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Interview exclusive de Brigitte Adjamagbo-Johnson : « Komi Klassou, le Togo, présidentielle 2015, Fabre, l’Oif et moi», elle parle de tout !

Togo - Politique
Elle était l’icône de ce qui restait du long parcours de la CDPA (Convention Démocratique des Peuples Africains) une formation socialisante que le manque de soutiens populaires et les utopies de gauche ont consumée progressivement. Seule femme à la tête d’un parti politique « important », cette universitaire s’est lentement radicalisée au point de se retrouver à la tête de la coalition qui mène la candidature du principal challenger de Faure Gnassingbé à la présidentielle de 2015, CAP 2015. Elle a su jouer son rôle jusqu’au bout malgré les susceptibilités confrériques de l’entourage hostile et hermétique de Jean Pierre Fabre et aux côtés du président de l’ANC (Alliance National pour le Changement), elle crie victoire. Des cris que n’entendent plus les capitales européennes qui ont toutes félicité le président sortant pour sa « réélection » malgré les irrégularités évidentes et fraudes abondantes. Face à cette situation, elle appelle à tirer de la communauté internationale, ce qu’on « peut tirer de bien » et s’obstine à réclamer la victoire, pendant que la nomination d’un Premier ministre et le silence des chancelleries rendent la voix de la contestation plus inaudible que jamais… Afrikaexpress est allé à la rencontre de cette femme qui a su jusque-là cumuler une ferme proximité avec Fabre et une fidélité à son menton d’hier, Léopold Gnininvi qu’un maladroit passage au gouvernement de Faure Gnassingbé a soumis au silence. Assourdissant silence au point où il n’a été vu nulle part pendant tout le processus électoral. Comment concilier pendant longtemps encore la CPDA ou ce qui en reste, un parti de « réflexions et de compromis » avec CAP 2015, dernier ramassis des plus radicaux d’une classe politique en perte de vitesse ? C’est son permanent défi. En attendant, elle parle de tout dans cet entretien ou presque. L’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) qu’elle taque prudemment, la nomination de Klassou à la primature qu’elle minimise, Jean Pierre Fabre qu’elle défend, la Cour constitutionnelle et la Ceni qu’elle accable, le CAR de Agboyibo qu’elle ignore… Avec une touche de modération qui rend diplomatiques ses propos, peut être aussi « sa » touche de femme tout court. Bonne lecture !
Komi Sélom Klassou vient d’être nommé le nouveau premier Ministre, que vous inspire ce choix ?

Komi Sélom Klassou a toujours milité dans le RPT-UNIR, qu’il soit nommé Premier Ministre soit choisi par M. Faure Gnassingbé, cela ne m’étonne pas et ne regarde qu’eux. Notre problème en ce moment, ce sont les désaccords avec les résultats (de l’élection présidentielle ‘avril 2015, Nlr) qui ont été annoncés, et nous nous battrons en sorte que la vérité éclate au grand jour. Cette fois-ci, nous n’allons pas laisser passer en pure perte et profit ce coup de force qui a été opéré.


Est-ce que vous n’auriez pas été contactée avant cette nomination pour occuper ce poste ?

Pas du tout. Pas du tout. CAP 2015 n’a pas du tout été contacté. Ni moi personnellement. Et puis ça nous aurait surpris. Comment voulez-vous qu’on nous contacte si nous nous considérons toujours que nous avons gagné et qu’il (Faure Gnassingbé, Ndlr) nous a volé notre victoire

Vous parlez toujours de votre victoire sans jamais en jouir, il y a quelques semaines, vous avez fait appel à l’OIF, et elle a rejeté votre requête, vous êtes déboutée ?

L’OIF n’a pas rejeté notre requête. Elle nous a répondu en disant que ce que nous lui demandons est du ressort de la CENI et de la Cour Constitutionnelle et par conséquent, il lui est impossible en présence de ces institutions de venir se substituer à elles. Et malheureusement, nous avons eu à faire cette demande justement parce qu’on est en crise et ces Institutions n’ont pas fonctionné comme il le fallait. On est en crise électorale. Ce que nous apprenons aussi de la réponse de l’OIF, c’est qu’elle nous informe par la même occasion que lorsque le rapport des experts sera en sa possession, elle saura quoi faire pour accompagner le Togo dans sa quête de démocratie et pour des élections plus fiables.

Vous lancez toujours un discrédit sur la Cour Constitutionnelle alors que c’est la même Cour qui a validé la Candidature de votre champion… Alors pourquoi avoir choisi aller aux élections dans ces conditions, on dirait que vous saviez que vous allez perdre Madame

Qu’est-ce que cela a d’extraordinaire ? C’est un recours gracieux, c’est un acte qui a été posé en dehors de tout conflit. Mais dès l’instant où il y a conflit, nous savons qu’on ne peut faire confiance à cette Cour parce qu’elle ne dit pas le Droit. Elle est aux ordres du régime que nous combattons. Mais pour ce que vous dites, comment pouvait-on savoir qu’on allait perdre ? On va à une bataille tout en sachant qu’on va perdre ? Vous pensez que nous sommes des masochistes ? Nous, nous avons voulu mener une bataille pour gagner et la participation aux élections était une étape importante. Pour nous, la bataille n’est pas terminée. Imaginez que nous n’avons pas participé aux élections, est-ce que le monde entier aurait vu au grand jour qu’il y a un problème au Togo. Au moins, on a vu même si diplomatiquement on a du mal à reconnaitre, qu’il y a un problème, les gens ont vu, toutes les caméras du monde ont montré les conditions dans lesquelles les résultats ont été proclamés. Nous avons démontré que ce peuple dans sa majorité veut le changement et il attend que son suffrage soit respecté.

Vous parlez de la diplomatie et évidemment Paris, Londres, Berlin et plusieurs autres capitales occidentales ont félicité Faure pour sa réélection, un désaveu pour l’opposition ?

Pourquoi voulez-vous l’interpréter en désaveu pour l’opposition ? Vous ne suivez pas ce qui se passe actuellement au Burundi ? Dans ce pays, celui qui veut s’éterniser au pouvoir n’a pas réussi à changer la limitation des mandats. Elle est encore dans la Constitution. Et on a l’impression que cette Communauté internationale est en train de revenir sur sa position. Pourquoi l’opposition Burundaise récuse le Représentant du secrétaire général des Nations-Unies ? Les leçons à tirer, c’est que la Communauté internationale, elle est toujours ce qu’elle est et il faut savoir en tirer ce qu’on peut en tirer. Mais, quand on voit qu’elle ne peut rien apporter, il faut compter en dernier ressort que sur soi-même. Les Peuples doivent compter sur eux-mêmes.

4 ans de marche sans résultats entre 2010 et 2014 après la présidentielle de 2010, pourquoi reprendre les mêmes stratégies et méthodes si elles ne portent pas de fruits ?

Je peux vous garantir que nous n’allons pas revendiquer la victoire. Nous réussirons à faire éclater au grand jour la vérité avant la fin de ce mandat. Ne pensez même pas à ça. Ce serait trop facile. Marcher n’est pas notre seul moyen pour mener le combat. Il y a d’autres moyens.

Le Car a pris des distances vis-à-vis de vos méthodes depuis le début du processus, n’est-il pas en train d’avoir raison ? Puisqu’après avoir prêté serment, Faure sera bientôt investi et reconnu par la communauté internationale…

Vous savez, l’histoire nous dira qui est qui a tort ou qui a raison… Ce que nous savons c’est que c’est un devoir pour nous de faire en sorte que la vérité éclate et qu’elle se manifeste. Et nous nous y engageons. Voilà.

Si au bout de quelques temps, Fabre n’arrive pas à jouir de la victoire, ne faudrait-il pas en tirer les leçons et démissionner ? Il a perdu les présidentielles de 2010 et 2015 et entre les deux, les législatives de 2007 et de 2013…

Pourquoi démissionnera-t-il? Pourquoi posez-vous le problème en termes personnes. ? Il s’agit de revendiquer une victoire, c’est la victoire du CAP 2015. Il s’agit de se battre pour un principe. Et il se trouve que M. Jean-Pierre Fabre a été le candidat de CAP 2015 et c’est sur lui que la majorité des Togolais ont porté leurs suffrages. Nous menons un combat de principe. Mais Nous avons l’intention de faire en sorte qu’on reconnaisse la victoire de notre candidat qui est Jean-Pierre Fabre.


Des propos recueillis à Lomé pour Afrikaexpress
Par Firmin Teko-Agbo