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Les OSC africaines s’inquiètent des mesures pour une autonomie financière de l’UA: Edem Kodjo calme le jeu

Togo - Societe
« Nous serons tous avec la société civile, si au mois de juin, on ne prend aucune décision, concernant les finances de l’organisation »
Tous les africains ont été surpris d’apprendre selon les déclarations de Désiré Assogbavi, chef du bureau Oxfam International près de l’UA, que les décisions prises par nos chefs d’Etat lors de leurs différentes sessions ne sont exécutées qu’à peu près seulement 20 %. La raison évoquée dans une précédente interview publiée ici même sur www.pa-lunion.com est le manque de moyens. Alors qu’une commission mise en place, il n’ya pas longtemps, et présidée par l’ancien président Nigerian Olusegun Oba Sanjo, a fait nombre de propositions de mobilisation de fonds pour le financement des activités de l’Union Africaine.

Au cours du 22è Sommet des Chefs d’Etat de l’Union tenu à Addis Abeba en Ethiopie, la question s’est à nouveau posée avec la crainte des Organisations de la Société Civile (Osc) de ce que ces propositions hautement appréciées dorment dans les tiroirs. Ce qu’a confirmé l’ancien premier ministre togolais, ancien secrétaire général de l’OUA, M. Edem Kodjo. « Elles ont raison » nous a-t-il dit. Mais, ajoute-t-il, un wait and see d’ici juin pour une réaction commune.


Edem Kodjo est en entretien avec nous. Lecture !


pa-lunion.com : M. Edem Kodjo, bonjour !


Edem Kodjo : Bonjour !


pa-lunion.com : Ancien Secrétaire Général de l’organisation de l’Unité Africaine, vous continuez à jouer un rôle majeur dans les questions liées à l’intégration africaine. Vous avez participé, il vous souvient, à cette commission qui a planché sur les possibilités de mobilisation pour rendre autonome financièrement l’Union Africaine dans ses activités. Le rapport a été rendu public et jusqu’à présent, rien n’a été fait avec ce rapport, mais la question s’est posée autour du 22è sommet de l’Union Africaine. La société civile africaine a réclamé encore une fois que l’Union Africaine soit autonome financièrement. Alors, comment vous, vous concevez la situation ?


Edem Kodjo : D’abord, je ne joue pas un rôle majeur, disons que je continue à me rendre utile vis-à-vis d’une organisation à laquelle j’ai donné beaucoup, et vis-à-vis d’une cause, la cause africaine, qui est sans aucun doute, la cause de ma vie. Je fais parti donc de cette commission présidé par Obasanjo, pour essayer de doter notre organisation d’une autonomie financière. C’est vrai que c’est lamentable de voir ce qui se passe sur le continent africain. C’est lamentable, parce que, il y a une crise au Sud Soudan, les gens s’entre-tuent, nous sommes incapables d’intervenir. Il y a une crise en Centrafrique, les gens s’entre-tuent, nous ne sommes pas en mesure de réagir comme il faut...On a réagit, on a envoyé la MISCA mais ce n’est pas encore suffisant, et les problèmes de financement se posent pour ce qui concerne les dépenses à effectuer pour la bonne tenue des troupes qu’on a envoyées à l’extérieur. Alors, à la commission, nous avons étudié toutes les possibilités et nous avons opté pour deux prélèvements automatiques. L’un sur les hôtels, lorsqu’on va faire huit jours ou même, ne serait-ce que deux jours dans un hôtel, il y a un prélèvement prévu de dix dollars sur chaque opération de cette nature. Et puis une petite contribution de 1 à 2 % pour ce qui concerne un deuxième prélèvement portant également sur le secteur touristique, parce que, l’Afrique est un endroit aujourd’hui extrêmement couru, et l’ensemble fait des sommes considérables.


Nous avions proposé d’autres formules. Les prélèvements sur les polices d’assurance, nos petits prélèvements sur les importations provenant de l’extérieur sur le continent africain, certains ont même imaginé une formule, mais sur les importations. Bref, une dizaine de formules ont été envisagées très sérieusement. Aucune de ces formules n’est neutre économiquement. Les gens avaient envisagé quelque chose sur les produits pétroliers. Aucune de ces mesures, n’est réellement neutre économiquement parlant. Sur les exportations, les gens disent oui, ça va, augmenter vos prix à l’exportation, et donc, vous serez moins concurrentiels. Sur les importations, on me dit oui, ça va augmenter les prix à l’intérieur, déjà la charge fiscale à l’intérieur est assez lourde, la cherté de la vie, le panier de la ménagère, vous connaissez tout ça. Finalement c’est les deux derniers facteurs qui ont été retenus et présentés.


pa-lunion.com : Sur ces deux, qu’est-ce qu’on en fait aujourd’hui ? Est-ce que ça reste dans les tiroirs ou quoi ?


Edem Kodjo : Non, il ne faut pas aller trop vite. En fait, il n’y a pas de tiroir encore. Ce qui s’est passé, c’est que les chefs d’Etat ont décidé de confier à leurs ministres des finances, le soin de voir un peu, tous les aspects du problème. Personnellement, je trouve que c’est superfétatoire. On aurait pu aller et adopter cette affaire carrément, comme aujourd’hui, on a fini par adopté le CARIC en définitif, mais la tendance générale était en dépit de plaidoyer d’Obasanjo, du plaidoyer de Madame Zuma, la tendance a été de nommer une énième réunion des ministres pour qu’ils voient cela. Mais, ce n’était pas prévu que cette réunion des ministres des finances prenne consistance, avant ce sommet-ci, mais plutôt le sommet de juin dans six mois. Et c’est en ce moment là que le dossier sera revu. Les ministres des finances ont été convoqués pour la fin de ce trimestre de la nouvelle année. Je pense donc qu’ils vont venir nous faire des propositions, et nous serons là pour suivre les débats, mais il faut absolument qu’on fasse quelque chose.


pa-lunion.com : Vous avez dit qu’il n’y a pas de tiroir, mais dehors pendant que vous étiez là en plénière dedans, les organisations de la société civile pensent que, on tend vers justement l’oubli de vos propositions à cette commission.


Edem Kodjo : C’est possible, la société civile peut penser cela. On ne le lui reprocherait pas. Mais, si elle pense la même chose en juin, je parie que, en ce moment là, ça prendrait une autre tournure. Parce que, en réalité, nous serons tous avec la société civile, si au mois de juin, on ne prend aucune décision, concernant les finances de l’organisation. Parce qu’elles sont au plus bas, et nos besoins sont immenses. Les calculs que nous avons fait montrent que, non seulement, ce qu’on récolterait doit permettre au budget de fonctionnement et d’investissement de convenir à nos besoins nés, en plus, ce qui est très intéressant, c’est qu’on pourrait même avoir une réserve financière, qui servirait plus tard à des investissements d’un nombre beaucoup plus important. Ce n’est pas toute la somme qu’on va récolter, parce que, ce sont des sommes assez importantes qui seront données toute de suite au budget de l’Union Africaine dans son intégralité. Une partie, 10%, je crois sera prélevée pour constituer au fur et à mesure, un fond qui permettra de renforcer d’avantage les bases d’organisation.


pa-lunion.com : Mais, Monsieur le premier ministre, rien ne montre aujourd’hui que l’Union Africaine même a envie d’être autonome financièrement. Apparemment, on se plait dans ces appels de fonds, parce que l’argent vient de l’extérieur et on ne rend même pas compte et ça aussi, c’est un problème ?


Edem Kodjo : Oui, vous savez, aujourd’hui, je suis moins pessimiste que je l’étais même en arrivant ici. Parce que j’ai vu comment s’est organisé le débat sur le CARIC. Ce mécanisme nouveau qui doit permettre désormais d’envoyer des troupes sur des terrains d’opération en temps de crise. Mais tout le monde ne voulait pas. Il y a douze pays qui ont été désignés, qui sont proposés, qui sont volontaires, qui en verront des troupes à leur frais. Et ils n’auront rien à demander à l’Union Africaine. C’est déjà beaucoup.


pa-lunion.com : En dehors de ce travail que vous avez déjà fait, en espérant justement sa mise en œuvre dans les jours et mois à venir, vous venez d’être porté encore au rang des personnalités éminentes du MAEP. Quel sera justement votre rôle près de ce mécanisme ?


Edem Kodjo : Les éminentes personnalités ont un rôle à la fois de supervision et un rôle d’animation. Je pense que le MAEP est une institution très importante, puisqu’elle doit s’occuper de la bonne gouvernance, des droits de l’Homme et de la démocratie en quelque sorte dans les pays. Et ça, c’est un point fondamental et on arrivera sans doute à mettre tout en œuvre. C’est un peu compliqué comme système à l’heure actuelle. C’est quand j’aurai mis le pied à l’intérieur que je commencerais à travailler effectivement là-dessus. On en reparlera.


Monsieur le Premier ministre Edem Kodjo, merci !


Merci beaucoup !