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Présidentielle 2020 : Ouattara met Faure en difficulté

Togo - Politique
L’année 2020 va cristalliser les attentions dans divers pays africains. En Côte d’Ivoire et au Togo, les populations seront amenées à aller aux urnes pour désigner celui qui conduira les destinées de leur pays. D’ores et déjà les positions s’affichent. Le chef de l’Etat sortant Alassane Ouattara a déclaré passer la main et n’envisage pas de briguer un mandat de plus. Ce qui n’est pas le cas chez son homologue togolais Faure Gnassingbé qui devient de plus en plus isolé.
ADO (Initiales d’Alassane Dramane Ouattara, Ndrl) nom donné au chef de l’Etat ivoirien par ses partisans, a levé le voile sur son intention de briguer ou pas un mandat de plus en 2020. Et cela ne fait plus ombre de doute, il ne se représentera pas et l’a fait savoir le 16 juillet dernier lors de l’Assemblée générale constitutive du Rassemblement des houphouetistes pour la paix et la démocratie (RHDP), un parti unifié.

Le chef de l’Etat ivoirien savait qu’il était très attendu, surtout que quelques semaines avant cette rencontre, il avait laissé planer le doute et fait croire qu’il veut rempiler pour un troisième mandat. Et lors de son intervention à l’Assemblée nationale 16 juillet dernier, il a pris l’assistance de court. « Le RHDP est né de la vision clairvoyante de chacun d’entre nous, bien plus importante que nos ambitions personnelles et les ambitions de nos partis. Cette alliance durera, elle vivra. Nous devons travailler main dans la main, le président Bédié et moi pour transférer le pouvoir à une nouvelle génération en 2020 », a déclaré sans ambages Alassane Ouattara. Sa déclaration a provoqué un tonnerre de joie à l’Assemblée où étaient présents les membres du gouvernement dont les ministres du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président Henri Konan Bédié, le Vice-président Daniel Kablan Duncan, les présidents des institutions comme le Conseil économique et social, le Sénat et l’Inspection générale.

En toile de fond de la déclaration d’ADO qui ne souffre pas de transparence, le désir de renouvellement de la classe politique dirigeante ivoirienne. Le président veut insuffler une cure de jouvence aux acteurs qui animent la scène politique. C’est pourquoi il ne cache pas sa volonté de « transférer le pouvoir à une nouvelle génération 2020 ». Et c’est en ce sens qu’il faut voir son allusion faite à l’âge des présidents et chefs de gouvernements européens dont la moyenne est jeune. Aussi est-il fier d’avoir contribué à bâtir un parti qui regroupe presque toutes les composantes de la Côte d’Ivoire, à l’image de la Nation arc-en-ciel en Afrique du sud. Si la position de l’actuel chef de l’Etat ivoirien n’aplanit pas de facto les divergences au sein du RHDP, elle a le mérite d’être dans l’ère du temps, c’est-à-dire en phase avec un monde qui change. Une réalité que les autorités togolaises refusent de voir.

Faure de plus en plus isolé

Le chef de l’Etat togolais est à la recherche d’un quelconque soutien qui puisse lui permettre de briguer un quatrième mandat. Un mandat jugé de trop par sa population qui lui demande de libérer le plancher et permettre une alternance au pouvoir. Mais ce soutien se fait rare, et de surcroît, les actes et les déclarations de ses homologues de la sous-région ouest africaine l’isolent davantage. Au Niger, Mahamadou Issoufou a réitéré sa volonté de ne pas se représenter. La dernière sortie d’Alassane Ouattara est une estocade aux velléités de Faure Gnassingbé qui désire continuer dans les sillons que son père, qui a dirigé le Togo durant 38 ans de règne, lui a tracés.

Cette volonté manifeste de ne pas permettre à son pays d’expérimenter l’alternance politique au sommet de l’Etat s’est révélée au monde entier depuis le 19 août 2017. Confronté à un rejet total de sa politique par un soulèvement populaire (sans précédent depuis son accession sanglante au pouvoir en 2005) à travers tout le pays, Faure Gnassingbé tente depuis bientôt un (01) an d’étouffer les revendications pourtant légitimes de son peuple qui sont, entre autres, la limitation de mandat à deux, le retour à la Constitution de 1992, le vote de la diaspora, les réformes constitutionnelles et institutionnelles. Depuis août dernier, plusieurs personnes ont été tuées, réprimées sauvagement, d’autres jetées en prison (comme les membres du mouvement Nubueke) par le régime à la suite des manifestations de l’opposition réunie au sein de la Coalition des 14 partis politiques. La crise s’est enlisée et la CEDEAO s’est invitée au chevet du Togo à travers ses Facilitateurs que sont les chefs d’Etat ghanéen et guinéen Nana Akufo-Addo et Alpha Condé. L’espace communautaire ouest africain est très attendu le 31 juillet prochain pour sa feuille de route pour une sortie de crise au Togo.

Il est clair que Faure Gnassingbé ne songe pas quitter le pouvoir. Une attitude qui a fini par déconcerter ses pairs (anciens et nouveaux) de la sous-région qui se rendent compte de sa véritable personnalité. Dans la quête de soutiens pour asseoir son pouvoir en 2005, il s’est promené auprès des chefs d’Etat qui étaient alors en exercice. Ces derniers avaient fini par lui accorder le bénéfice du doute. Mais des années après, ils découvrent avec stupéfaction que Faure Gnassingbé ressemble fort étrangement à son père, obtus au changement.

Une attitude qui crée de plus en plus l’isolement sur la scène politique continentale du chef de l’Etat togolais qui refuse d’écouter les conseils. Il s’est fait entourer des gérontes (qui ont travaillé avec son père) très conservateurs et souvent déconnectés de la réalité. Il ne veut pas engager son pays sur les rails de l’alternance politique au sommet de l’Etat à l’image de ses pairs de la sous-région. Ce qui forcément entraînera sa chute car certains changements sont irréversibles.