L'organisation terroriste au Levant met à profit les sites des réseaux sociaux pour inciter les moudjahidines à "immigrer" dans leur "Etat" auto-proclamé.
Le hashtag "Vendredi de la Hijra vers le califat islamique", qui appelle les jeunes à rejoindre le califat de l'EIIL, a fait son apparition ces deux dernières semaines.
Mais nombre de jeunes rejettent cet appel, et ont créé leur propre campagne dans les médias sociaux, sous le hashtag "No2ISIS".
"Je ne sais pas où comptent aller ceux qui envisagent de répondre à cet appel ni où ils sont censés vivre, car les membres de cette organisation ont détruit toute forme de vie, et il n'y a ni eau ni électricité", explique le militant en ligne irakien Omar Ghanem.
Cet appel a également été rejeté par de nombreux observateurs au Maghreb, qui expliquent qu'il vise à attirer de jeunes hommes qui n'ont qu'une petite expérience de la vie, ne savent pas faire la distinction entre réalité et fantasme, et se laissent séduire par de beaux slogans qui ne font appel qu'aux émotions.
L'appel du leader de l'EIIL, Abu Bakr al-Baghdadi, n'a réussi à ce jour qu'à attirer deux jeunes Marocaines, qui ont été arrêtées par la police espagnole mardi dernier à Melilla.
Tanja24.com a indiqué que la police espagnole avait appréhendé ces deux jeunes filles alors qu'elles s'apprêtaient à rejoindre "l'Etat islamique".
Toutes deux, âgées de 16 et 19 ans, envisageaient d'immigrer en transitant par Melilla puis la Turquie, d'où elles comptaient entrer en Irak pour rejoindre l'EIIL.
Selon les observateurs, la découverte de ces deux filles laisse à penser que d'autres jeunes du Maghreb et du Sahel se prépareraient à rejoindre l'EIIL.
Mohamed Said Essoussi, journaliste sur le site web marocain Alif Post et directeur du Centre marocain des droits de l'Homme, a expliqué à Magharebia qu'il s'attendait à voir d'autres jeunes répondre à l'appel d'al-Baghdadi d'immigrer dans le califat.
"L'idéologie salafiste s'est rapidement répandue au sein de la jeunesse, notamment parmi ceux qui n'ont pas poursuivi des études très poussées", explique-t-il. "Ils se caractérisent également par une grande ignorance de ce qui se passe actuellement en Irak ou en Syrie ; la plupart des jeunes qui sont prêts à partir en Syrie pensent qu'ils s'y rendent pour le jihad et ne font aucune différence entre l'EIIL et les autres groupes extrémistes."
Essoussi poursuit en expliquant à Magharebia qu'il avait rencontré certains jeunes Marocains prêts à partir combattre à l'étranger. "J'ai rencontré certains d'entre eux ; j'ai même quelques-uns de mes amis qui se trouvent maintenant en Syrie. Mais je n'ai plus aucune nouvelle d'eux", ajoute-t-il.
Il tient à préciser ce qu'il considère comme une vérité importante à cet égard : "Ces derniers mois, et grâce aux images sanglantes rapportées par les médias de ce soi-disant califat, le capital de sympathie envers les jihadistes en Syrie et en Irak s'est très sensiblement réduit", explique-t-il. "La récente guerre à Gaza a également aidé à révéler la vérité sur les organisations extrémistes au Moyen-Orient, qui se spécialisent désormais dans les assassinats d'Arabes et de Musulmans."
Mohamed Lamine Ould Dah, journaliste et professeur mauritanien, estime que l'appel de l'EIIL ne bénéficiera pas d'une grande attention, sauf parmi les jeunes qui sont déjà engagés aux côtés d'al-Qaida et des groupes armés dans les pays du Maghreb.
"Les jeunes Arabes n'ont aucune confiance envers les agissements de l'EIIL au vu des actes dangereux et criminels de ce groupe", ajoute-t-il.
L'analyste Mohamed El Moustapha Ould Bechir reconnaît lui aussi que cet appel de l'EIIL n'aura pas un grand retentissement au Maghreb.
"L'idéologie de l'EIIL est basée sur le takfir ; ils ne mènent pas le jihad, mais désobéissent en fait aux dirigeants légitimes. Cet appel ne sera donc entendu que par ceux qui ont déjà embrassé l'idéologie d'al-Qaida", poursuit-il.
|
