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Interview de Sarah Blackmore : « Nous lançons un appel vibrant à tous les Etats afin qu’ils dénoncent et condamnent avec la plus grande fermeté l’utilisation actuelle des armes à sous-munitions »

Togo - Societe
La 5ième conférence des Etats parties à la Convention d’interdiction des Bombes à sous Munitions s’est ouverte ce lundi 1er septembre 2014 à San josé au Costa Rica sous la présidence de son Excellence, Mr Luis Guillermo Solis Rivera, Président de la République du Costa Rica.

En marge de cette conférence, voici ce qu’a déclaré Mme Sarah Blakemore, Directrice de la Coalition Mondiale contre les Bombes à sous Munitions (CMC) à la presse. Il est à noter que c’est cette coalition qui a poussé les Etats à parvenir au résultat encourageant réalisé par la convention.
Question : Que sont les armes à sous-munitions?

Sarah Blackmore : Les armes à sous-munitions sont des armes à l’efficacité aléatoire et qui tuent au hasard, que ce soit lors de leur utilisation ou de nombreuses années après. Leur utilisation entraîne des problèmes humanitaires et des risques considérables pour les populations civiles. Une fois lancées, ces armes dispersent un grand nombre de sous-munitions explosives sur une surface pouvant atteindre la taille d’un ou deux terrains de football. Une dispersion aussi étendue implique que les sous-munitions peuvent aussi bien toucher des objectifs militaires que des civils. Toute personne se trouvant dans la zone de frappe court le risque d’être tuée ou blessée. Les conséquences humanitaires sont particulièrement désastreuses lorsque les armes à sous-munitions sont utilisées dans des zones où des civils sont présents, ce qui est le cas dans la plupart des conflits récents. En outre, de nombreuses sous-munitions n’explosent pas lors de l’impact, transformant de facto les terrains contaminés en véritables champs de mines et continuant de tuer ou de mutiler pendant plusieurs dizaines d’années. La force explosive de ces sous-munitions non explosées les rend encore plus dangereuses que des mines antipersonnel pour ceux qui les déclenchent accidentellement, généralement des civils et très souvent des enfants.

Question : Pourquoi sont-elles interdites ?

Sarah Blackmore : Les armes à sous-munitions ont tué et blessé des milliers de civils depuis qu’elles ont commencé à être utilisées. Un tiers de toutes les victimes enregistrées sont des enfants. 60% des victimes sont blessées pendant leurs occupations quotidiennes.

Il y a des pays et territoires affectés par les armes à sous-munitions dans chaque région du monde. 26 pays et 3 autres régions sont considérés comme contaminées par les armes à sous-munitions, et les forces armées d’au moins 20 gouvernements les ont utilisées. 34 pays ont produit ces armes et 91 pays possèdent des stocks.

Les armes à sous-munitions sont interdites par la Convention sur les armes à sous-munitions de 2008. 113 pays ont déjà signé ou accédé à la Convention, qui interdit l’utilisation, la production, le transfert et le stockage de ces armes ; et exige le déminage des zones polluées par les sous-munitions non explosées dans une période de 10 ans ainsi que l’assistance pour les victimes. Parmi ces pays, 84 sont parties à la Convention, alors que les 29 autres l’ont signé mais pas encore ratifié.

La Convention marque déjà des résultats importants, empêchant ainsi de nouvelles victimes civiles. A ce jour, 22 pays ont détruit 1,16 million d’armes à sous-munitions et presque 140 millions de sous-munitions. Ceci représente plus des trois-quarts des stocks déclarés par les Etats parties à la Convention, selon le Rapport 2014 du Monitor des armes à sous-munitions (Cluster Munition Monitor), sorti le 27 août. Le Monitor a documenté la destruction de plus de 54000 sous-munitions non explosées en 2013.

Question : Quelles sont vos attentes pour cette 5ème Conférence des Etats parties à la Convention?

Sarah Blackmore : Pour la Coalition contre les armes à sous-munitions (CMC), il est essentiel et urgent d’augmenter le nombre d’Etats parties à la Convention. Nous pensons que chaque pays devrait et pourrait rejoindre la Convention. C’est une question de volonté politique pour placer la protection des populations civiles avant la possibilité d’utiliser ces armes indiscriminées et passées. Alors que la 1ère Conférence d’examen de la Convention approche, nous devons renforcer les efforts pour que d’autres Etats y accèdent, et solidifier ainsi la norme contre l’emploi des armes à sous-munitions.

Tous les signataires devraient par ailleurs ratifier la Convention. L’Afrique du Sud, l’Angola, le Bénin, le Canada, le Congo, la République Démocratique du Congo, la Gambie, le Haiti, la Jamaïque, le Libéria, le Madagascar, la Namibie, l’Ouganda, les Philippines, la Somalie et la Tanzanie : tous sont présents cette semaine, et la CMC les appelle à ratifier avant la 1ère conférence d’examen de la Convention, qui se tiendra en 2015. Ces ratifications permettraient à la Convention de dépasser le nombre des 100 états parties.

L’Argentine, l’Arménie, le Bengladesh, l’Erythrée, la Finlande, le Gabon, la Mongolie, le Maroc, la Palestine, le Qatar, l’Arabie Saoudite, le Sud-Soudan, le Sri Lanka, le Soudan, le Tajikistan, la Thailande, la Turquie et le Yemen, ces pays non–signataires seront aussi présents à la conférence. Ils devraient aussi considérer la protection des populations civiles comme leur priorité et rejoindre la Convention maintenant.

Finalement, nous lançons un appel vibrant à tous les Etats afin qu’ils dénoncent et condamnent avec la plus grande fermeté l’utilisation actuelle des armes à sous-munitions. Nous sommes horrifiés du nombre épouvantable de victimes civiles en Syrie, depuis deux ans, ainsi que par l’utilisation de ces armes au Sud-Soudan, en Ukraine, et selon un rapport de Human Rights Watch, un membre de la CMC, cette semaine par les forces de l’Etat Islamique au nord de l’Irak. Les Etats présents à la conférence cette semaine doivent non seulement dénoncer fortement ces utilisations, mais renforcer leurs efforts pour que tous les pays interdisent ces armes, et détruisent leurs stocks immédiatement.