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Interview de Bassabi KAGBARA, Pdt du PDP

Togo - Politique
Le Président du Parti Démocratique Panafricain (PDP) de la présentation des Vœux au chef de l'Etat, du CAP 2015, de l'implantation de son parti etc.

Selon Bassabi Kagbara, "Personne ne gagne à emprisonner l’avenir du Togo. Et des gens ont passé quatre décennies à le faire". Lecture
Icilome.com: Pourquoi Cap 2015 n’a pas honoré de sa présence la cérémonie de présentation de Vœux au chef de l’Etat jeudi dernier à la présidence de la République ?

Bassabi Kagbara : Nous avons voulu en ce qui nous concerne, attirer l’attention du chef de l’Etat sur la situation d’insécurité et menaces permanentes dans laquelle vivent nos militants aujourd’hui encore à l’intérieur du pays. Quand l’animation du débat contradictoire est encore l’otage de chantage des brimades à l’intérieur du pays, sans que le premier magistrat de la République ne puisse arrêter cela, il n’y a pas de raison d’aller présenter des vœux avec sincérité et sérénité au sommet de l’Etat. Nous ne voyons pas l’intérêt d’aller présenter des vœux au chef de l’Etat quand on ne donne pas à l’opposition toute son importance.

Icilome.com:Et pourtant, il y a deux semaines vous avez répondu à une audience du Chef de l’Etat. Vous n’avez pas eu à aborder ce sujet ?

Bassabi Kagbara : Nous avons abordé plusieurs sujets. Mais est-ce que vous avez noté un changement jusqu’à ce jour ? Non ! Le député Targone est toujours sous l’interdiction de sortir de Lomé. Cela fait déjà six (6) mois que le député ne peut pas aller rencontrer sa population juste parce qu’il est sous chantage politique orchestré par un groupe d’individus qui utilisent tous les appareils de l’Etat pour régler les comptes à un honorable député, parce qu’il défend les intérêts de sa population. Dans ces conditions on ne saurait aller échanger des vœux, puisque comme je l’ai dit, les vœux sont un acte sincère et non une simple formalité.

Icilome.com: Alors de quoi avez-vous parlé exactement lors de votre audience avec le Chef de l’Etat ?

Bassabi Kagbara : Vous savez, je suis avant tout un opérateur économique avant d’être un acteur politique. Et je peux dire qu’en tant qu’opérateur économique nos relations avec les différentes structures de l’Etat ne souffrent d’aucun problème particulier jusque-là. Ce qui n’est justement pas le cas dans nos ralations politiques. Mais je suis également membre du Conseil présidentiel de l’Enseignement supérieur. Alors vous voyez qu’il y a plusieurs raisons pour que moi et le Chef de l’Etat on se rencontre pour échanger. Vous convenez avec moi qu’on ne saurait parler de l’environnement des affaires sans parler de l’environnement politique ; à plus forte raison, je suis leader d’un parti parlementaire, le Pdp. C’est pour dire qu’on a discuté de tout ce qui rentre dans l’intérêt de tous, opposition comme pouvoir, togolais de la rue comme gouvernant.

Icilome.com: Sous quel signe placez-vous cette rencontre avec le Président de la République ?

Bassabi Kagbara : Sous le signe de la volonté partagée par les différents camps d’instaurer le dialogue et offrir un avenir serein à notre pays. Je le place également sous le signe de l’ouverture, de la volonté manifeste du chef de l’Etat de discuter avec tous les acteurs politiques, afin d’ouvrir plus d’horizons.

Icilome.com: Selon des informations, cette visite au Chef de l’Etat aurait été source de discorde entre vous et vos amis du Cap 2015. Qu’en est-il exactement ?

Bassabi Kagbara : J’ai suivi les mêmes commentaires que vous. Mais je peux vous rassurer : jusqu’à preuve du contraire, officiellement je n’ai pas reçu de désapprobation de la part de Cap 2015, ni de la coalition arc-en-ciel. Si cela avait été le cas vous l’auriez su, bien évidemment ! Il est vrai que dans la fièvre des commentaires j’ai suivi sur une radio privée, un membre de la coalition qui a fait des appréciations que j’ai trouvées peu opportunes. Mais je concède, puisque cela arrive toujours une fois que vous acceptez d’être ensemble.

Icilome.com: Qu’est-ce qui a motivé votre entrée au Cap 2015 ?

Bassabi Kagbara : Depuis 2005 que le Pdp a été créé, nous avons toujours œuvré pour l’union de l’opposition. Hier dans l’opposition extraparlementaire, nous avions créé le Coped : la Conseil de l’opposition démocratique extraparlementaire. A la veille des législatives 2013, nous avons initié la Coalition arc-en-ciel. Aujourd’hui nous sommes à Cap 2015. C’est la preuve que nous sommes fidèles à notre ligne politique : celle de l’action en synergie et dans l’union pour une victoire commune.
La question des réformes s’achoppe aujourd’hui sur la possibilité ou pas pour le Chef de l’Etat actuel de faire un troisième mandat si les reformes sont opérées.

Icilome.com: En quoi doivent concrètement consister ces réformes selon le PDP ?

Bassabi Kagbara : Il y a un sondage qui vient d’être fait sur les deux sujets principaux qui sous-tendent les réformes réclamées par l’opposition. 85% des togolais, qu’ils soient proches du pouvoir ou de l’opposition, trouvent nécessaire qu’on limite le mandat présidentiel et que le scrutin soit désormais à deux tours. Mais le sondage n’a pas demandé l’avis des togolais sur la possibilité d’un troisième mandat du chef de l’Etat actuel ou pas. Cela veut dire que la question ne se pose pas là, tout simplement.
L’enjeu principal ici est qu’il faut donner de nouvelles bases à notre République, de sorte à assurer un avenir serein à nos enfants. Nous avons l’obligation dès maintenant d’offrir à notre postérité un pays où tout le monde a les chances égales d’accéder aux plus hautes fonctions, un pays où tout le monde a sa part dans la répartition des richesses nationales, un pays où les droits de chacun sont respectés, sans qu’on recoure forcément à des moyens de pression ou pire à des trafics d’influence. C’est cela l’essence même des reformes que nous réclamons tous.

Lors du dernier sommet de la francophonie, le président français François Hollande a déclaré que dans les pays où il n’y a pas de limitation du mandat, il a insisté sur les valeurs de transparence, de liberté, de pluralisme qui doivent caractériser les élections.

Icilome.com: Quelle analyse faites-vous de la déclaration de François Hollande ?

Bassabi Kagbara : Le président français a été clair en mon sens. Il faut rappeler que nos pays ne sont pas sous tutelle de la France et la France, à ce titre, n’a pas d’ordre à donner mais peut aider à garantir des valeurs qui sont partagées partout dans le monde. Ceci dit, il nous revient en interne de rester unis au-delà de nos divergences, pour ensemble mettre suffisamment la pression, permettant d’obtenir la limitation du mandat présidentiel.

Icilome.com: Le cas du Burkina peut-il faire des émules en Afrique sub-saharienne ? Les réalités sont-elles les mêmes ?

Bassabi Kagbara : Ce qu’il faut retenir du cas Burkinabè est qu’il faut se méfier du silence du peuple. Il est souvent perçu comme une résignation, mais c’est le réveil qui surprend. Quand aux réalités, le contexte togolais est certes à l’opposée du contexte qui a conduit à la chasse de Compaoré au Burkina. Mais au fond, les deux contextes posent tous le même problème ; le refus de la longétivité sans limite au pouvoir.

Icilome.com: Quelle est aujourd’hui l’assise du Pdp sur le territoire national ?

Bassabi Kagbara : Le Pdp est l’un des rares partis de l’opposition qui est présent sur toute l’étendue du territoire national, sans aucun complexe. Nous sommes dans notre neuvième année d’existence et en neuf ans, nous avons participé à une présidentielle, à deux législatives et nous sommes aujourd’hui parlementaires. Le PDP a été présent à tous les grands débats sur la vie politique et socio-économique du pays, sans bruit, ni agitation. Pour le reste, c’est au peuple d’apprécier.

Icilome.com: Un mot de fin ?

Bassabi Kagbara : Je voudrais dire que personne ne gagne à emprisonner l’avenir du Togo. Personne ne gagne à prendre en otage le développement du Togo. Certes, des gens ont passé quatre décennies à le faire. Mais il y a une nouvelle dynamique qui s’impose désormais dans la sous région et sur le continent tout entier du reste : c’est la dynamique de la vérité, des ambitions pour sa nation, de l’ouverture de son pays aux évolutions dans le monde.
Cela demande la création d’un cadre politique qui donne la chance à tous d’accéder aux sphères décisionnelles ou encore d’entreprendre librement des initiatives qui font éclore des retombées socio-économiques, bénéfiques pour la nation. C’est mon vœu et ma vision pour notre Togo de demain, notre Togo chéri.