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Albert Kate: L’opposition doit lever le boycott du gouvernement…

Togo - Politique
L’opposition doit lever le boycott du gouvernement… On ne peut pas refuser de mettre les gages qui doivent garantir ou faciliter l’alternance et en même temps exprimer la stupéfaction avec un caractère morose, (Albert Kate)
Mr Albert Kate, leader d’opinion s’exprime sur la tension politique qui règne au Togo suite au vote historique à l’assemblée nationale sur les reformes constitutionnelles et institutionnelles préconisées par l’APG.
Info diaspo : Mr Albert Kate, vous êtes leader d'opinion de la diaspora togolaise, comment se ressent le blocage politique aux usa?

Albert Kate : Nous suivons avec beaucoup d'intérêt l'évolution de la situation politique au Togo. Quand la classe politique s'entend bien et se réjouit, nous le ressentons aussi et quand les politiques se tirent les cheveux nous sommes abasourdis. L'espoir est permis entre adversaires politiques et même entre des vrais ennemis, pour régler tout problème politique et économique. Notre pays d'accueil, les usa sont un témoignage vivant de ce fait marqué de nos jours par, l'élection du Président Barak Obama, la relève de la courbe de dépression économique, la courbe de l'emploi, les multiples et difficiles reformes et projets de lois implémentées dans un climat politique constamment tendu à Washington DC. Ceci dit, dans le cas du Togo il faut être à la recherche du compromis constamment et ca doit aller de pair avec l'obligation de travailler ensemble pour améliorer les conditions de vies du peuple.

Info diaspo : N'est ce pas le compromis qui a permis d'instaurer un climat d'apaisement au Togo?

Albert Kate : Naturellement, le climat d'apaisement qui règne au Togo ainsi que toutes les démarches faites en ce sens sont salutaires. Néanmoins je pense personnellement que le menu de ce compromis est incomplet. Conséquemment, le calendrier des manifestations politiques, les déclarations politiques, l'ambiance parlementaire, les polémiques sur les reformes politiques etc. bref, tout cela communique au peuple togolais qu'un meilleur compromis devient nécessaire et urgent tout en préservant nos acquis dans l'intérêt supérieure de la nation.

Info diaspo : Le pouvoir et l'opposition ont beaucoup dialogué et dans le cadre des reformes politiques de l'APG, chaque camp accuse l'autre de créer un blocage. Faut-il donc un compromis pour la question de la limitation du mandat présidentiel avec effet immédiat et un scrutin à deux tours?

Albert Kate : Dans le contexte actuel, un compromis ou un vote en faveur des propositions de l'opposition par la majorité parlementaire n'est absolument pas le coup de sifflet final des divergences entre le pouvoir et l'opposition. Le dialogue doit être permanent mais il faut que le réalisme, la sincérité derrière ces compromis, soient monnaie courante avec des actes qui balisent la voie à une probable et éventuelle alternance. La cohabitation gouvernementale avant les prochaines échéances peut faire naitre la collaboration, la confiance le réalisme politique et la sincérité entre les politiciens. Si tels gages ne sont pas donnés, les meilleurs compromis tarderont à venir ou carrément ne produiront pas l'effet escompté.

Info diaspo  : Peut être que la classe politique togolaise voudrait élargir les discussions vers ces gages après avoir eu un minimum d'accords pour garantir des élections apaisées et crédibles?

Albert Kate : La communauté internationale, le président Français Hollande ont tous dit que les dernières élections législatives de juillet 2013 sont pluralistes. Cela veut dire que l'espoir est permis pour les présidentielles de 2015 pour les mêmes acteurs et ce même peuple dans ce même pays. Fort de cette conviction, (permettez que je répète), il faudrait être réaliste et proactif dans les calculs politiques pour ne pas être pris par le temps. Depuis juillet 2013 à juillet 2014 les apôtres de l'alternance n'ont pas expérimenté une cohabitation gouvernementale mais au contraire une multitude de polémiques et de désaccords sur presque tout, je cite au passage, la composition du bureau de l'assemblée nationale, les négoces de présidences des commissions parlementaires sauvées de justesse, les consultations pour la composition du gouvernement, le dialogue sur l'APG, le tissu social et les gros dossiers de justice. En toute honnêteté, le Faire Play politique consisterait à faire reconnaitre par tous les bords politiques, l’existence ou non des signaux de l’alternance pacifique et de l’enracinement de la démocratie. On ne peut pas refuser de mettre les gages qui doivent garantir ou faciliter l’alternance et en même temps exprimer la stupéfaction avec un caractère morose.

Info diaspo : Y a t-il une chose qui aurait pu changer la donne politique?

Albert Kate : Oui, nous sommes condamnés à vivre ensemble, à travailler ensemble, à construire le Togo nouveau ensemble. Des gens qui ont passé presque 1/4 de siècle à se battre politiquement manquent d'arguments pour conditionner la paix. La classe politique devrait chercher cette priorité et l'inscrire comme préalable pour évoluer bon gré mal gré. L'opposition doit lever le boycott du gouvernement, des institutions de la république, et permettre à ses cadres de composer avec ou de cohabiter avec leurs adversaires politiques pour faire naitre l'esprit de confiance et de sincérité seuls gages d'un avenir apaisé. Tout autre préalable consisterait à éterniser le jeu politique actuel construit sur les intérêts partisans. J'aurais suggéré que la 1ère décision du prochain dialogue soit une mesure sanctionnée par un décret qui améliore la situation économique ou les conditions de vies des ménages, à court terme, avant d'évoluer sur les questions politiques. Je rappelle que si cela nécessiterait une modification de la loi de finance exercice 2014 pour permettre au gouvernement de générer les fonds nécessaires pour respecter l’exécution de ces mesures, un vote à l’unanimité serait un bon message pour montrer au peuple que la classe politique ne reste pas indifférente à la précarité de sa situation.

Info diaspo : Donc l'opposition et le parti au pouvoir doivent gouverner ensemble pour développer l'esprit de confiance et la sincérité pour permettre l'alternance?

Albert Kate : Absolument, Jean Pierre Fabre a aussi parlé de gouverner ensemble. La question est certes ‘quand ?’. Avec les multiples difficultés qui transcendent la relance économique, administrative et politique, chacun doit jouer sa partition pour sortir notre peuple de sa misère. Il n’y a pas de raison à donner au peuple d’attendre dans sa misère un peu plus longtemps pour telle ou telle raison. Non ! Si chacun reste dans son coin la collaboration n’existera pas entre les leaders et les politiciens qui sont supposés être en désaccord sur des points. Ils sont tous obligés de travailler continuellement et collectivement pour trouver un terrain d’entente pour le bien du peuple par délibération, par consensus et par toute voie légale et démocratique. Nous avons vu la limite du boycott du gouvernement et le climat d’isolement et des polémiques entretenues sur un quart de siècle ; maintenant, il faut changer la donne et créer une nouvelle classe d’élites politiciennes qui se côtoient pour travailler sur des projets politiques et économiques.

Info diaspo : Pensez vous que si tout cela est fait le climat politique sera détendu ?

Albert Kate : Ah ! Ce n’est pas tout qu’on dévoile sur la place publique. Je laisse le soin aux politiques d’avoir le courage de retourner vite au dialogue et tout mettre sur la table de discussion pour que nous puissions vider tous les dossiers qui ralentissent la construction de ce Togo Nouveau auquel nous aspirons tous sans exception. Si l’occasion leur est donnée, qu’ils trouvent un moyen pour permettre aussi à la diaspora de jouer aussi sa partition dans l’équité.

Info diaspo : Merci Monsieur Albert Kate pour votre contribution,

Albert Kate : Tout le plaisir est pour moi.