Vous etes sur la version ARCHIVES. Cliquez ici pour afficher la nouvelle version de iciLome.com
 10:40:18 PM Jeudi, 28 Mars 2024 | 
Actualité  |  Immobilier  |  Annonces classées  |  Forums  |  Annuaire  |  Videos  |  Photos 


Enquête / Exploitation du sable lagunaire de Lomé : Quels sont les impacts socio-environnementaux du projet ?

Togo - Societe
Les questions liées à l’environnement font partie intégrante de nos préoccupations majeures. Ainsi, depuis l’interdiction de l’exploitation du sable marin et la délivrance du permis d’exploitation du sable de la lagune-Est de Lomé par l’Etat togolais à la Société Africaine de Dragage du Togo (SAD-Togo), nous avons poussé la curiosité de savoir les conséquences qu’un tel projet pourrait avoir tant sur l’environnement que sur la société. Quels sont les impacts négatifs sur les milieux biophysique et humain du projet et que dit le Gouvernement ? Quels sont les risques liés aux activités d’exploitation du sable ? Quelle appréciation fait-on de la mise en œuvre du Plan de Gestion Environnementale et Sociale (PGES) de la phase d’exploitation ? Ces différentes inquiétudes aussi légitimes que légales des populations, plus précisément les riverains du site d’exploitation, nous ont poussés à procéder à des investigations. Après plusieurs mois d’enquête, nous avons pu obtenir certains documents dont les derniers en date, sont les résultats du rapport de mise en œuvre du Plan de Gestion Environnementale et Sociale (PGES) du deuxième trimestre 2014. Ce rapport commandité par SAD Togo et réalisé par le cabinet « JAT Consulting SARL » couvre la période d’avril 2014 à juin 2014. Non seulement ce rapport rappelle les impacts négatifs identifiés et évalués forts ou moyens pendant la phase d’exploitation, mais aussi des mesures de gestion environnementale suivie de l’analyse à mettre en œuvre. Par ailleurs, il souligne les mesures non prévues par le PGES et les enjeux environnementaux... Faut-il le rappeler, c’est à travers ce rapport que l’Etat togolais par le biais de l'Agence Nationale de Gestion Environnementale (ANGE) contrôle régulièrement et trimestriellement, les activités de SAD-Togo et d’autres structures d’exploitation minière.

En effet, au Togo, pour se conformer à la législation en vigueur dans le domaine de l’environnement, chaque personne morale ou physique qui a un projet d’exploitation du sable ou des mines, est contrainte de réaliser une étude d’impacts socio-environnementaux. Laquelle étude devrait préconiser des mesures de gestion environnementale. Puisque, ces mesures ont pour but d’atténuer et de compenser de manière efficace les impacts négatifs que la réalisation du projet est susceptible d’engendrer sur l’environnement.

Les impacts négatifs sur le milieu biophysique

D’après les résultats du rapport du PGES au deuxième trimestre 2014, ces impacts sont de plusieurs ordres. Ainsi, les activités de la société SAD-Togo pourraient entrainer la dégradation de la qualité de l’air, du sol, la contamination des eaux de surface, l’insalubrité du sol par les déchets.

Les impacts négatifs sur le milieu humain

Selon le rapport, l’exploitation du sable lagunaire à Bè entrainerait la perturbation de la circulation, l’exposition aux nuisances olfactives et sonores. Entre autres conséquences néfastes, l’exposition des voisins aux accidents de la circulation lors du chargement et du transport du sable pour la commercialisation et la perturbation des activités de pêche.
Toutefois, à s’en tenir au rapport, les vérifications faites sur le site de ladite société par le bureau d’études « JAT Consulting SARL » le 28 mai 2014, ont permis d’évaluer le degré de mise en œuvre des mesures de la phase d’exploitation recommandées par le PGES. Ainsi, par rapport à la dégradation de la qualité de l’air, d’après nos investigations, les quatre (04) points inscrits sont presque mis en œuvre à 100%. Sauf que, le dernier point qui concerne l’aération des installations, reste à parfaire. «Après analyse, cette mesure n’est pas adaptée, car le site est une carrière à ciel ouvert et étendue sur une surface assez conséquente», a conclu le rapport.

Concernant la contamination du sol et des eaux, l’étude du rapport est portée sur quatorze (14) points. Si certains points, du moins la majorité sont réalisés à 90 % voire à 100 %, d’autres par contre, ne sont pas encore réalisées. Les mesures d’atténuation et de compensation de l’impact sur les nuisances olfactive et sonore sont mises en œuvre à 70 % sur certains points et 100% sur d’autres.

Perturbation de la circulation. Sur cet impact négatif identifié par le rapport, les mesures du PGES ont été mises en œuvre à 70 %. Toutefois, le rapport a recommandé la sensibilisation au maximum des conducteurs, afin d’«éviter les risques d’accidents de circulation et d’entretenir de bonnes relations avec le voisinage».

Contrairement à l’exploitation du sable marin ou du sable continental qui dégrade l’environnement avec des conséquences néfastes incommensurables, l’exploitation du sable lagunaire présente plutôt beaucoup d’avantages pour la population et l’environnement. Le dragage contribue à l’assainissement, à l’absence d’inondation, à la prolifération de la faune aquatique entre autres. Fort de ce constat, et à partir du rapport du PGES du deuxième trimestre de l’année en cours, les différentes populations, notamment les riverains du site de l’exploitation du sable de la lagune-Est de Bè à Lomé devraient prendre leur mal en patience, et rester rassurantes, comme quoi, les activités d'extraction de la SAD sont suivies rigoureusement et régulièrement par les autorités du pays, à travers l’Agence Nationale de Gestion Environnementale (ANGE). En somme, les résultats du rapport prouvent à suffisance qu'en réalité, la société ne pose aucun acte pour dégrader ou détruire l'environnement.

Droit de regard du Gouvernement sur les activités d’extraction du sable
Que ce soit le sable lagunaire ou le sable continental, le Gouvernement doit avoir un droit de regard sur les sociétés exploitantes en suivant leurs activités d’extraction. Puisque, quoi qu’on dise, les impacts négatifs liés aux activités de l’exploitation du sable doivent être identifiés et évalués. Aussi, le suivi de la mise en œuvre du PGES de la phase d’exploitation s’avère-t-il indispensable, comme c’est le cas actuellement avec l’Agence Nationale pour la Gestion de l’Environnement (ANGE) qui fait le suivi périodique de ce plan au niveau des sociétés.
Toutefois, le Gouvernement doit continuer par suivre de près les activités d’exploitation du sable lagunaire, afin de contrôler l’effectivité de la mise en œuvre des mesures préconisées.

« Ce rapport valide le suivi environnemental sur le site. Aujourd’hui, aucune structure ne mène ses activités qui touchent l’environnement sans être suivie par l’Agence Nationale de Gestion Environnementale », nous a confié une source proche de l’Agence.

«L’inquiétude de la population est tout à fait légitime. Mais on doit les rassurer que leurs maisons ne vont pas s’effondre à cause des activités d’exploitation du sable dans la lagune comme les gens le racontent. Ce que la population oublie est que la lagune qu’on drague pourrait s’ensabler dans quelques 20 ans ou 30 ans», a rassuré un environnementaliste. «Au niveau de la lagune de Bè, la drague utilisée par la société SAD-Togo respecte les normes requises. Puisque cela à une capacité de dragage de 10 mètres de profondeur. Or, la limite dans notre législation, c’est 12 mètres. Donc cela n’a pas d’impact sur le milieu biophysique», a-t-il témoigné.

En somme, en parcourant ce rapport, il ressort que la «plupart des mesures d’atténuation ou de compensation prévues par le PGES ont été mises en œuvre». Toutefois, tout en saluant les efforts consentis par les autorités du pays en matière de la protection de l’environnement, il importe de les inviter de nouveau à continuer dans ce sens, afin que les normes environnementales soient davantage respectées sur les sites d’extraction du sable lagunaire ou continental pour le développement humain durable.

Ayi ATAYI