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Interview de Me Mouhamed TCHASSONA-TRAORE : « Les chefs traditionnels ont un rôle important à jouer dans notre pays, mais pas plus que les partis politiques »

Togo - Politique

Le Mouvement citoyen pour la démocratie et le développement (MCD) est prêt pour les élections locales et n’attend plus que l’annonce d’un calendrier pour dérouler ses stratégies d à l’endroit des populations. Mais avant cela, cette formation politique exige du gouvernement, des échanges avec la classe politique de l’opposition. Des échanges devant permettre d’éclaircir un certain nombre de points. «Nous voulons savoir quels types d’élections vont être organisées. Il y a trois échelons dans nos lois. Il y a les régionales, il y a les municipales et il y a les communales. Alors à quel niveau d’élections locales allons-nous ? Voilà toute chose qui nécessite une rapide rencontre avec les acteurs politiques et le gouvernement. Une autre question d’importance c’est de savoir si en cas de décentralisation, ce que le pouvoir central entend faire pour permettre le transfert des compétences. Une autre question c’est de savoir si au Togo nous allons respecter ce que dit la loi sur la décentralisation et faire l’option d’une décentralisation intégrale ? ». Voilà autant d’interrogations qu’il soulève dans une interview qu’il a accordée à l’Agence de presse Afreepress.

Lire l’intégralité de l’entretien.
Bonjour Me Tchassona Traoré. Quelle analyse faites-vous-vous du débat qui s’installe sur la question des élections locales et de la décentralisation ?

Mouhamed Me Tchassona Traoré : Nous avons effectivement suivi comme l’ensemble des Togolais, la rencontre que le Chef de l’Etat a eue avec les chefs traditionnels et les chefs cantons et qui avait pour objet la décentralisation annoncée. Nous osons croire que cette rencontre n’est que la 1ère d’une série et d’autres suivront. Si c’est la seule, nous serions passés à côté de l’essentiel parce que les chefs traditionnels ont un rôle important à jouer dans notre pays, mais pas plus que les partis politiques.

Il est programmé un statut de la chefferie traditionnelle qui n’est pas encore adopté. Le MCD proposait déjà qu’il faut que dans la loi sur la décentralisation, on puisse apporter des correctifs pour que ces chefs cantons, ces chefs traditionnels puissent être des conseillers référendaires au sein des prochaines communes sans voix délibératives, pour ne pas créer des conflits de compétence à la base et pour que ceux-là puissent aider à faire l’arbitrage dans la délimitation des aires géographiques. Voilà autant d’exemples. Bien sûr qu’ils devront avoir un rôle de premier plan à jouer dans notre processus de décentralisation mais ils ne sont pas des acteurs de premier plan. C’est la première observation que je voudrai faire.

La seconde, c’est que sur des questions de fond, nous sommes restés sur notre faim bien que la rencontre avec le Chef de l’Etat dénote de la volonté d’aller vers les élections locales nous voulons savoir quels types d’élections vont être organisées. Il y a trois échelons dans nos lois. Il y a les régionales, il y a les municipales et il y a les communales. Alors à quel niveau d’élections locales allons-nous ? Voilà toute chose qui nécessite une rapide rencontre avec les acteurs politiques et le gouvernement pour échanger sur chacune de ces questions.

Une autre question d’importance c’est de savoir si en cas de décentralisation, qu’est-ce que le pouvoir central entend faire pour permettre le transfert des compétences ? Une autre question c’est de savoir si au Togo nous allons respecter ce que dit la loi sur la décentralisation et faire l’option d’une décentralisation intégrale ? Auquel cas, est-ce que nous n’allons pas à l’encontre de notre constitution qui met tous les citoyens sur le même pied d’égalité devant le service public ?

Voilà autant de questions que nous devons clarifier et qui nécessite que le Chef de l’Etat après avoir rencontré les chefs traditionnels, puisse ouvrir le débat avec la classe politique de l’opposition et que nous puissions échanger et avoir une clarification sur ce qui va être fait. Une autre observation qui n’est pas des moindres, c’est qu’il faut que nous ayons le calendrier pour que nous n’ayons pas au sortir de ces élections, les mêmes contestations que par le passé. Il faut que pour une fois nous allions à des élections où le vainqueur dira que j’ai effectivement gagné et le vaincu saura qu’il a perdu.

Etes-vous d’accord avec le redécoupage que vient de faire le gouvernement ?

Il faut que chacun joue son rôle. Nous sommes demandeurs d’un certain nombre de choses. Nous voulons des élections locales, nous voulons également qu’il y ait des réformes. La création de nouvelles préfectures c’est toujours un acte administratif, le découpage administratif c’est l’administration qui le fait. Mais le découpage électoral a été prévu par les accords de Ouaga et nous devons échanger là-dessus. Le découpage administratif, il me semble que c’est par un acte administratif que c’est fait. Mais l’Etat ne doit pas agir par le fait du prince. Nous devons pouvoir échanger sur ces questions étant donné que nous sommes dans un pays où n’a vraiment jamais été d’accord sur l’essentiel. Il faut pour une fois, que ces questions ont un impact sur le processus engagé sur la décentralisation, qu’on puisse au moins se mettre d’accord.

Maintenant que le gouvernement aille créer quatre préfectures, nous estimons que c’est insuffisant. Nous avons proposé qu’avant même d’aller aux élections il faut réorganiser les régions du pays qui sont déséquilibrées et qui ont été découpées de manière arbitraire et ne répondent à aucun critère qui soit sérieux.

Donc nous devons peut-être aller vers ça d’abord. Il faut rééquilibrer les régions. Nous disons même que Lomé, compte tenu de sa configuration aujourd’hui, sa gestion pose des problèmes énormes et il faut qu’elle soit éclatée en autant de préfectures autonomes et autour desquelles nous allons organiser le développement. Nous avons vu ça ailleurs. Nous prenons pour base, les huit cantons de l’agglomération de Lomé autour desquels nous pouvons déjà organiser des préfectures fiables avec une administration centrales et une décentralisation qui viendra compléter le dispositif afin que nous prenions en main les véritables problèmes au plan économique, social et culturel de la capitale. Redéfinir les régions, ériger certaines localités en préfecture pour pouvoir équilibrer le jeu dans une vision beaucoup plus global.

Est-ce que le MCD estime comme l’ANC que l’organisation des élections locales doit passer par les réformes constitutionnelles et institutionnelles ?

Nous pensons qu’il ne faut pas faire d’amalgame. Nous sommes dans un processus qui est vieux et nous réclamons ces élections locales il y a très longtemps. Vouloir faire la priorité entre l’organisation des élections locales et l’obtention des réformes c’est un jeu très risqué. Pour nous, toutes ces choses sont des priorités. On ne peut pas conditionner l’un par rapport à l’autre et nous disons qu’il y a un champ pour pouvoir revendiquer l’obtention des deux choses sans qu’on puisse conditionner l’un à l’autre. Les réformes, nous les attendons de tous nos vœux et nous travaillons pour qu’on puisse l’obtenir.

S’il faut aller aux élections locales aujourd’hui, est-ce que le MCD est prêt ?

Tous les partis politiques qui se constituent et se veulent responsables doivent pouvoir être prêts à tout moment pour affronter le suffrage de nos concitoyens. Parfois, nous disons une chose et son contraire parce que ce n’est pas aujourd’hui que nous réclamons ces élections et s’il fallait y aller, vous verrez le MCD sur le terrain parce qu’elles sont plus importantes à notre avis que les élections législatives. Pour nous, un élu locale qui est en contact direct avec les populations à la base aura la capacité de prouver à ces électeurs ce dont il est capable d’où toute la problématique de leur organisation aujourd’hui.

Une fois que vous êtes élus pour une commune, vous devez agir et apporter des changements et c’est difficile c’est pour cela que les gens ont peur de les organiser et nous pensons que nous devons tout faire pour qu’elles aient lieu.

Propos recueillis par A.G