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Crise politique au Togo : Paris lâche Faure

Togo - Politique
Mamoudou Gassama, le sans papier malien, reçu sans audience à l’Elysée après son geste héroïque serait-il plus important que Faure Gnassingbé, chef d’Etat du Togo depuis 13 ans et président en exercice de la CEDEAO ? De toute évidence oui, lorsqu’on décrypte attentivement les propos du président français Emmanuel Macron interpellé par des Togolais de la diaspora à Montréal en marge du sommet du G7.
En effet, depuis le coup d’essai d’un compatriote à Washington lors de la visite officielle du président français aux USA il y a quelques mois, plusieurs Togolais de la diaspora sont décidés à apostropher le président français lorsque l’occasion se présente, pour lui poser des questions sur la crise togolaise. Depuis jeudi nuit, une vidéo fait le tour de la toile. On y voit Emmanuel Macron en escale à Montréal en compagnie du Premier ministre Philippe Couillard, interpellé avec insistance par un Togolais sur la crise qui secoue son pays. Le président français, en toute élégance, s’est prêté aux questions réponses de son interlocuteur.

Invité à se prononcer sur les revendications légitimes du peuple togolais, le président français a rappelé sa position en ces termes : « Il y a une démarche qui est lancée par l’Union Africaine pour qu’il y ait des élections libres et que la Constitution soit respectée. Que la Constitution inscrive la limitation des mandats dans le temps et que le peuple puisse s’exprimer et procéder à une transition démocratique ». En français facile, lorsqu’on parle de transition démocratique, d’élections, libres pour que le peuple s’exprime, cela signifie dans un premier temps que le régime actuel n’est pas démocratique, sinon on ne parlerait plus de transition, et qu’en plus le peuple n’a jamais eu l’opportunité de s’exprimer librement.

Plus loin, le successeur de François Hollande en rajoute une couche pour mieux préciser sa pensée, notamment sur la question du retour à la constitution de 1992 : « Ce qui est demandé par l’Union Africaine, c’est qu’il puisse y avoir alternance, et je soutiens totalement cela », tout en prenant soin de rappeler c’est du passé, le temps où la France donnait des injonctions aux présidents africains de quitter le pouvoir. « Je ne veux pas tomber dans des pratiques d’un autre âge où c’est la France qui veuille expliquer à un pays ce qu’il doit faire. »

Macron prend ses distances de Faure

Poussé dans ses retranchements par son interlocuteur, Emmanuel Macron a fini par lâcher une phrase qui, en réalité, résume la position de la France vis-à-vis du régime de Gnassingbé père et fils qui totalise plus de 50 ans de règne totalitaire. A son interlocuteur qui lui demande s’il va encore le recevoir (Faure Gnassingbé) et son gouvernement, le président français au ton peu diplomatique, envoie une réponse interrogative à son interlocuteur : « Est-ce que je l’ai reçu en voyage bilatéral ou est-ce que je m’y suis rendu ? ». Ce bout de phrase à la saveur humiliante pour celui dont on parle, c’est-à-dire Faure Gnassingbé, n’est pas une bonne nouvelle pour les tenants du régime cinquantenaire de Lomé.

Pour le président français habitué à recevoir régulièrement les chefs d’Etat africains, Faure Gnassingbé même avec son titre pompeux de président de la CEDEAO, est infréquentable. Dans les pays francophones et parfois un peu au-delà, la France reste un référent. Se faire recevoir à l’Elysée par un chef d’Etat français dépasse un simple privilège. C’est un passage parfois nécessaire pour un succès diplomatique sur la scène africaine ou internationale. Pendant que ses homologues sont fréquents à l’Elysée, au point que certains comme Mahamadou Issoufou s’y rend chaque mois, Faure Gnassingbé n’aura pas cette opportunité. Au dernier G7 au Canada, les présidents comme MackySall, Uhuru Kenyatta ont été invités à cette grande messe des puissants de ce monde. Personne ne s’est souvenu du président en exercice de la CEDEAO.

Emmanuel Macron a clarifié publiquement la position de la France. Les diplomates en poste à Lomé qui se livrent parfois à des déclarations tendancieuses, le plus souvent en soutien au régime en place, doivent se rendre à l’évidence que leurs patrons savent mieux les contours de la crise politique au Togo. Il est de notoriété publique que depuis des années, les milieux diplomatiques au Togo sont souillés par les mallettes de billets de banque, poussant parfois certains diplomates à perdre la lucidité.

Le peuple togolais et surtout la classe politique de l’opposition doit mieux s’organiser pour proposer une alternative crédible afin que l’alternance à portée de main devienne une réalité au Togo.