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Interview d’Alphonse Sogadji du Parti socialiste démocratique (PSD) du Bénin : « Les échanges d’expériences nous permettent aux uns et aux autres de s’abreuver aux sources diversifiées »

Togo - Politique
Une forte délégation du Parti socialiste démocratique (PSD) du Bénin séjourne depuis ce mercredi au Togo. Conduite par son président, Emmanuel Golou, la délégation du PSD est au Togo pour échanger avec la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) de Brigitte Adjamagbo Johnson. Le PSD et la CDPA se trouvent dans la même famille politique qui est l’Internationale socialiste.
Dans une interview accordée à l’Agence de presse Afreepress, le vice-président, chargé de la coopération et des relations internationales du parti béninois, Alphonse Sogadji, revient sur ce
qu’ils sont venus faire au Togo. Lire l’interview

Question : Bonsoir monsieur, présentez-vous et dites nous l’objet de votre visite au Togo

Alphonse Sogadji : Je suis monsieur Sogadji Alphonse, vice-président, chargé de la coopération et des relations internationales du Parti socialiste démocratique (PSD) du Bénin. Nous sommes avec la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) du Togo et d’autres partis du continent et du reste du monde, membres d’une très grande famille politique, la plus grande sur la scène internationale qui est l’Internationale socialiste. Cette grande famille a des comités régionaux au niveau de l’Afrique, c’est le comité Afrique qui regroupe donc les partis socialistes et démocratiques et nous travaillons ensemble. Le PSD du Bénin et la CDPA du Togo sont des partis frères et amis. Et dans le cadre de cette fraternité et cette amitié, nous nous rencontrons souvent pour échanger parce que comme vous le savez, en politique, on est toujours en apprentissage.

Les échanges d’expériences nous permettent aux uns et aux autres de s’abreuver aux sources diversifiées, et donc nous sommes ici actuellement au Togo avec la délégation du PSD conduite par le président du parti, son Excellence Emmanuel Golou, président du comité Afrique de l’Internationale Socialiste. Nous sommes venus échanger avec nos camarades de la CDPA sur l’expérience de notre parti et de la démocratie au Bénin ainsi que l’expérience de la CDPA et de la démocratie au Togo. Nous allons échanger naturellement sur des questions concernant l’Afrique et le monde entier, voilà l’objet de notre visite. Partage d’expériences comme l’a dit toute à l’heure la secrétaire générale de la CDPA, nous allons également ouvrir un panel.

Nous avons dans notre délégation, des responsables du bureau exécutif national, des responsables au niveau des fédérations, des responsables au niveau des cellules parce que chez nous, chacun joue sa partition. Nous avons des élus communaux, nous avons le maire de la commune d’Aplakou qui est là, le grand conseiller communal de la mairie de Cotonou qui fait partie de la délégation. La délégation est ainsi constituée pour partager avec la CDPA nos expériences. Il est vrai qu’on peut dire qu’au Bénin, nous sommes un peu en avance sur vous mais nous avons aussi des choses à apprendre comme vous aussi vous avez des choses à apprendre de nous.

Quand on dit qu’un parti socialiste est membre de l’Internationale Socialiste, qu’est-ce que cela sous-entend ?

Cela sous-entend l’adoption du respect tout simplement de nos valeurs dont la liberté qui est une de nos valeurs cardinales. Nous sommes assis sur des valeurs dont la liberté, la solidarité, légalité, la justice sociale et beaucoup d’autres valeurs cardinales que nous défendons. On n’est pas socio-démocrate, on n’est pas socialiste si on n’est pas convaincu, si on ne défend pas des valeurs. Nos partis sont assis sur la défense de ces valeurs et si vous prenez le parcours de nos partis politiques depuis leur création dont le Parti socialiste, il y a 26 ans, nous défendons des valeurs pour instaurer à l’époque au Bénin la démocratie, continuer toujours le combat pour la démocratie où le combat pour la démocratie est un combat quotidien parce qu’il n’y a pas un développement sans démocratie qui suppose une liberté reconnue aux uns et aux autres dans l’exercice de leurs activités, dans le respect des lois de la République, dans le partage équitable, et la justice sociale. Nous sommes basés sur le respect de certaines valeurs fondamentales, ce qui fait notre identité. Donc, on est socialistes, on est socio-démocrates, on est de la famille socialiste lorsqu’on respecte les valeurs qui sont de notre identité politique.

Quel est votre agenda au Togo ? Est-ce qu’à part la CDPA, vous allez visiter d’autres partis politiques ? Vous disiez également tout à l’heure que vous avez des élus locaux dans votre délégation. Quel impact votre visite va avoir sur le processus des élections locales dans notre pays puisque vous n’êtes pas sans savoir qu’au Togo, nous n’avons pas d’élections locales ou d’élus locaux depuis plusieurs années? Est-ce que cela constitue un frein pour la démocratie ?

Vous savez, chaque pays à sa démocratie. Chez nous, c’es depuis 1998 que nous avons commencé l’expérience de la démocratie à la base et cela s’est passé par des responsables qui ont dirigé les administrations à la base c’est-à-dire les villes, les arrondissements, les communes. Selon nos informations, il me semble que vous vous préparez certainement et cela cloche au niveau des textes. De toute façon, cela ne se décrète pas du jour au lendemain. La décentralisation, c’est d’abord les textes, il faut donc voter les lois, des lois qui organisent le découpage électoral sur l’unité administrative, le découpage sur le partage du pouvoir entre le
pouvoir central et les structures décentralisées. Il faut un arsenal juridique qui constitue l’acte de naissance de la décentralisation avant qu’on ne fasse l’état des élections locales proprement dites.

L’expérience est encore en cours au Bénin, nous continuons par chercher quelle est la meilleure forme parce qu’actuellement même, les élus locaux fréquentent les gens du pouvoir, c’est un pouvoir que l’Etat central n’a pas totalement délégué aux administrations décentralisées. Donc, on va continuer et nous souhaitons vivement que cela ait lieu au Togo pour que nous puissions être au même niveau de démocratie. C’est un souhait.

Concernant la visite des autres partis politiques du pays, nous allons discuter de ces questions avec nos amis de la CDPA pour voir dans quelle mesure nous pouvons visiter les autres partis parce qu’on dit l’ami de ton ami est aussi ton ami. Nous avons rendu visite à nos amis de la CDPA, s’ils souhaitent nous en étendre à d’autres partis, nous allons en faire une cuisine interne.

Qu’est-ce qui explique la maturité de la démocratie béninoise ?

Ils y a plusieurs facteurs qui expliquent ce qu’on appelle la maturité politique au Bénin. D’abord, au début, depuis les années 1990, la conférence nationale des forces vives du pays a été un moment de dialogue inter-partis et à l’époque les gens se sont parlé, les adversaires politiques se sont parlé et se sont pardonné beaucoup de choses. Cela a été un moment de libération du peuple. Le président Matthieu Kérékou, paix à son âme, avait ouvert à l’époque un grand moment d’échange, de partage, où les acteurs de la vie politique, ceux qui à l’époque étaient en exil, étaient revenus. Ils ont beaucoup dialogué donc on peut dire que ça a été le fondement, la base même de notre démocratie. Ensuite, les partis politiques se sont créés librement. Il y a la création des partis politiques divers, des idéaux des socialistes, des socio-démocrates, des communistes et d’autres courants politiques. Il y avait une liberté totale pour la création de parti politique, non seulement liberté de création de parti politique mais également de liberté d’animation de la vie politique. Donc cette liberté d’organisation, d’association, d’administration de la vie politique est basée sur notre loi fondamentale, la Constitution adoptée en 1990 et qui vraiment a constitué le texte fondamental qui a organisé les administrations dans le pays. Et ce sont les institutions mises en place en dehors des partis politiques comme la Cour constitutionnelle, la Cour suprême, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, le Conseil économique et social et chaque organe, chaque institution a ses responsabilités et dans la mesure du possible, respecte la constitution. Donc chaque acteur se souvenant des périodes dures de la révolution du général Matthieu Kérékou qui a essayé de jouer sa partition en instaurant cette liberté et tant qu’il y a ce contrôle de liberté, du respect des textes de la République et le respect du jeu démocratique, de la compétition électorale, chacun s’est organisé et utilise sa stratégie à sa minière. Et chaque fois que certains ont gagné, les perdants reconnaissent la victoire de ceux qui ont gagné, ça fait que nous avons instauré une tradition démocratique, une tradition d’alternance au pouvoir. Alors voilà quelques éléments avec bien entendu des partis politiques dont notre parti ont su maîtriser la notion de démocratie, avec une formation constante donnée à nos militants, surtout aux jeunes qui constituent aujourd’hui la relève de demain. Cette formation permanente, cette éducation politique donnée aux militants renforce la démocratie dans son ensemble et les partis politiques en particuliers qui sont les principaux acteurs de l’animation de la vie politique. Voilà quelques éléments qui expliquent le niveau de la démocratie au Bénin.

Vous suivez l’actualité au Gabon, vous en avez sûrement un avis sur la situation qui prévaut en ce moment.

Oui, nous avons suivi sur les chaînes internationales les résultats. Les résultats ont été proclamés et c’est Ali Bongo qui a gagné avec 49% contre 48% pour Jean Ping. Ce qui a commencé par se passer là-bas, apparemment n’est pas souhaitable. Un peuple ne peut pas être heureux si son voisin est en difficulté. Lorsque vous avez connu des difficultés ici au Togo en 2005, ça a rejailli sur nous. Vous avez des réfugiés, des gens qui sont encore peut-être restés chez nous au Bénin. Nous sommes tous sur le même continent, nous avons des frères béninois qui sont très nombreux au Gabon, je suppose que c’est la même chose chez vous ici donc il est à souhaiter très vivement qu’au Gabon, la situation se calme pour qu’on puisse rapidement trouver une solution. Je ne souhaite pas que ça dégénère comme ce qui est arrivé au Togo. Souvent, je me demande si cela devait arriver au Bénin, je vais fuir pour aller où ? Donc il faut encourager le peuple qui connaît des moments très chaux, à décolérer. Vous avez des refugiés chez nous, et c’est regrettable, je ne souhaite pas que cela arrive au Gabon.

Interview réalisée par Mathurin A.