iciLome : Ne pensez-vous pas que la création des nouvelles préfectures peut être source de conflit entre les populations concernées ?
Abass Kaboua : Je vous remercie pour cette pertinente question. Je suis dans la politique cela fait plus de 30 ans. Mon père fut en 1977 chef de district à Lomé, ça veut dire l’équivalent du préfet aujourd’hui. Et à cette époque, il y avait un certain Amémaka Sedjro, chef canton d’Agoényivé. Déjà sous lui, Agoényivé voulait se déconnecter de la ville de Lomé. Si entre temps les gents voulaient déconnecter et un matin le pouvoir a profité de la situation et leur a donné ce qu’ils veulent à qui la faute ? La faute vient de l’élection présidentielle de 2015 à laquelle les gens ont participé. Parce qu’en étant à nouveau président grâce à ce scrutin, Faure Gnassingbé est en train d’opérer les réformes à sa manière. Alors, quel nom les gens veulent qu’on donne à ce qu’il est en train de faire ? Ce sont des réformes qu’on le veuille ou pas. En créant les préfectures, c’est une réforme institutionnelle. En gros, c’est Jean-Pierre Fabre qui a permis à Faure de diriger unilatéralement les réformes comme ça, par le fait qu’il s’est hâté à aller aux élections sans les réformes. Maintenant que Faure est aux commandes, il fait ce qu’il veut.
Maintenant ce qu’il faut faire, c’est d’user du statut de l’opposition pour convaincre le pouvoir, non pas par des marches, mais par un dialogue. Les préfectures sont créées en pleine année budgétaire. On a déjà mis des pancartes sur le terrain derrière le bâtiment CECO à Agoé et sur ces pancartes est écrit : Ici sera construit les bureaux de la préfecture d’Agoé. Vous imaginez comment les gens d’Agoé vont accueillir la nouvelle si un jour on venait leurs dire que Agoé n'est plus une préfecture? Vous allez voir les réactions, parce que les gens ont écouté le décret et pour eux, le décret est trop fort. Et puis, qui vous dit que les gens d’Agoé ne veulent pas être dans une préfecture ?
Je vais vous dire, les gens travaillent parce qu’ils ont vu que l’opposition déconne, vous voulez qu’ils croisent les bras le temps de permettre à l’opposition de se relever, Non. Ils avancent et opèrent les réformes à leur manière.
Faure Gnassingbé a procédé à certaines inaugurations le 26 avril dernier, notamment la nouvelle aérogare de Lomé, l’hôtel Radison Blu, l’usine d’assemblage de motos à Notsè, etc. Etes-vous d’avis avec certains observateurs les fonds engloutis par ces travaux peuvent servir à autre chose pour soulager les populations ?
J’avais dénoncé déjà la réfection de l’aéroport de Lomé, parce que sous Gnassingbé père des terrains de plusieurs hectares ont été confisqués à Lili Kopé pour construire la nouvelle aérogare. Maintenant ce que je déplore pour cette nouvelle aérogare est la somme faramineuse qu’ils ont dépensée avant de la faire sortir de la terre. Au lieu de 40 milliards, ils ont déboursé plus de 75 milliard de F CFA, à peu près le double. Là, il y a un problème.
Quant à Radisson Blu 2 février, à ce que je sache, un communiqué est sorti pour dire que l’Etat togolais n’a déboursé un rond pour sa réfection. Moi, je suis parti extra-parlementaire. Mais ceux qui sont à l’Assemblée sont à même de convoquer le ministre des Finances pour lui demander des explications. C’est comme ça que ça fonctionne dans un Etat normal. Nous nous pouvons dénoncer comme on est en train de le faire sur les médias, mais les gens mieux indiqués sont à l’Assemblée et se réclament de l’opposition. Qu’il convoque le ministre des Finances pour qu’il leur explique comment les fonds ont été utilisés, et je suis sûr que les députés de la majorité aussi seront contents d’écouter les explications de ce ministre. Ces députés de la majorité ont cette volonté, mais ils sont tellement verrouillés qu’ils n’ont pas cette occasion là que l’opposition a à l’hémicycle.
Assemblage de motos ! Est-ce que le Togo a une société désormais qui assemble les motos? En tout cas, je ne suis pas au courant. Par contre, si c’est des fonds privés, cela rentre dans un autre volet. Pour moi, c’est de la publicité. Mais en termes d’activité, on ne peut empêcher le chef de l’Etat de faire des inaugurations. Il faut que lui aussi sorte un peu pour s’évader dans des choses comme ça.
Réalisée par I.K/AKG
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