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Un gendarme tente d’étrangler une dame soupçonnée de vendre du carburant de contrebande

Togo - Societe
Une femme a échappé, le dimanche 30 mars 2014, à une tentative d’étranglement de la part d’un gendarme. Elle est soupçonnée de vendre du carburant de contrebande parce que devant sa maison, se trouvaient des bidons dont elle se sert pour vendre du « tchouk ».
La traque de la vente illicite de carburant se poursuit avec son lot de zèle, de violences, d’abus d’autorité et tout autre crime imputable aux corps habillés. Ces derniers mois, il ne fait plus bon de circuler avec des bidons de couleur jaune car le risque de se faire matraquer comme un vulgaire voleur ou brigand n’est plus à démontrer. L’« Opération Entonnoir », comme le nommait si fièrement l’ex-chef d’Etat-major, le Général Atcha Titikpina, n’a pas eu le succès voulu par ses initiateurs. Et pour cause, elle enregistre de nombreuses victimes. Le cas de l’une des victimes a attiré notre attention. Sa faute, c’est d’avoir en sa possession des bidons jaunes de 25 litres, comme ceux utilisés par les convoyeurs d’essence.
Nous sommes à Vakpossito Logomé, un quartier de la banlieue nord de Lomé, et ce dimanche 30 mars de l’an 2014, cinq gendarmes dont trois en tenue militaire débarquent chez Mme Abna Likiloun, vendeuse de « tchouk ». Elle était avec son fils dans la cour de la maison. Les cinq gendarmes leur demandent où ils pouvaient trouver « la revendeuse de carburant ». Naturellement, Mme Abna Likiloun et son fils répondent qu’ils ne connaissent aucune revendeuse de carburant. Les gendarmes sortent de la maison et y reviennent quelques minutes plus tard par une deuxième porte. Alors qu’elle revenait s’asseoir – car elle s’était levée pour fermer la première porte laissée ouverte par les gendarmes – elle se retrouve nez-à-nez avec les fouineurs. Malgré ses efforts pour leur expliquer que ni elle ni ses enfants ne se livrent à la vente illicite de carburant, l’un des gendarmes, poussé par on ne sait quoi, lui bondit dessus, se saisit de son cou et tente de l’étrangler. Son fils intervient et arrive tant bien que mal à la tirer des griffes – au sens premier du terme – du « furieux gendarme ».

Comme s’ils n’en avaient pas assez fait de débarquer dans une maison et de violenter les occupants, l’un des gendarmes, assis dans le véhicule demande qu’on embarque la pauvre victime. Mais c’est sans compter avec la résistance de cette dernière.

Elle s’en sort avec deux profondes griffures sur le côté droit de son cou et des douleurs musculaires dont elle a souffert plus de 72 heures après l’altercation avec les militaires. Pour soigner ces griffures, elle s’est rendue à l’hôpital et a reçu des piqûres antitétaniques. Au total, elle a déboursé près de 20 000 FCFA.

Pour ne pas laisser cet abus impuni, elle se rend le jour même au camp pour exposer l’affaire aux supérieurs hiérarchiques des gendarmes, auteurs de cette bavure digne d’un autre siècle. Le lendemain lundi, elle rencontre le commandant et dans la confrontation avec les militaires, ces derniers « déversaient un torrent de mensonges ». « Nous avons vu des traces de carburant et des bidons. Son fils nous a même confié qu’ils venaient de finir la vente. Nous avons le droit de fouiller dans leur maison », a déclaré l’un des gendarmes impliqués dans cette énième violence au nom de la lutte contre le trafic illicite de carburant.

Si la plupart des victimes de violence policière se résignent par peur de représailles, Mme Abna Likiloun ne semble nullement intimidée et ne compte pas en rester là. « Le gendarme qui a tenté de me tuer doit être puni. Si j’étais morte, on n’aurait rien dit et ce serait fini pour moi. Tout le monde se débrouille pour manger parce que personne ne veut mendier », a-t-elle confié. « Et même si je vends du carburant, ils n’ont pas à se comporter comme ils l’ont fait. Ils doivent être punis afin que ces actes ne se répètent plus », a réitéré Mme Abna Likiloun avant d’ajouter qu’« ils n’ont cessé de me répéter que je peux aller voir Faure Gnassingbé, rien ne leur sera fait ».

G.A.