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Interview de Bassabi KAGBARA : « Ils se sont dit si on ne brise pas Targone, on risque de ne rien avoir en 2015 »

Togo - Interview
L’affaire Targone Sambiri continue par défrayer la chronique 24 heures après son arrestation. Le président du Parti démocratique panafricain (PDP) pense que les déboires du député de Denkpen sont les conséquences de son engagement politique. Bassabi Kagbara, le leader de cette formation politique membre de la Coalition Arc-en-ciel a confié son intime conviction dans une interview aux journalistes de radio Victoire Fm. L’affaire Targone, selon M. Kagbara apporte la preuve que « le PDP est devenu aujourd’hui pour UNIR, l’adversaire à abattre dans cette région » a-t-il affirmé. Et pour mettre fait à cette situation il faut, suggère-t-il, le « limogeage pur et simple du préfet Dadja Maganawè ». Lire l’intégralité de l’interview.
Afreepress : Dimanche, des éléments de la SRI sont allés arrêter manu militari le député du PDP TARGONE Sambiri N’wakin, après que l’Assemblée Nationale ait voté jeudi à l’express, la levée de son immunité parlementaire. Que reproche-t-on en fait au député Targone ?

Bassabi KAGBARA : Il ressort de la requête du procureur que le député TARGONE est poursuivi, lui seul, pour trouble à l’ordre public, violences volontaires, complicité de violences volontaires, homicide volontaire, complicité d’homicide volontaire, destructions volontaires par incendie, complicité de destructions volontaires par incendie, vol qualifié et complicité de vol qualifié.

Des faits dont on n’a pu prouver l’implication du député. Pire, on lui reproche même des faits qui ont eu lieu bien avant même l’arrivée du PDP à Dankpen. Imaginez qu’on lui reproche même d’autres faits dont le véritable auteur a été depuis identifié, jugé et puni. Vous voyez que c’est vraiment un dossier cousu avec du fil blanc.

On a toujours tout fait pour étouffer le PDP dans le nord du pays. Et la dernière tournée de remerciement que le député a menée dans toute la préfecture de Dankpen a été très mal prise par nos détracteurs.

Qu’est-ce qui explique que l’Assemblée Nationale ait suivi la requête du procureur aussi rapidement ?

Bassabi KAGBARA : Seule l’Assemblée peut savoir ce qui l’a poussée à exécuter la requête aussi rapidement, sans respecter la procédure normale. Je tiens à vous faire remarquer qu’il n’y a pas de flagrant délit. Mais rien que des accusations basées sur des soupçons. Et le comble c’est que le jeudi, lors de la plénière, l’opposition a demandé à en savoir un peu plus sur le contenu du dossier : autrement, ce qui est reproché au député etc. Mais le parti au pouvoir a refusé carrément le débat.

La moindre des choses est qu’une commission parlementaire devrait normalement se rendre sur le terrain pour vérifier les faits avant toute décision de l’Assemblée Nationale.

Vous voyez donc que c’est un coup bien monté dans le seul objectif de nuire au député et affaiblir le PDP dans le nord du pays !

Ce qui s’est passé jeudi dernier au parlement ne fait point honneur au Togo, avec tous les tristes registres qu’on a alignés jusqu’ici.

Le scenario Targone donne aujourd’hui la preuve à l’opinion nationale et internationale de toutes les affres, harcèlements et chasses à l’homme dont nos militants sont constamment victimes dans le Nord du pays.

C’est la preuve que le régime en place jusqu’à aujourd’hui encore ne veut pas de débats contradictoires. Surtout dans le nord du pays.

De Dankpen à la Binah en passant par Sotouboua, Doufelgou, Bassar et autres nos militants sont constamment objet d’affectations punitives, violences, arrestations arbitraires, provocations et autres, au point qu’on en déduit que le PDP est devenu aujourd’hui pour UNIR, l’adversaire à abattre dans cette région.

Plusieurs fois, nous avons saisi les autorités du pays sur ces questions, mais la dernière sortie du préfet de Dankpen montre que le pouvoir n’est pas prêt à chercher la paix politique pour notre pays.

Il me tient de rappeler que déjà en 2011, le HCDH et d’autres organisations de défense des Droits de l’Homme ont eu à constater sur le terrain les chantages, les intimidations et les violences et autres voies de fait dont sont victimes quotidiennement les militants du PDP en particulier dans cette préfecture de la part du sieur Manganawè.

Les autorités administratives en ont également été prises à témoin.

On s’étonne que ce dernier soit toujours maintenu en poste depuis 13 ans.

En ce qui nous concerne au PDP, la paix dans le Dankpen passe par le limogeage pur et simple du préfet Dadja Maganawè qui d’ailleurs joue au pyromane dans la gestion de la transhumance, en instrumentalisant continuellement les bouviers peuhls contre les populations autochtones.

Or, le problème de la transhumance est un problème à la fois national et sous régional qu’il faut gérer en toute responsabilité, calme et sagesse. L’opinion nationale et internationale en sont averties.

Maintenant votre député est détenu après une procédure express, qu’est-ce que vous comptez faire ?

Le PDP n’est pas seul. Le PDP est membre d’une coalition, le PDP appartient à l’opposition et on s’entend bien dans nos actions collective et complémentaire, donc nous verrons ce qu’il faut faire. Notre philosophie c’est d’éviter des troubles pour le pays, on a besoin du calme pour le développement. Mais si le pouvoir cherche des troubles c’est son problème. Ce ne serait pas nous qui allons être auteurs de troubles. Le jeune ne voulait que rendre service à la population et il a même rencontré le préfet avant le début de sa tournée. Ce dernier l’avait même félicité. Alors même s’il y a des malentendus ce n’est pas de cette manière qu’il faut traiter un élu ! Et puis en combien de temps ? On dit souvent que nos administrations sont lentes dans le traitement des dossiers, mais quand il s’agit de nuire, en moins d’une journée on a tout évacué. C’est regrettable ! Nous sommes là pour développer et nous voulons apporter notre contribution. Et nous demandons à l’Etat d’accepter le vrai multipartisme, celui des acteurs et non le multipartisme de façade.

C’est la fin du dialogue Togo télécom 2 sur fond de discorde entre Arc-en-ciel et ANC-ADDI d’une part, et UNIR-UFC d’autre part. Quelles sont les leçons qu’il faut retenir de ces 2 semaines de dialogue ?

Bassabi KAGBARA : Cela a été du temps et des énergies investis pour malheureusement aboutir à un échec. En organisant le dialogue on avait cru que la mouvance avait une réelle volonté d’aller de l’avant. On s’est rendu compte qu’il n’y a aucune bonne volonté de sa part. Et c’est bien dommage !

Etait-ce juste un dialogue de plus ou cela a permis d’obtenir des avancées par rapport au CPDC rénové ?

Bassabi KAGBARALe travail effectué a été de qualité en lui-même, s’étant servi essentiellement des travaux du Cpdc rénové qui a duré un an d’intenses labeurs- d’une part et d’autre part du rapport de la Cvjr.

Certains journaux et observateurs qualifient ce dialogue d’échec total, est-ce là votre sentiment ?

Bassabi KAGBARA : C’est un échec total, c’est vrai, parce que le parti au pouvoir n’a pas voulu s’ouvrir au vrai débat, surtout à la fin des travaux. Le parti au pouvoir n’a pas voulu admettre la moindre concession. Alors que c’est le consensus qui était de règle.

Selon vous, qu’est-ce qui justifierait le retrait d’Arc-en-ciel à la dernière minute ?

Bassabi KAGBARA : Cela ne valait plus la peine de continuer à tourner en rond. Quand le camp d’en face ne fait pas la moindre concession. Au pire des cas, c’était une complicité avec l’UFC. Ce n’était donc plus la peine de continuer et c’est ce qui a conduit l’opposition à se retirer.

Peut-on avoir une idée du contenu du rapport que vous avez rédigé ?

Bassabi KAGBARA : C’est au médiateur que le rapport a été remis pour transmission au Premier Ministre. Ce sont eux qui pourront répondre à cette question. Le vrai problème c’était la question des deux (2) tours et la limitation du mandat à deux (2) avec effet immédiat qui ont été le fond de la discorde.

Il s’y est ajouté aussi, l’épineux problème de la représentation au sein de la Ceni : une question capitale pour les élections justes et transparentes. Quelle sont vos positions sur les différents points qui avaient été inscrits à l’agenda de ce dialogue ?

Bassabi KAGBARA : Nos positions n’ont pas été loin de ce que le PDP a eu à défendre au Cpdc rénové. Ceux qui hier avaient boudé le Cpdc R2nové se sont rendus compte qu’on avait fait des avancés importantes qu’on ne pouvait espérer. Alors on a trouvé aujourd’hui que c’est mieux de s’approprier les acquis du Cpdc rénové.

Après la fin de ce nième dialogue, quelle va être la suite des événements pour la mise en œuvre des réformes constitutionnelles et institutionnelles ?

Bassabi KAGBARA : La responsabilité des reformes revient désormais au pouvoir. Il a toujours voulu les faire seul. C’est ce qui a conduit au blocage du dialogue de mai dernier. Au passage je fais remarquer qu’avec la configuration actuelle du parlement, UNIR ne détient pas la majorité nécessaire pour exécuter directement les réformes. Mais il se pourrait aussi qu’UNIR ne veuille point opérer les reformes. Toutes les cartes sont entre ses mains avec toutes les responsabilités qui en découlent pour la paix et l’émergence de notre pays.

En ce qui me concerne, je pense en tout cas que le pouvoir n’a vraiment pas intérêt à vouloir opérer seul ces reformes.