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Les raisons de l’acharnement manifeste du pouvoir contre Alberto Olympio

Togo - Politique
Son nom ne dit pas grand-chose à grand monde. Illustre inconnu, il est entré (officieusement) en politique au Togo depuis à peine un mois. De fait, il ne représente aucune menace – hum…- pour le régime, d’autant plus qu’il ne saurait se prévaloir d’une certaine audience pouvant inquiéter le pouvoir. Mais il est l’objet d’un acharnement qui ne dit pas son nom et qui cache mal la coulée d’adrénaline que sa candidature annoncée à la présidentielle de 2015 suscite au sein du sérail. Lui, c’est Alberto Olympio, le patron de la toute récente formation politique, le Parti des Togolais.
Le curseur pointé sur Alberto Olympio

Ce sont en tout trois (03) nouvelles formations qui sont venues, en l’espace d’un mois, rejoindre la grande famille des partis politiques au Togo. Il s’agit, officiellement, du Parti social démocrate du Togo (Psdt) du compatriote vivant en Suède, Laurent Lawson ; créé depuis début janvier, le parti a été officiellement annoncé le vendredi 2 mai dernier. La seconde est le Front des patriotes pour la démocratie (Fpd) de l’ancien transfuge de l’Ufc et ministre de la Communication, Djimon Oré, lancée le samedi 10 mai dernier. La 3e est celle d’Alberto Olympio dénommée le Parti des Togolais.

Au contraire des deux premiers cités, le parti d’Alberto Olympio n’a même pas été officiellement porté sur les fonts baptismaux. C’est juste une communication en douce qui scelle sa naissance. Pas de cérémonie publique en tout cas, et l’homme n’a pas encore parlé de vive voix, si ce n’est à travers ses porte-parole et son message adressé à la Nation à l’occasion du 27 avril dernier. Mais c’est curieusement ce parti, ou plutôt son fondateur qui semble susciter l’intérêt du pouvoir. Il y a peut-être de bonnes raisons, car contrairement aux autres fondateurs, Alberto Olympio, lui, est d’ores et déjà déclaré partant pour la course à la magistrature suprême en 2015. Un détail qui compte sans doute.


Des mésaventures loin d’être fortuites

On le rapportait dans la parution d’hier, le domicile de M. Olympio a été cambriolé dans la nuit du lundi 12 au mardi 13 mai dernier. Et, chose curieuse, les malfrats n’ont pas emporté argent, bijoux, véhicules ou autres biens de valeur ; mais des ordinateurs portables et des documents. Certains de ces documents pris dans son bureau ont été plus tard abandonnés au salon où les malfrats ont pris le temps de les fouiller et emporté ceux qui les intéressent. « Visiblement, les cambrioleurs, après avoir ramassé les documents dans le bureau, ont pris le temps de s’installer au salon pour les fouiller et en emporter ceux qu’ils souhaitent », a confié un témoin cité par nos confrères de koaci.com. Ce qui fait gausser un compatriote qu’il s’agit d’un « cambriolage choisi ». Des malfrats qui se donnent la peine de cambrioler le domicile d’un homme fortuné pour n’emporter que ses ordinateurs portables et ses documents ? Cela donne tout simplement à réfléchir.

Ce n’était là que l’acte 2 de son expérience douloureuse au pays. Avant cette mésaventure, Alberto Olympio en connaissait déjà une, dans le cadre de la célébration du 54e anniversaire de l’accession du Togo à la souveraineté internationale. L’homme voulait en effet offrir à cette occasion, un concert gratuit au peuple togolais. C’était une façon assez originale pour lui de se rendre utile à ses compatriotes, lui qui est resté le plus clair de son temps à l’extérieur, et de s’annoncer à l’opinion. Toutes les formalités administratives ont été remplies et l’autorisation accordée par la Délégation spéciale de la ville de Lomé le 16 avril 2014. Dès lors, des dépenses ont été engagées, tels que les frais de location du stade de Kegue devant abriter le concert, la confection des posters géants annonçant l’événement, entre autres. Les billets d’avion ont été même envoyés aux artistes invités de l’étranger. Mais à 72 heures de l’événement, soit le 24 avril, le président de la Délégation spéciale a rapporté l’autorisation. Le plus cocasse, sans aucun motif fondé, si ce sont « des raisons indépendantes de [sa] volonté ». Lui-même confia à ses interlocuteurs avoir reçu des « instructions » qu’il a exécutées.


Un acharnement qui ne dit pas son nom

Il n’y a pas autre terme pour désigner les mauvais moments que vit le néo président de parti politique. Toutes ces mésaventures participent manifestement d’un harcèlement inédit contre un politique d’ores et déjà annoncé candidat à l’élection présidentielle à enjeu énorme de 2015.
L’annulation du concert visait sans doute à créer un choc émotionnel en Alberto Olympio, susciter du dégoût en lui et le pousser à retourner à ses affaires loin de la Terre de ses aïeux ; mais le cambriolage lui, est plus sérieux. Pour des observateurs avertis, cela vise à l’intimider et le pousser à renoncer à ses ambitions. « Les malfrats auraient pris de l’argent et autres biens de valeur que l’on n’y verrait pas autre chose. Les effets emportés sont symboliques. Il s’agit de ses ordinateurs portables et des documents qui comportent forcément des informations personnelles, et peut-être même sa stratégie politique à utiliser. C’est tout cela qui se retrouve dans les mains des malfrats qui sont en service commandé », glose un compatriote qui redoute même des scénarii alarmistes contre Alberto Olympio. « On n’est pas loin de venir nous raconter que les ordinateurs comportent des informations sensibles et que M. Olympio est à la tête d’une conspiration contre la sûreté de l’Etat (…) Les ordinateurs et autres appareils portables d’Agbéyomé Kodjo volés par un jeune homme à son domicile et remis à ses commanditaires n’ont-ils pas servi à son inculpation dans l’affaire des incendies ? L’affaire de la fameuse clé USB dans le dossier Kpatcha Gnassingbé est encore fraiche dans les mémoires (…) », dit-il.


Une fortune, un profil et un carnet d’adresse redoutés

On le disait tantôt, Alberto Olympio n’a aucune assise politique à faire valoir. Electoralement parlant, il ne devrait rien peser devant le pouvoir et sa machine à fraudes électorales. Mais son poids réside peut-être dans sa fortune, un paramètre important pour une bonne carrière politique.
C’est un homme d’affaires qui est à la tête d’une entreprise futuriste, Axxend Corporation, dédiée à l’ingénierie informatique et aux télécommunications. Il n’est pas superfétatoire de rappeler que l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de près de 18,3 millions d’euros au titre de l’année 2012. Des statistiques qui permettent de se faire une petite idée sur une éventuelle fortune personnelle de l’homme. Des moyens financiers à mettre au service de ses ambitions politiques – ce qui a souvent fait défaut à des partis de l’opposition -, il ne devrait pas en manquer. Et son cursus scolaire – il a étudié au Harvard Business School aux Etats-Unis et est diplômé de l’Ecole Supérieure d’Informatique de Montreuil en France –, sa carrière professionnelle qui l’a poussé à collaborer avec les plus grandes institutions mondiales de télécommunications doivent lui conférer un carnet d’adresses assez fourni, des relations qui lui devraient lui être d’un grand secours aussi pour ses ambitions politiques.

Son profil n’est pas sans susciter de la peur à un pouvoir qui a l’habitude d’user de la fraude informatique pour passer lors des joutes électorales. On a affaire à un professionnel des nouvelles technologies de l’information et de la communication, un homme assez outillé pour désamorcer d’éventuelles fraudes informatiques. « Jean-Pierre Fabre par exemple a l’audience de son côté, et c’est ce qui fait peur au pouvoir ; mais Alberto Olympio, lui, a l’argent, le profil d’un as des technologies et les relations. A défaut de faire cavalier seul, une mise en commun de ces forces pourrait être préjudiciable au pouvoir », confie un observateur.

Tino Kossi