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Interview exclusive au président du conseil d’administration de Solidar’Santé, l’organisation initiatrice du programme DiasporaCare®.

Togo - Sante
La diaspora togolaise veut désormais voler au secours de ses compatriotes restés au pays, à faire face aux problèmes de santé. Elle décidé d'être en partenariat avec l'Institut National d'Assurance Maladie (INAM) pour ce faire, à travers Solidar'Santé. Voici un entretien avec l'initiateur de ce programme.
Icilome.com: Monsieur Jean-Claude Latévi LAWSON, pourriez-vous nous parler de votre organisation, Solidar’Santé ? Pourquoi une telle démarche ?

Jean-Claude L. Lawson : C’est Solidar’Santé qui remercie iciLome de mettre à disposition sa formidable tribune afin de nous permettre de satisfaire la curiosité dont fait l’objet l’organisation que j’ai l’honneur de présider. Voyez-vous, tout est parti d’un constat effectué par l’un des membres de notre groupe d’experts : Bien souvent, nous recevons un coup de fil en provenance du pays (Le Togo, ndlr) sollicitant en urgence l’envoi d’argent afin de faire face aux frais d’hospitalisation ou de médicaments de parents ou proches malades. Et malheureusement, dans nombre de situations, une fois qu’on arrive à trouver la somme demandée et l’envoyer via l’une des nombreuses sociétés de transfert d’argent, il arrive trop tard…(soupir)…En fait, le ressenti, c’est tout comme on s’est démené pour rien !

C’est donc à partir de cette triste constatation que quelques femmes et hommes de bonne volonté ont décidé de faire quelque chose pour changer cette réalité récurrente. Aussi, avions-nous jugé opportun de nous organiser dans un cadre formel auquel nous avons donné le nom de Solidar’Santé. Une sorte de contraction entre l’élan de « solidarité » nécessaire dans ce type d’initiative, et la « santé », le point focal de notre démarche.

Alors, Solidar’Santé est une organisation de droit belge ayant obtenu des autorités nationales, l’autorisation d’installation sur le territoire togolais en tant qu’organisation étrangère. Nos bureaux sont établis à Bruxelles avec une représentation à Lomé. Cela étant, Solidar’Santé est composée de pôles de compétences en lien avec nos champs d’intervention et tout ceci, sous la houlette du conseil d’administration. Je dois préciser par ailleurs, que notre souci du professionnalisme nous a imposé de constituer un noyau d’experts qui fournit du contenu à notre démarche. Clairement, Solidar’Santé a été créée pour servir de réceptacle à ce formidable élan de solidarité qu’il nous faut combiner à la nécessité d’émancipation économique des populations togolaises.

Finalement, je puis dire que l’idée de départ était d’imaginer une solution durable et, économiquement bien articulée pour répondre aux besoins de nos proches qui vivent là-bas. Tout commence par la santé, n’est-ce pas ?

Certes l’idée paraît simple, et pourtant vous avez dû faire face à des difficultés lors de la conceptualisation de votre projet ; quelles étaient-elles ?

Jean-Claude L. Lawson : (légère hésitation)…Oui et non ! Non, parce que tout d’abord, nous avons été très tôt sensibilisés quant à l’extraordinaire charge de travail qu’un tel projet pouvait générer. Ensuite, nous avons dédié à un pôle entier, tout ce qui relevait de la méthode et du « due process ». Et nous sommes totalement satisfaits de l’apport d’une telle expertise en termes d’efficacité et de gain de temps. Mais je dois l’avouer, nous avons rencontré d’évidentes difficultés et tenez-vous bien, pas forcément où nous pensions que cela allait surgir.

Le tout premier écueil était lié à la collecte des informations indispensables à notre business plan. Nous savions bien évidemment, qu’il n’y avait pas de statistiques globales concernant par exemple le nombre de Togolais à l’étranger. Cependant, nous avions eu la faiblesse de croire que des chiffres seraient assez vite disponibles concernant certains espaces géographiques à savoir les pays concentrant une forte présence de nos compatriotes. Que nenni !

L’autre difficulté concernait, à l’origine, le recrutement de ressources humaines qualifiées à l’égard desquelles il fallait partager le moins d’informations possible afin de ne pas éventer dangereusement notre concept, mais assez pour les inciter à rejoindre l’aventure. Un véritable exercice d’équilibrisme qui n’était pas du tout aisé à mener. Il y a eu d’autres difficultés mineures, mais fort heureusement l’envie de réussir, l’ardeur à la tâche et la vigoureuse opiniâtreté de l’équipe ont fini par avoir raison des obstacles rencontrés. D’ailleurs, nous n’avons pas la naïveté de penser que c’en est fini ; bien au contraire…

Concrètement, comment le programme DiasporaCare® se décline-t-il ? Quel est son schéma de fonctionnement ?

Jean-Claude L. Lawson : DiasporaCare®est un programme qui consiste pour les Togolais résidant en Europe et en Amérique, à utiliser le canal que constitue Solidar’Santé, pour assurer aux membres de leurs familles ou proches restés au Togo, un accès sécurisé à l’assurance maladie. Je parle de l’assurance maladie dont la gestion incombe à l’Institut National d’Assurance Maladie (INAM). Je tiens également à préciser que Solidar’Santé n’officie pas comme une assurance classique. Ce n’est ni notre rôle ni notre volonté. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons opté pour le système du parrainage.

Concrètement, tout membre de la diaspora souhaitant garantir une couverture maladie à ses parents vivant au Togo, est invité à s’adresser à Solidar’Santé. Dans un premier temps, en se servant du formulaire d’affiliation disponible sur notre site web (www.solidarsante.com, en phase d’opérationnalisation, ndlr), il devra faire parvenir à nos équipes, une série d’informations (nom, prénom, âge, lien de parenté, contact téléphonique, etc.) sur la ou les personnes qu’il souhaite parrainer. Il dispose de la possibilité de parrainer jusqu’à 6 personnes au maximum.

Dans un second temps, Solidar’Santé après analyse de cette demande de candidature, validera le parrainage en prenant soin de communiquer au parrain toutes les données techniques et financières liées à son choix. Ainsi, il sera invité à procéder au paiement via une connexion en ligne sécurisée ou un virement sur le compte de l’organisation. Il lui reviendra de faire le choix de la périodicité du paiement : semestriel ou annuel.
Dans un troisième temps, dès lors que le paiement est accepté, les services de l’INAM auxquels nous aurions préalablement communiqué les coordonnées des bénéficiaires choisis par le parrain, procéderont à l’enregistrement à proprement parler de ces heureux bénéficiaires. Après une période d’attente déterminée de concert avec l’INAM, les personnes parrainées bénéficieront des prestations en lien avec leur panier de soins. Mr Lawson faisant œuvre de pédagogie


Mr Lawson faisant œuvre de pédagogie

A vous écouter monsieur Lawson, Solidar’Santé est le canal par lequel les Togolais de la diaspora devront passer pour faire couvrir le risque maladie à leurs parents au Togo. Cela dit, aujourd’hui en dehors du conjoint du fonctionnaire, l’INAM n’assure que ses enfants (4 maximum) ; alors dites-nous dans le détail qui sont ces parents à qui le membre de la diaspora pourra offrir la couverture maladie ?

Jean-Claude L. Lawson : Oui c’est vrai qu’à l’heure actuelle, le système tel qu’il est organisé pour la fonction publique, oblige l’agent assuré à n’avoir pour ayants droit qu’un maximum de 5 personnes. Son conjoint et jusqu’à 4 enfants.

Mais la particularité de DiasporaCare®, c’est qu’on est parti du constat que tous les membres de la diaspora togolaise, surtout pour celles et ceux qui résident en Occident, disposent déjà d’une assurance obligatoire. De même, ils n’ont aucun intérêt à assurer leurs enfants pour le risque maladie, car la plupart vivent avec eux. Ainsi, il ne reste que les autres membres de leur famille d’origine à savoir père, mère voire grands-parents ou cousins.

Et je dois reconnaître ici que les autorités de l’INAM, ont été proactives sur cet aspect des choses. Donc fort heureusement, il est acquis à l’heure où je vous parle ; les membres de notre diaspora pourront parrainer leurs parents au sens large du terme.

Tout cela est bien exposé, mais parlons de ce qui fâche : combien ça coûte ? Quel est le montant de la cotisation que devra verser le Togolais de la diaspora ?

Jean-Claude L. Lawson : Vous avez raison d’accorder une certaine gravité, quoiqu’enjouée, à votre question. Il nous faut parler d’argent car garantir la prise en charge des soins de santé a un coût. Heureusement, ce coût peut être minoré par le succès que rencontre notre programme. En effet, plus il y aura de parrainages plus la cotisation sera à portée du plus grand nombre ! Et c’est là notre défi.
Pour l’heure, nous sommes dans la phase d’explication et de sensibilisation du programme DiasporaCare®. Nous sommes très attentifs à cette étape des choses, aux inquiétudes et interrogations que le public peut nourrir à l’égard de notre initiative.

Alors, à quelle date le public pourrait-il être informé du montant de cette cotisation ?

Jean-Claude L. Lawson : Mais je vous rassure, les montants de la cotisation seront communiqués selon le timing que nous avons validé au niveau du groupe de travail chargé de ce volet du programme. Ces informations seront disponibles fin 2015.

Revenons, voulez-vous, au système de parrainages dont vous faisiez mention précédemment ; nombre de personnes s’interrogent sur les conditions d’éligibilité au programme DiasporaCare®. Doit-on obligatoirement résider en Allemagne, Belgique ou France voire en Europe ou en Amérique du nord avant de pouvoir souscrire un parrainage ? Quid des Togolais résidant en Afrique ?

Jean-Claude L. Lawson : Je vous arrête tout de suite : nous n’allons créer aucun apartheid entre les Togolais de la diaspora. C’est dit !
Cependant, il est des réalités qui tiennent plus à la localisation géographique des personnes. Vous savez, l’accès ou non à certains produits bancaires comme les cartes de paiement utilisables en ligne, peut amener çà et là, à des difficultés pour certains candidats d’obtenir la validation de leurs parrainages. C’est tout. C’est regrettable, mais reconnaissons qu’il s’agit-là de contraintes purement techniques.

Monsieur Lawson, que répondez-vous à ceux qui estiment que les hôpitaux et plus généralement les soins de santé ne sont pas de grande qualité au Togo, et qu’il est vain de vouloir procurer aux populations une couverture maladie ?

Jean-Claude L. Lawson : Depuis quelques temps, nous entendons poindre cette interrogation lancinante. J’irai même plus loin ; d’aucuns soutiennent qu’il est inadmissible de rendre l’assurance maladie obligatoire ! C’est dire la pédagogie qui doit être notre seul outil dans cette affaire.

Voyez-vous, il est indéniable que le Togo à l’instar de bien d’autres pays en développement, dispose insuffisamment de plateaux techniques pour les hôpitaux. En outre, nul ne peut décemment occulter la nécessité d’accroître le rythme de construction des dispensaires, centres de santé et hôpitaux. Mais la question si elle mérite d’être posée, n’en demeure pas moins inappropriée dans le cadre de DiasporaCare®.

Faut-il attendre que l’Etat construise suffisamment d’hôpitaux et dispensaires avant de penser à faire soigner nos parents malades ? Vous conviendrez avec moi qu’on ne peut y répondre que par un « non » franc.

L’autre bénéfice du système d’assurance soins de santé tel que le permettra DiasporaCare®, c’est justement de conduire à la prévention de certaines pathologies. Il est aujourd’hui révoltant d’apprendre qu’une personne est décédée suite à une crise d’hypertension artérielle ! Des visites chez son médecin traitant auraient pu éviter cette fin tragique et prématurée. Et des exemples de ce genre, il en existe hélas des tas…

Autre interrogation monsieur Lawson ; pourquoi avoir noué un partenariat avec l’INAM qui se trouve ces derniers jours sous le feu des critiques ?

Jean-Claude L. Lawson : Pour les critiques dont vous faites mention, je pense avoir lu les éclairages apportés par le directeur général de l’INAM, ainsi que les sorties médiatiques du directeur des prestations. Il s’agissait, à mon sens, d’une mauvaise compréhension des décisions qui viennent d’être prisespar notre partenaire à l’endroit de ses affiliés.Mais mon propos n’est pas celui-là.

Pour la viabilité d’un programme de telle envergure queDiasporaCare®, il nous fallait d’une part, le sérieux et la stabilité d’un système déjà bien rôdé, et d’autre part, la garantie que les bénéficiaires puissent jouir de prestations d’équivalente qualité que ce qui est aujourd’hui réservé aux seuls fonctionnaires et retraités. A cette double préoccupation, seul l’INAM, pouvait y répondre. D’où notre démarche à l’endroit de l’Institut en vue de formaliser notre collaboration. C’est d’ailleurs l’un des meilleurs gages de la pérennité de DiasporaCare®.


Mme Dossou et Mr Lawson, lors de la signature de la convention cadre


Pour revenir justement au programme DiasporaCare®, que pouvez-vous dire ici et maintenant au Togolais vivant à l’étranger afin qu’il se décide à souscrire un parrainage ?

Jean-Claude L. Lawson : Dans nos pays de résidence respectif, nous expérimentons les bienfaits de l’assurance maladie ; à la fois pour nos individus respectifs mais encore pour chacune de ces nations qui nous accueillent. Il est donc indéniable que couvrir le risque maladie, est un facteur de progrès économique et social. Nous contribuons ainsi à apporter une réponse à la réduction de la vulnérabilité des populations.

Des femmes et des hommes à même de se soigner, confine à un investissement dans le capital humain de notre pays, notre bien commun.
De manière beaucoup plus triviale, le programme DiasporaCare®offre un triple avantage pour la diaspora. Non seulement, il soulage nos portefeuilles par le mécanisme de la mutualisation sur lequel il repose, mais surtout il nous prémunit de l’angoisse que génèrent les coups de fil inopinés que nous recevons du Togo, pour solliciter notre concours en cas de pépins de santé de nos parents. Mais en plus, ce n’est ni plus ni moins qu’une aide au développement à la Terre qui nous a vus naître.


Jean-Claude Latévi LAWSON lors de l’entretien


Quelle est la prochaine étape dans le déploiement du programme DiasporaCare® ? Comptez-vous vous adresser aux populations vivant au Togo, ou est-ce la seule diaspora qui vous intéresse ?

Jean-Claude L. Lawson : Nous ne pouvons ignorer celles et ceux qui seront les principaux bénéficiaires du programme DiasporaCare®. Bien évidemment, dans cette phase d’explication et de sensibilisation, nous privilégions dans un premier temps, les Togolais qui essaiment l’Europe. Ensuite, nous ferons des sorties dans les médias majeurs opérant sur le territoire national. Mais en temps utile, tout cela fera l’objet d’une communication appropriée.

Nous voici arrivés au terme de cet entretien pour lequel nous vous remercions ; un mot de fin en direction des Togolais ?

Jean-Claude L. Lawson : Comme je le disais tantôt, même si aujourd'hui plus qu’auparavant, un grand nombre de nos compatriotes jouissent du double nationalité, le Togo reste la Terre qui nous a vus naitre, comme le proclame l’hymne des Pères fondateurs, la « Terre de nos aïeux » ! Celles et ceux qui y vivent actuellement sont nos parents, et ont contribué pour la plupart à notre réussite professionnelle voire personnelle. C’est donc l’une des nombreuses raisons qui nous ont incités à investir le vaste champ de la couverture maladie qui, nous l’espérons de tout cœur, s’ouvrira à l’ensemble de la population de nos villes et campagnes.

Si vous me le permettez, j’aimerais lancer ici un appel à chaque Togolaise et chaque Togolais, de l'intérieur comme de l'extérieur du pays, afin qu’ils s’approprient DiasporaCare®et que ce programme devienne un bien de tous et partagé par tous. Je vous remercie.


La rédaction