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Abass Kaboua : « Personne ne prendra plus l’armée pour écraser son frère »

Togo - Politique
Abass Kaboua est le président du Mouvement des républicains centristes (MRC), membre du Combat pour l’Alternance Politique en 2015 (CAP 2015). Dans une interview accordée à la Rédaction de www.icilome.com, Monsieur Abass Kaboua passe en revue l’actualité sociopolitique. Il s’est surtout attardé sur la manifestation qu’organise CAP 2015 le 21 novembre prochain et la nécessité pour l’armée togolaise de rester neutre dans le débat politique. Lisez !
Comment vont Abass Kaboua et le MRC ?

Le Mouvement des républicains centristes (MRC) et moi nous allons très bien. Nous sommes en train de préparer notre congrès et la convention en même temps. Dans la foulée, vous savez que nous n’avons pas les moyens financiers comme ceux qui sont au pouvoir, ceux qui sont en train de piller le pays depuis 50 ans, nous n’avons pas leurs moyens, puisqu’ils prennent l’argent pour travailler très mal. Nous, nous sommes en train de nous préparer en respectant notre propre fonctionnement. Sinon, nous allons très bien.

Vous êtes connu pour n’avoir pas votre langue dans la poche. Pensez-vous réellement qu’il y aura l’alternance en 2015 ?

Mais, vous avez peur qu’il ait alternance ? Il y aura l’alternance. Celui qui a volé le pouvoir ou le trône sur lequel il est assis sait très bien qu’il y aura l’alternance. Vous savez, quand vous êtes sûr que vous êtes bien élu, vous ne perdez pas votre temps dans les casernes. Les casernes sont faites pour les militaires et non pour le Président de la République. Depuis 6 ans, il était où ? Il ne savait pas qu’il est ministre de la Défense et qu’il fallait faire cette tournée depuis 2009 quand il a fait mettre son petit-frère en prison ?

Mais écoutez, on peut blaguer tout le monde, mais il y a une frange qu’on ne peut pas blaguer, et je fais partie de ces gens-là. Quand on sait qu’on n’est pas bien élu, on ne court pas derrière les militaires. On ne gère pas un pays en prenant les militaires pour mettre en première ligne. Ceux qui sont aujourd’hui à la tête de l’armée togolaise, sont pour la plupart mes petits frères. Ils ont fait de bonnes études, ils ont fait des grands pays démocratiques, ils ont voyagé et continuent par voyager. Ils savent comment ça fonctionne dans les autres pays.

Pourquoi quand ils reviennent chez eux, ils tournent le dos à ce qu’ils sont allés apprendre à l’étranger. Ils n’ont qu’à dire au président que l’armée togolaise ne sera plus le rempart de la famille Gnassingbé. Il ne faut pas que les gens nous poussent à demander au Conseil de sécurité de l’ONU de caserner les militaires. Cela a été déjà demandé dans ce pays sous Eyadéma. Ils le savent très bien.

Si l’armée togolaise s’immisce de façon ostentatoire dans les problèmes politiques du pays, nous, nous allons demander son casernement. Ils le savent, le Togo n’est pas le centre névralgique du monde. Il faut que les gens se mettent cela dans la tête. Personne ne prendra plus l’armée pour écraser son frère. Vous avez vu au Burkina ? Jusqu’à preuve du contraire, l’armée burkinabé refuse d’avoir tiré sur les populations. Qui sont ceux qui ont tiré ? Parce que les médias ont parlé de mercenaires venus d’ailleurs.

Il ne faut pas être pyromane et courir après pour jouer au pompier chez des gens. On connaît celui qui a trinqué en dernier avec Blaise Compaoré avant qu’on ne le chasse. Blaise Compaoré est un voyou, c’est lui qui a mis le Togo dans cette situation. Il n’a pas joué son rôle de médiateur. Il met le feu et il vient derrière pour être médiateur. Il va être arrêté. Moi je demande aux Ivoiriens de se lever et demander qu’on arrête Blaise. Dans la sous-région, ce monsieur a foutu la pagaille. Les burkinabé étaient très courageux. Ce qu’ils ont fait au burkina, au Togo, on l’a déjà fait. Seulement, on ne l’avait pas conclu, mais on va le conclure cette fois-ci.

Le CAP 2015 annonce une marche à Lomé le 21 novembre prochain. Quelles sont vos alternatives au cas où le pouvoir interdisait la manifestation ?

Pourquoi vous me posez cette question ? Vous ne savez pas que dans ce pays, il y a une loi qui régit les manifestations publiques ? Ce sont eux-mêmes qui ont fait des pieds et des mains pour que quelques uns comme nous acceptions de travailler dans la commission chargée de revoir le premier texte proposé par le gouvernement pour que ça soit acceptable pour tous. C’est notre droit le plus absolu. C’est un droit inaliénable.

La lettre va partir pour les autorités compétentes pour les informer. On attendra la suite. La seule chose qu’elles peuvent faire, c’est de nous appeler pour discuter avec nous de l’itinéraire. Nous apprenons qu’il n’y aura pas de manifestations au Togo jusqu’à nouvel ordre. Cela a commencé depuis le deuxième jour de la chute de Blaise Compaoré. Mais quand on voit des gens en campagne déguisée sous couvert de journées civiques, ce ne sont pas des manifestations politiques ? Nous allons faire cette manifestation le 21 novembre.

Nous la ferons et j’appelle le peuple togolais à se lever comme un seul homme pour cette manifestation pacifique. Nous allons pour demander ce qu’eux-mêmes ont envoyé et rejeté pour honnir le Togo à l’extérieur. Un gouvernement n’envoie pas à sa propre majorité et qu’on dit qu’il y a de petites coquilles, c’est pour cela qu’ils ont rejeté. Ils n’ont même pas honte ces gens-là. Nous allons faire cette manifestation.

Ils vont interdire pourquoi ? Parce qu’on a chassé Compaoré, donc il ne faut pas faire les manifestations au Togo ? Aucun militaire ne va plus suivre le régime. Tout le monde est fatigué, tout le monde veut les réformes, tout le monde veut que ça change. Depuis combien d’années on a voté le statut de l’armée togolaise et que ça n’a jamais été appliqué ? Et les gens découvrent brusquement à 5 mois des élections qu’il faut moderniser l’armée togolaise. Pour moderniser l’armée, on ne peut pas commencer par la fin, on doit commencer par le début.

Il faut d’abord inculquer aux militaires le civisme nécessaire en leur disant que leurs frères civils ne sont pas leurs ennemis. C’est la première conditionnalité. Il faut qu’avec le régime nous nous asseyons. Ensemble nous sommes prêts à participer à ce travail.

6 personnes ont pu faire trembler l’aéroport de la capitale et le chef de l’Etat n’a trouvé mieux que de faire la promotion de tous ceux qui sont chargés de la sécurité du pays. Vous pensez que c’est ça gérer un pays ? Non, il faut qu’on nous explique pourquoi un chef d’Etat doit aussi avoir peur de son armée au point où à chaque 6 mois il faut changer tous les chefs corps. C’est triste parce que ça retarde l’évolution du Togo. C’est notre droit d’en parler. Ce droit n’est pas seulement réservé aux Gnassingbé.

Quel bilan faites-vous de votre engagement politique ?

Mais c’est très positif. Avant même d’arriver au bilan, j’ai parlé tout à l’heure de la promotion de la médiocrité. J’ai entendu sur une radio de la place un auditeur dire que Massina est allé faire des études supérieures de gendarmerie, il est revenu et c’est pour cela qu’on l’a nommé à la tête de la Gendarmerie nationale. C’est une aberration. C’est lui qui a acheté un crédit de communication de 200 f pour aller raconter ça, il n’a rien dit.

Massina est un tortionnaire, et à ce titre, il doit être traduit devant la justice et punit conformément à la loi. Même si Massina était mon fils, je tiendrai le même langage à partir du moment où son nom a ete cité dans des rapports pour torture. Faure Gnassingbé a le rapport sur Massina. Pourquoi quand la pression était forte, il l’a déconnecté un tant soi peu de l’ANR ? Quand quelqu’un est décrié et que vous le savez, si vous êtes un bon chef, vous essayez de calmer les esprits. Un bon chef ne prend pas les gens décrié pour terroriser son peuple en faisant leur promotion.

Hier, on a vu des gens comme les Djoua dans ce pays. On a vu comment il a été exploité et comment il a fini. A partir du moment où Massina a torturé et que son nom est cité partout, je soutiens les ODDH qui ont demandé qu’on l’enlève. Non seulement on l’enlève, mais aussi on le met aux arrêts. Si aujourd’hui Faure Gnassingbé ne le met pas aux arrêts, demain d’autres vont le mettre aux arrêts, même s’il est à la retraite. Le monde fonctionne autrement aujourd’hui. L’acte que vous avez posé en 2014, on peut vous poursuivre pour cela en 2050. Vous pouvez être dans votre village à Kémérida, mais on peut venir vous prendre pour amener à la Haye, là où Gbagbo, Taylor et autres sont aujourd’hui.

Notre bilan est positif aujourd’hui. Mais il n’est pas terminé. Nous continuerons. Moi je verrai le changement avant de mourir, ça je le dis. Faure est venu au pouvoir par un coup d’Etat. S’il avait respecté les normes, aujourd’hui on ne serait pas là. Il allait faire ses deux mandats et partir. S’ils n’avaient pas tripatouillé la Constitution, aujourd’hui Eyadéma serait quelque part dans son village en train d’élever les coqs et les poulets comme il avait dit lui-même dans son livre qu’il a écrit avec un journaliste. C’est parce qu’il a fait un mandat de trop.

Depuis deux semaines, les gens dansent parce qu’ils disent que le Togo a gagné 15 places au classement « Doing business ». Je suis triste de voir les intellectuels se comporter comme ça. Ils ne disent pas le rang que le Togo occupait et comment le pays a gagné cette place. Le Togo était 149e et quand vous occupez ce rang, vous n’êtes pas du tout dans les rangs des excellents. Il faut être dans les 10 premiers pour faire ce que tout le gouvernement en train de faire. On ne dirige pas en prenant comme soubassement le mensonge. Il faut faire l’effort de revenir sur terre.