Depuis plus d’un an, le TAS (Tribunal Arbitral des Sports) a rendu son verdict dans le cadre de l’affaire dite Jean Thissen, du nom de l’ancien coach des Eperviers du Togo. Et le Togo a été condamné à verser des dommages et intérêts à Jean Thissen estimés à 265 millions de francs CFA, pour avoir résilié le contrat de ce dernier de façon unilatérale en 2009. Selon nos confrères du Bi-mensuel L’Equipe Sportive, paru ce mardi à Lomé, l’affaire connait depuis quelques jours un rebondissement. « Depuis quelques jours, l’affaire a rebondi avec une menace de la FIFA dans un courrier adressé à la FTF et au Ministère des sports. La FIFA donne jusqu’au 22 Août prochain au Togo pour régulariser la situation en versant l’intégralité du montant à Jean Thissen. Au-delà de cette date, c’est la Commission de discipline de l’instance faîtière du football qui statuera le 9 septembre prochain à Zurich sur le cas. Le Togo pourrait être suspendu de toutes compétitions dans toutes les catégories. Mais à ce jour, le ministère des Finances refuse catégoriquement de payer, argumentant qu’il avait à l’époque demandé en vain à la Fédération et au ministère des Sports d’initier une procédure normale de résiliation de contrat avec Jean Thissen », écrivait le confrère qui indiquait par la même occasion, qu’« en clair, le Togo sera suspendu des éliminatoires de la CAN 2015 qui démarrent en septembre prochain et celles des Cadets et Juniors ».
Rappel des faits
Nous étions en Août 2009. Et le Togo devrait entamer ses préparatifs pour accueillir le Maroc le 6 Septembre en éliminatoires combinées CAN/Mondial 2010. Jean Thissen, le sélectionneur engagé par le gouvernement togolais sur proposition de la FTF, n’est plus en odeur de sainteté avec ses employeurs directs, en l’occurrence Rock Gnassingbé, Président de la FTF. Le technicien belge est officieusement accusé d’avoir saboté un match à Libreville entre le Gabon et le Togo, match largement perdu par le Togo 3-0. La rumeur s’est rapidement répandue comme une trainée de poudre à Lomé. Pourtant il n’y a eu à ce jour aucune preuve tangible d’un éventuel sabotage de la rencontre. Le péché de Jean Thissen, c’est d’avoir eu des contacts avec certains dirigeants gabonais avec qui il s’était lié d’amitié pour avoir été également sélectionneur du Gabon dans les années 90. De cette défaite, il était vite conclu qu’il y avait en marchandage du match, une thèse qui n’a jamais été corroborée par une quelconque preuve.
Mais un climat de méfiance s’est installé entre le technicien belge et la FTF, notamment le Président Rock Gnassingbé soutenu par le Secrétaire Général David Kossivi Reinhardt. A l’époque la presse avait parfois donné raison à la FTF au regard de certaines explications. Entre temps, le match de Rabat arrive entre le Maroc et le Togo. Mais la brouille qui couvait a atteint également les joueurs, notamment entre le sélectionneur et le Capitaine de l’équipe, Emmanuel Adebayor, pourtant suspendu pour cette rencontre pour cumul de cartons. Ce fut dans un désordre ambiant que les Eperviers sont allés arrachés un nul vierge sur fond de problème de capitanat entre Nibombé Daré et Cougbadja Kader. Ce qui va compliquer la situation de Jean Thissen avant le match retour contre le Maroc à Lomé. A la FTF, il faut coûte que coûte en finir avec le technicien belge. Et pour cela tous les scénarii étaient envisagés. La bonne trouvaille, c’était l’état de santé de Jean Thissen qui avait eu quelques ennuis de gorge. Pendant que la FTF soutient sa thèse de mise à l’écart du sélectionneur par une maladie décrétée, ce dernier indique qu’il n’a été question d’aucune maladie qui l’empêchait de diriger l’équipe. Mais il reconnait avoir souffert d’une angine qui a été aussi vite guérie. Il s’engage alors un sérieux bras de fer médico-juridique entre les deux parties.
La FTF, pour se couvrir, d’une raison médicale, fait ausculter Jean Thissen par Dr Frank Ouadja, Médecin des Armées, DES en chirurgie, Médecin FIFA – FUTURO II, Médecin de la FTF. Ce dernier, après consultations le 26 Août 2009 a conclu à « une grave Pharyngolaryngite aigue en voie de guérison mais est sujet d’une cardio-néphropathie avec cumule azotée à gérer rapidement en Belgique, son pays d’attache sanitaire habituel et dont le plateau technique est plus élevé, en vue de rapidement prendre fonction de sélectionneur d’un match capital à jouer au Togo le 6 Septembre 2009 ».
Surpris par une telle conclusion du médecin attitré de la FTF, Jean Thissen crie au scandale et se soumet à une contre expertise chez son médecin traitant, Prof Dégnon Amédégnato qui lui a été recommandé par le consulat de Belgique au Togo. Les deux conclusions sont diamétralement opposées. Le Prof Amèdégnato, spécialiste en médecine interne, cardio-entérologie et Diabétologie au Cabinet médical Ayewuo à Lomé, a délivré le 1er Septembre 2009 un Certificat Médicale d’Aptitude qui précise que le sieur Jean Thissen « présente un état de santé satisfaisant. L’examen n’a mis en évidence aucune pathologie actuellement en évolution qui soit un contre indication à ses activités professionnelles. Par conséquent, j’estime que Monsieur Jean Thissen est médicalement apte à exercer son métier d’entraineur de football ». Malgré tout, Jean Thissen sera écarté de l’équipe nationale pour le match Togo-Maroc à Lomé. Il sera même chassé comme une vulgaire personne aux séances d’entrainement et ne sera pas non plus autorisé à rester sur le banc lors du match. Le divorce est donc consommé depuis ce moment. Jean Thissen a fini par porter plainte à la FIFA après que le Togo ait engagé un nouvel entraineur, Hubert Vélud.
A la FIFA, les deux parties ont été conviées à une confrontation. D’une part, le conseil de Jean Thissen composé de juristes belges et de l’autre la FTF et le gouvernement togolais représentés par un collège de juristes togolais. L’affaire a pris du temps avant d’être tranchée. Sur ce premier jugement Jean Thissen a été débouté. Mais le technicien belge fait appel au Tribunal Arbitral du Sport (TAS) pour trancher le litige. Apres moult tractations, le jugement sera rendu en dernier recours. Le Togo a été condamné à verser la somme de 265 millions de fracs CFA de dommages et intérêts pour licenciement abusif et rupture unilatérale de contrat. Cette sentence, tombée depuis plus d’un an n’a fait l’objectif d’aucune action et d’aucun commentaire de la part de la FTF et du gouvernement.
Il urge dès lors que le Togo réagisse avec promptitude pour ne pas se voir écarter de la course pour la CAN 2015 chez les seniors, juniors et cadets pour lesquelles le pays est bien en lice.
M.G, Lomé
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