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Docteur Siegfried Vidzro : « j’ai réalisé mon rêve, c’est-à-dire donner ce qu’on m’a donné »

Togo - Societe
Il s’appelle Siegfried Vidzro. Docteur en médecine générale de son état, il était venu au monde et a perdu très tôt ses deux parents, ce qui du coup l’a confronté à une souffrance extrême dès le bas âge jusqu’à l’âge adulte. Mais par les aides qu’il recevait de gauche à droite, aujourd’hui, il est docteur en médecine.
Concerné par la situation des enfants orphelins qu’il a été lui-même, le docteur Vidzro a créé un orphelinat à Badja (40 km au nord-ouest de Lomé) où une trentaine d’enfants sont pris en charge.

« Nous sélectionnons les enfants dans tous le Togo, il y en a qui sont de Dapaong, de Mango et d’un peu partout au Togo. Mais, il est important pour nous que l’enfant remplisse ces conditions sus-évoquées. Nous avons écarté l’idée de parrainage. Ils ne sont pas donné après à une famille qui n’est pas la leur, ils sont ici, on les prend en charge jusqu’à ce qu’ils ne grandissent, ils deviennent quelqu’un et rentrent à la maison, leur vraie maison », a-t-il laissé entendre.
Pour lui, rien que de voir ces enfants, la joie est indicible.
« Je me sens aux anges. Ma motivation est telle que je vois aujourd’hui que j’ai réalisé mon rêve, c’est-à-dire donner ce qu’on m’a donné ».

Afreepress.info : Bonjour docteur Siegfried Vidzro, vous êtes le fondateur de l’orphelinat Agbénoxevi, une maison qui abrite aujourd’hui 31 orphelins de père et de mère. Dites-nous, pourquoi avez-vous trouvé important de créer un orphelinat ?

Siegfried Vidzro : Créer un orphelinat était une inspiration parce que moi-même j’ai été orphelin de père et de mère dès le bas âge. La souffrance que j’ai enduré jusqu’à grandir et sortir un peu de l’ornière était tout simplement atroce. Quand j’entends qu’il y a des enfants qui sont dans le même cas, j’avoue que c’est moi qui ressens plus ce qu’ils souffrent, la situation au travers de laquelle ils passent.
J’ai cherché dans ma tête les voies et moyens de résoudre ce problème et j’ai créé avec un ami une ONG, « Echange et Solidarité France-Togo ». C’est à partir de cela qu’on a commencé par aider les orphelins dans leur maison respective. C’était juste pour empêcher que ces enfants restent à la maison, sans pouvoir avoir le droit d’aller à l’école parce qu’on les a renvoyés pour 1500 francs ou 2000 francs. On a travaillé pendant 15 ans ensemble avec cette ONG. L’idée de créer un orphelinat est venu au moment où je rassemblais ces enfants chez moi à la maison et tentais de leur trouver des parrains.
Une fois mes amis avec qui je travaille ici au Togo en France, ils ont lancé l’idée de l’orphelinat et plusieurs s’y sont intéressés. Voilà comment est né cet orphelinat.

Afreepress.info : Quels sont les critères de sélection de ces enfants orphelins ?

Siegfried Vidzro : Nous avons des critères stricts, sinon les enfants seraient plus nombreux. Ces enfants sont des orphelins totaux parce qu’ayant perdu leurs père et mère. Nous aidions dans l’ONG plus de trois cents enfants mais quand on a construit l’orphelinat, nous privilégions le critère famille. Si un enfant bénéficie du cercle de famille, il vaut mieux qu’il reste là-bas. Si nous pouvons l’aider, nous l’aidons en famille, même si l’enfant est orphelin de père et de mère. Notre objectif ici, c’est de les amener à l’âge où ils peuvent se prendre en charge.

Afreepress.info : Est-ce à dire que si un enfant veut aller jusqu’au doctorat, le centre est prêt à l’accompagner ?

Siegfried Vidzro : Oui, les parrains sont prêts à l’amener au doctorat. Pour ceux qui ne pourront pas fréquenter jusqu’à ce niveau ou pour lesquels l’école ne marche pas et qu’il faut les orienter, nous pourrons les orienter dans un métier où ils pourront se prendre en charge et rejoindre leur famille.

Afreepress.info : D’où sont ces enfants ? Sont-ils uniquement de Badja ?

Siegfried Vidzro : Nous sélectionnons les enfants dans tous le Togo, il y en a qui sont de Dapaong, de Mango et d’un peu partout au Togo. Mais, il est important pour nous que l’enfant remplisse ces conditions sus-évoquées. Nous avons écarté l’idée de parrainage. Ils ne sont pas donné après à une famille qui n’est pas la leur, ils sont ici, on les prend en charge jusqu’à ce qu’ils ne grandissent, ils deviennent quelqu’un et rentrent à la maison, leur vraie maison.

Afreepress.info : L’orphelinat Agbenoxevi existe depuis quand et ces enfants, vous les recueillez à la naissance ? Aujourd’hui, est-ce qu’ils vont tous à l’école ?

Siegfried Vidzro: L’orphelinat existe depuis six (6) ans. De préférence, nous aimons recueillir les enfants à la naissance. Mais, ils sont jetés quelque part on les prend, à n’importe quel âge, mais l’âge supérieur c’est 4 ans. Plus grand que ça, nous estimons qu’il a acquis certaines choses et il nous serait difficile de le redresser. Cependant, il y a des enfants ici que nous avons pris à 8 ans parce que le cas est critique. Ils vont tous à l’école pour le moment.
Ils sont devenus des enfants de Badja où ils ont des camarades de classe et de jeu de Badja qui les visitent. Ils vont tous à l’école officielle mais leur cadre familial, c’est au centre de l’orphelinat.
Pour les 31orphelins que compte aujourd’hui l’orphelinat, nous avons 6 nounous qui ont en charge 5 enfants chacune. L’orphelinat est dirigé par une directrice qui a un BAC plus 5.

Afreepress.info : Comment se fait le partenariat avec les parrains ?

Siegfried Vidzro : Ici, chaque enfant a son parrain à l’extérieur du pays. Ils donnent à l’orphelinat une somme mensuellement pour la prise en charge de son filleul. Les parrains les considèrent comme leur enfant et ils viennent de temps en temps pour les voir.

Afreepress.info : Vous venez de parler avec une fille qui au premier trimestre a eu une moyenne de 15 et est première de sa classe. Ce résultat est-il dû à l’encadrement ou à l’intelligence de cette fille ?

Siegfried Vidzro : C’est des enfants que nous avons recueillis ignorant tout de leur capacité mentale. Parmi eux, il y en a qui ne s’en sortent pas malgré l’encadrement qu’on leur offre. On leur donne l’encadrement nécessaire pour qu’ils évoluent mais il faut reconnaître malgré ça, il y a d’autres qui n’arrivent pas, qui échouent ou qui râlent.

Afreepress.info : Aujourd’hui, vous êtes à 31 enfants. Est-ce qu’on peut espérer aller jusqu’à 100 un jour ?

Siegfried Vidzro : Non, c’est impossible. Au début, mes partenaires et moi avons voulu aller jusqu’à 100. Mais quand nous étions déjà à 25, nous avons trouvé qu’ils commencent à développer des caractères quand ils grandissent et qui nécessitent une prise en charge minutieuse. Dans ces conditions, nous ne prendrons que des cas extrêmes.

Afreepress.info : Une dernière question. Quand vous les voyez, comment vous sentez-vous ?

Siegfried Vidzro : Je me sens aux anges. Ma motivation est telle que je vois aujourd’hui que j’ai réalisé mon rêve, c’est-à-dire donner ce qu’on m’a donné.

Propos recueillis par Telli K.