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Burkina - Soulèvement : 'Ci'Bals', ces enfants de Thomas Sankara

Burkina-Faso - Politique
Ces membres du collectif sankariste Le Balai Citoyen ont préparé la révolution à Bobo Dioulasso. On les appelle les "Ci'Bals". Récit.
Depuis plusieurs années, Diakite est engagé dans un combat politique qui lui vaut d'être la risée des alliés du pouvoir. "Ici, personne n'était jamais descendu dans les rues pour protester. Lorsque je me suis mis à sillonner les marchés à bétails en criant dans un mégaphone, ma copine a eu honte et m'a quitté, ma famille a essayé de me décourager, les dignitaires du pouvoir m'ont tourné en dérision et j'ai perdu mon travail", dit-il.
"Notre inspiration : la détermination de Thomas Sankara"

Au Balai Citoyen, collectif sankariste créé à Ouagadougou il y a plus d'un an, les jeunes militants disent s'inspirer de la détermination de Thomas Sankara. "De la détermination, il en fallait !", assurent Odette et Kadi les deux seules "Ci'Belles" du groupe. A 20 ans, les deux jeunes filles sont remarquées dans les rues bobolaises. L'une est musulmane, voilée, l'autre est chrétienne. Elles sont inséparables depuis des années : "Nous avons l'essentiel en commun : le militantisme". Odette se souvient des difficultés traversées tout au long de l'année. "A l'université, on se moquait de nous. Mes parents ont essayé de m'enfermer à la maison pour m'empêcher de manifester. J'ai voulu jeter l'éponge plusieurs fois mais quand on commence le combat, c'est impossible d'abandonner !", explique-t-elle.
"CDP, c'est Compaoré Détruit le Pays"

A Bobo, ils sont 10 étudiants, professeur de philosophie ou encore ingénieurs à avoir uni leurs forces "contre la corruption du système CDP", le parti de Blaise Compaoré. Daouda, un sympathisant du mouvement s'amuse : "CDP, ce n'est pas Congrés Démocratique pour le Progrès mais Compaore Détruit le Pays". Un autre ajoute : "Pour les maires de Bobo, c'était plutôt Courir Derrière le Pain !". Les actions des Ci'Bals se sont multipliées ces derniers mois : demander des indemnités pour les habitants d'un bidonville que le maire voulait expulser, obtenir l'éclairage sur les voies publiques pour faire cesser les accidents, réhabiliter l'hôpital, arrêter les coupures d'électricité... Les combats sont nombreux et le Balai Citoyen finit souvent par obtenir gain de cause. La bande d'amis commence à sentir qu'elle inquiète : "Un de nos membre a été acheté par le CDP avec une moto. Les fidèles de Compaoré devenaient même violents. Le 25 avril je me suis fait agressé alors qu'on organisait la projection en plein air d'un film documentaire sur "Y'en a marre" au Sénégal affirme Diakite.
"Hier, ils n'étaient rien, aujourd'hui, la ville est à eux"

Chaque membre a une histoire d'arrestation à raconter mais depuis le 30 octobre dernier, les épreuves sont des souvenirs. Ce qu'il reste c'est l'immense rassemblement pour la marche de désobéissance le 28 octobre, l'opération ville morte, les barricades à 5 heures du matin, leur arrestation qui galvanise les foules, conduisant les jeunes Bobolais à détruire les bâtiments publics et les maisons des puissantes familles de la deuxième ville du pays. Derrière le bar dans lequel ils se réunissaient clandestinement, la tanti sourit : "Hier ils n'étaient rien, aujourd'hui, la ville est à eux !".
"Probablement, le plus beau jour de ma vie"

Diakite admet qu'il ne s'attendait pas à une telle mobilisation : "Lors de nos tournées, il y avait plus de soutiens ouverts mais de là à imaginer ça ! Comme le dit Smockey, notre leader à Ouagadougou, nous avons eu un rêve et la réalité a dépassé la fiction". Le jeune homme est encore très ému lorsqu'il raconte sa libération : "La foule m'a accompagné du poste jusque chez ma maman. En voyant tout ce monde, elle et ma soeur ont fondu en larmes de fierté. C'était probablement le plus beau jour de ma vie". Le succès donne une réelle envergure au jeune militant qui pourrait faire partie de la nouvelle génération politique burkinabé. "Quand ma mission sera finie, il faudra bien que je passe le flambeau des Ci'Bals de Bobo", dit Diakité. Dans son tee -shirt noir sur lequel est inscrit "Notre nombre fait notre force", il ajoute le regard malicieux : "Je reçois beaucoup de propositions". Malgré la confusion qui règne à Ouagadougou, ces activistes gardent espoir et voient "naître un nouveau Burkina".

Source : Cet article est pris du site de le point afrique