauf sur l’idée de concéder partie des droits au pillage, à la violation des droits de l’homme et à l’assouvissement de son peuple ou à la vassalisation de ses concitoyens dont disposait chacun de ses membres sur les sujets qui sont sous son autorité et qui sont taillables et corvéables à merci.
A ces raisons de la réticence, il faut ajouter le fait que les anciennes puissances colonisatrices qui assurent l’accession et la pérennité au pouvoir de ces nouveaux chefs d’Etat africains ne peuvent laisser le continent prendre une voie qu’elles ne contrôlent pas. Elles ont dont toute raison d’assurer la division du continent, idée dont les potentats locaux sont devenus les porte-parole.

2- En ce qui concerne le refus de concéder la souveraineté, il est intimement lié au problème de volonté politique. En effet, l’union du continent sur les plans économique, culturelle et politique, tout comme celle de l’Europe ne pourra se faire sans que les Etats africains acceptent chacun de perdre une partie de sa souveraineté au profit de l’entité supranationale qui va conduire les affaires de cette union ou simplement au profit de l’Union. Or, sur ce plan, on note une sorte de refus catégorique des dirigeants africains de laisser une petite portion de la souveraineté de leur pays tomber dans la cagnotte commune de l’Union. Les propos du gabonais Omar Bongo qui a affirmé au sommet d’Accra, que « Le Gabon ne concèdera aucun aspect de sa souveraineté » dénotent de la dimension du problème. L’anecdote du problème de langue que va parler une Afrique unie entre Kwame NKrumah et Julius Nyerere, l’un soutenant qu’il faut adopter l’Ashanti tandis que l’autre voulait du Swahili est également un exemple de ce que les Africains pensent de la concession de leur souveraineté dans le cadre de l’Union Africaine.

De tous les chefs d’Etat africains et surtout de ceux qui ont soutenu ou soutiennent l’idée des Etats-Unis d’Afrique, le seul président à l’avoir fait en exprimant une volonté claire et ferme est le Sénégalais Abdoulaye Wade. Il a provoqué le changement de la Constitution de son pays en faisant intégrer en son sein le fait que désormais le est Sénégal un Etat fédéré. Cela veut dire concrètement que si demain l’Afrique devait s’unir en une fédération d’Etats comme les USA par exemple, le Sénégal n’aurait aucune difficulté à devenir un des Etats fédérés de ce vaste ensemble. Pour les autres, les Etats Unis d’Afrique a été une occasion pour plusieurs personnes de se saisir de l’opportunité pour empocher une partie du pactole que le leader libyen a injecté dans le circuit pour ramollir la résistance de ses collègues à une idée venant de lui. Cette situation rappelle d’ailleurs, d’une certaine manière, cette période où le président Kadhafi demandait contre espèce sonnante et trébuchante aux autres chefs d’Etat africains de devenir musulmans. L’on se rappelle encore combien parmi eux ont suivi la voie vers Mahomet en glissant sur ces espèces sonnantes.

C- Obstacles économiques

Le problème économique est également un des talons d’Achille de l’Union Africaine. Non seulement le continent n’a pas réussi à ce jour à réaliser son intégration économique malgré les exigences du sommet de Lagos de 1980 et les diverses règles posées par le Plan d’Action de Lagos, mais en plus le niveau de développement différent des pays africains s’est révélé comme étant une lacune grave pour l’Union Africaine. En effet, l’absence d’un sentiment panafricain pour des dirigeants qui n’ont pas encore un sentiment nationaliste ou patriotique dans le cadre de leur micro Etat a pour conséquence que les Etats qui sont plus pourvus économiquement croient que c’est à eux seuls de jouir de ces richesses et non de partager cela avec les autres. On notera donc avec intérêt le fait que pendant longtemps, le Président Houphouët Boigny, poussé dans une certaine mesure par la France, s’est radicalement opposé aux velléités d’unité de l’Afrique exprimées par Nkrumah, Sékou Touré et de Modibo Keita en évoquant le fait que la Côte d’Ivoire allait être « la vache à lait » des autres pays. Les pays qui détiennent donc un leadership économique aujourd’hui entendent en jouir seuls et refusent pour le moment une quelconque concession aux pays les moins pourvus. Ces Etats plus pourvus s’opposent à ce que les pays les plus pauvres ou les moins pourvus sur le plan naturel deviennent ce que d’aucuns qualifieraient des parasites. Mais cette conception des choses est une vue assez courte. En effet, dans le cadre du continent noir, nous sommes, non dans une situation de pas économiquement développés mais de pays ayant des richesses naturelles. L’argument de pays ayant des moyens économiques est donc un peu spécieux puisque la richesse naturelle n’est pas la seule richesse. On peut avoir des richesses naturelles comme l’ex Zaïre et être pauvre et en être dépourvu comme le Japon et la Corée du Sud mais être industrialisé et développé. De plus, on ne sait ce que le sous-sol de ce continent aux énormes richesses naturelles réserve comme surprise à chacun des pays qui l’occupent. Qui eut cru que le Tchad, un des pays les plus pauvres du continent serait un jour l’un de ceux dont le sous sol regorge le plus de pétrole. Même si cette idée de leadership ou d’inégalité économique est accentuée par la mauvaise gestion de certains pays qui ne font pas bon usage de leurs ressources, l’idée de pays plus riches que les autres et désireux de jouir seuls d’un bonheur qui n’est qu’éphémère est donc une illusion. Par ailleurs, nous sommes ici dans le cadre d’une union qui devra être « win, win » ou « gagnant, gagnant » pour chacun des pas. Le Gabon a d’immenses ressources naturelles mais manque terriblement de ressources humaines tandis qu’à la veille de l’indépendance et même juste après les indépendances, certains pays ont eu besoin des personnels venus d’autres Etats pour former leurs premiers cadres. Il est évident que si les pays africains avaient pu réaliser l’intégration économique telle que prévue par la Charte et les diverses résolutions de l’OUA, ce problème ne se poserait pas avec autant d’acuité. Hélas.

L’autre aspect du problème économique est celui de l’absence de monnaie unique pouvant cimenter les relations économiques entre les Etats du continent noir et leur donner une certaine base, une autonomie et surtout une souveraineté continentale qui constituerait en même temps un élément fondamental auquel tous les pays africains seraient liés. Le problème de la monnaie unique se pose comme un moyen mais en même temps comme une fin. La monnaie, véritable instrument de souveraineté d’un pays, aurait pu constituer le substratum le plus solide sur lequel se construise l’Union de l’Afrique. Elle pourrait aussi être un des éléments fondamentaux qui pourront être mis en place lorsque les pays africains seront déjà intégrés et pour marquer la solidité de cette union. Mais la monnaie semble aujourd’hui être un élément fondamental pour diviser l’Afrique puisque c’est par son biais que certains des dommages les plus graves sont portés au processus de l’Unité de l’Afrique. C’est justement un des éléments par le biais duquel l’Occident et plus particulièrement la France a réussi à tirer et écarteler le continent et à l’empêcher de s’entendre pour former une union qu’il considère nuisible pour ses intérêts, et que nous pensons indispensable pour le bien être de tous à long terme. Comme on peut le noter, pour le moment, les pays africains sont loin de la réalisation d’une union non pas parce qu’ils ne le peuvent pas mais surtout parce qu’ils n’ont pas encore pris les bonnes dispositions pour ce faire.

D- Obstacles sociologiques

1- Le premier des obstacles sociologiques à l’unité de l’Afrique provient des particularismes ethniques et tribaux.

En effet, l’Afrique étant constituée de multiples ethnies et tribus qui continuent de se diviser et de se battre entre elles dans le cadre des Etats issus de la colonisation, il est apparemment difficile de penser que les Etats africains puissent se fondre dans un vaste ensemble. En effet, pour se fondre dans ce genre d’ensemble, il faut d’abord que les Etats africains dépassent leur dimension de division ethnique et tribale sur le plan national pour devenir des Etats Nations. Or, l’Etat africain dans sa situation actuelle est encore très marqué par les divisions diverses. Il est plus perçu à travers les divers groupes qui le composent qu’à travers le prisme national. On a même quelquefois l’impression que les pays Africains se complaisent dans ces particularismes ethniques et tribales dans la mesure où la règle coloniale du « diviser pour régner » continue de demeurer la meilleure méthode de gouvernement des potentats locaux qui n’ont aucune autre légitimité que celle artificiellement créée à travers des groupes ethniques ou d’intérêt.

2- A ces particularismes tribaux et ethniques, il faut ajouter les autres particularismes qui sont religieux, culturels (arabes, bantou) ou qui sont liés aux minorités (blanches et hamites ou peuhls). Cette division culturelle semble bien marquée entre une Afrique subsaharienne qui est à dominante Bantoue et une Afrique du Nord qui est à dominante arabe.

3- L’autre problème demeure celui de la langue qui constitue elle aussi un élément de division du continent. En dehors des langues locales qui définissent pour certaines les dimensions des groupes ethniques, il y a les langues du colonisateur que sont l’Anglais, le Français, le Portugais, l’Espagnol et l’Arabe qui ne rapprochent pas les pays africains mais semblent au contraire les diviser ou les éloigner.

Ces problèmes ne sont cependant pas insurmontables car si l’Europe semble plus homogène, elle ne demeure pas moins divisée elle aussi entre des groupes qui peuvent être considérés comme les ethnies africaines avec les mêmes particularités. En France, on a par exemple les Bretons, les Corses et les autres qui ont dû apprendre à vivre ensemble. De la même manière, l’Europe parle plusieurs langues. Entre l’Allemand, l’Anglais, le Flamand, l’Espagnol, l’Italien, les langues scandinaves comme le Danois, le Suédois, le Norvégien, les langues slaves, le Portugais et autres il n’y a pas forcément d’identité commune. Il n’en demeure pas moins que tout cela coexiste dans une Europe qui se comprend et qui continue de gagner du terrain par son union.

IV- COMMENT SURMONTER LES OBSTACLES ?

La plupart des obstacles les plus durs qui empêchent l’Afrique de s’unir sont beaucoup plus liés à l’action ou à la volonté des dirigeants qu’autre chose. En effet, que ce soit les problèmes ethniques ou les problèmes de souveraineté nationale, les niveaux de développement économiques ou les problèmes culturels, tout peut être surmonté avec succès si on a vraiment la volonté politique et surtout si les micro Etats que nous avons aujourd’hui cessent de se particulariser afin de servir des dirigeants véreux pour s’orienter vers la construction des Etats Nations dignes du 21ème siècle. L’intégration économique et politique sur le plan sous régional pourra être réalisée et conduire vers une intégration continentale si les uns et les autres cessent de voir le développement uniquement dans le cadre des micro Etats issus de la colonisation, ce qui est une véritable utopie à l’heure de la mondialisation. L’Egoïsme étroit qui consiste à croire que chaque Etat africain pourra conserver ses avantages et se développer à lui tout seul est une vue complètement utopiste du bonheur de ces entités issues de la Conférence de Berlin.

Il faut aussi et surtout que les dirigeants africains cessent de croire que l’Occident va nous donner les moyens de notre développement ou alors que les occidentaux nous aiment tellement qu’ils vont un jour, et par un coup de baguette magique, nous permettre de voir poindre le développement et la croissance sur nos sols. Les relations internationales sont faites sur la base des intérêts des Etats. Chaque Etat défend ses intérêts et les Etats africains doivent comprendre qu’ils doivent défendre les leurs. Mais tant que nos chefs d’Etat continueront de s’installer au pouvoir par des voies non démocratiques et qu’ils ne pourront se maintenir au pouvoir que par la volonté de certaines puissances étrangères qui les imposent contre la volonté de leur peuple, ils ne pourront guère s’affranchir de la tutelle de ceux qui sont en même temps ou souvent les principaux prédateurs du continent africain et qui ne souhaiteront jamais voir ce continent s’unir. Le dirigeant qui a été placé et est soutenu par une puissance étrangère va nécessairement servir les intérêts de son mentor. De la même façon si le leader doit sa légitimité à son peuple, il devra défendre es intérêts de celui-ci. Dans tous les cas, les Africains ne doivent s’attendre ni à se développer en gardant la main constamment tendue vers l’aide extérieure ni à ce que l’Occident les tire comme par miracle de leur état de sous développement actuel. Le développement est une course dans laquelle chaque Etat veut gagner et avoir la médaille. Chacun doit se débrouiller pour trouver sa voie et arriver à bon port à temps. Le développement de l’Asie du Sud Est et de la Chine est un exemple de ce que l’Afrique doit elle-même trouver sa voie. Pour cela, il lui faut cette union pluridimensionnelle. Et pour cette unité, il faut de la volonté politique.

Si cela est compris et si la volonté politique devenait une réalité, le seul problème qui demeurera alors est qu’il faudra adopter une approche méthodique qui, au lieu de mettre la charrue devant des boeufs juste pour satisfaire le désir de leadership de certains chefs d’Etat, va conduire à de véritables solutions durables dans le sens d’une réelle intégration pluridimensionnelle continent africain.
Les questions métaphysiques du genre faut-il réaliser une union des peuples avant une union des Etats n’ont pas une grande dimension dans ce débat. Certes, il faut réaliser une union préalable des peuples à la dimension de chaque Etat afin que celui-ci reflète une idée de Nation aussi infime soit-elle. C’est là un des aspects de l’union à la base. Mais de là à attendre que les peuples africains soient réunis eux-mêmes à travers les frontières avant de réaliser l’union des Etats relèverait de la chimère car si les Etats s’opposent à un contact transfrontalier des peuples et à la libre circulation, on voit mal comment ces peuples pourront réaliser quelque union que ce soit entre eux. Et d’ailleurs, dans quel cadre interviendra une union entre les peuples si elle n’est pas acceptée au préalable par les Etats et initiée par ceux-ci ? Bien sûr, l’union doit être acceptée et même récupérer par les peuples africains qui devront s’approprier un projet qui ne peut que favoriser leur développement et l’éclosion totale de l’homme africain dans toutes ses dimensions. Cela ne veut pas dire toutefois que les Etats vont rester statiques et que les peuples vont arriver, contre la volonté de leurs dirigeants et des Etats balkanisés, à se tenir la main à travers les frontières et créer l’Unité de l’Afrique. Il faut quitter les hypothèses d’école pour embrasser la réalité et l’affronter. Le rôle des Etats est indispensable dans la réalisation des Etats-Unis d’Afrique. Le contraire serait une utopie.

L’Afrique a-t-elle échoué sur la voie de la création des Etats-Unis d’Afrique ? Non, comme l’a dit Thomas Edisson l’inventeur de l’ampoule lorsqu’il a connu des tentatives infructueuses sur le chemin de son invention, je pense que l’Afrique n’a pas échoué. Elle a découvert 10 000 façons de faire qui n’ont pas marché. Il lui faut maintenant mettre de côté tout ce qui n’a pas marché et choisir la voie qui mène au succès ou à la victoire. Alors il faut désormais approcher le problème autrement car on ne peut pas poser indéfiniment les mêmes actes et espérer des résultats différents tandis que tout le monde et bien conscient que les même causes produisent les mêmes effets. La balle est désormais dans le camp des Africains. Plus que jamais, à l’heure de la mondialisation, nous sommes obligés de réaliser l’unité de l’Afrique pour créer ce grand ensemble viable et nécessaire pour le développement économique de notre continent. Le monde entier nous regarde. L’Europe est développée et unie. Les USA domine mais aide l’Amérique tout entière à continuer de se regrouper en ensembles économiques à divers stades. L’Asie se relève. Il est temps que l’Afrique mette fin à sa situation de paralytique éternel.
Jean Yaovi DEGLI